
La baleine bleue (Balaenoptera musculus), aussi appelée rorqual bleu, est le plus gros animal de la planète. Alors que 250 000 spécimens nageaient dans les eaux du globe au début du XXème siècle, la pêche à la baleine a pratiquement mené l’espèce à l’extinction dès les années 1960. Selon l’UICN, l’espèce est aujourd’hui « en danger » d’extinction.
Description de la baleine bleue
D’après les connaissances actuelles, la baleine bleue est le plus gros animal ayant jamais vécu sur la planète Terre : le poids moyen d’un adulte est d’environ 170 tonnes, soit près de 30 fois celui d’un éléphant d’Afrique et au moins deux fois celui de la plupart des Sauropodes, les plus gros dinosaures connus. Des poissons préhistoriques pourraient avoir dépassé ce poids, mais aucun fossile ne permet à ce jour de le certifier. Sa taille n’est pas moins impressionnante : un mâle mesure en moyenne 25 mètres de long, une femelle deux mètres de plus, et les plus grands spécimens dépassent 33 mètres de long. Le coeur d’un adulte pèse 600 kg et ses battements peuvent être détectés à plus de trois kilomètres. Tout aussi surprenant, les cris d’une baleine bleue atteignent 188 décibels ; à titre de comparaison, le seuil de la douleur pour l’Homme est fixé à 130 db et un avion à réaction atteint 150 db.
Malgré des dimensions dantesques, le corps de Balaenoptera musculus est long, mince et aérodynamique. Sa peau va quant à elle du gris au bleu sur le dos, avec un effet tacheté permettant d’identifier les individus. Elle prend une teinte jaune sur le ventre, ce qui est dû à l’accumulation de diatomées, des algues unicellulaires notamment présentes dans les eaux froides. Sous la peau, une couche de graisse pouvant atteindre 30 cm permet à la baleine bleue de réguler sa température corporelle ou de supporter les privations au cours des migrations annuelles.
Localisation et habitat
L’aire de répartition de la baleine bleue est particulièrement vaste : à l’exception de l’Arctique, des spécimens ont été observés dans tous les océans du globe. Depuis les eaux glacées des pôles jusqu’aux latitudes tropicales, au moins trois sous-espèces cohabitent :
- Balaenoptera musculus musculus, dans l’Atlantique nord et le Pacifique nord ;
- Balaenoptera musculus intermedia, dans les eaux polaires de l’Antarctique ;
- Balaenoptera musculus brevicauda, aussi appelée « baleine bleue pygmée », dans le sud du Pacifique et l’océan Indien.

Représentation en 3D d’une baleine bleue.
Cependant, à l’échelle régionale, Balaenoptera musculus n’est pas présent partout : aucune baleine bleue ne nage par exemple dans les mers Méditerranée, d’Okhotsk ou de Bering.
Les baleines bleues évoluent généralement en haute mer. Elles vivent seules ou en duo, mais plusieurs dizaines d’individus peuvent exceptionnellement se rassembler si la concentration de nourriture le permet. Les modèles de migration sont assez méconnus et semblent différer d’une sous-espèce à l’autre, mais les baleines bleues gagnent généralement de hautes latitudes en été avant de rejoindre les eaux tropicales en hiver. En été, elles suivent les migrations du krill, ces petits crustacés de quelques centimètres de long qui composent l’essentiel de leur régime alimentaire, et peuvent en ingurgiter 3 à 4 tonnes par jour en plongeant jusqu’à 200 mètres de profondeur. Quand vient l’automne, Balaenoptera musculus se déplace vers des eaux tempérées afin de mettre bas ; l’absence de proies la contraint alors à cesser de se nourrir et à vivre sur ses réserves constituées durant l’été. Cette migration s’explique par le cycle reproducteur de l’espèce : un baleineau ne dispose pas de suffisamment de graisse pour survivre près des pôles et doit donc être mis au monde dans des eaux plus chaudes.
Menaces qui pèsent sur le rorqual bleu
Selon le WWF, au début du XXème siècle il existait quelques 250 000 baleines bleues dans les océans du globe. Victime de la surpêche, l’espèce a ensuite frôlé l’extinction et ne compte plus que quelques milliers d’individus.
La chasse à la baleine
Si certaines gravures rupestres permettent de faire remonter à la préhistoire les origines de la chasse à la baleine, cette activité concernait jusqu’au XIXème siècle des cétacés lents comme la baleine franche de l’Atlantique Nord. Balaenoptera musculus, de par sa vitesse de croisière avoisinant 30 km/h, était quant à elle plutôt préservée… jusqu’en 1864, année durant laquelle le Norvégien Sven Foyd conçoit le canon-harpon. Bien qu’initialement peu maniable, cette invention, couplée au développement des bateaux de pêche à vapeur, permet enfin aux baleiniers de s’attaquer aux baleines bleues. D’abord cantonnée à la Norvège, la chasse s’étend à l’Islande et aux Îles Féroés, puis gagne tout le nord de l’Atlantique ; les populations se réduisant rapidement, les pêcheurs cherchent de nouvelles eaux. Finalement, au début du XXème siècle, tous les océans sont concernés. Le pic d’activité le plus important est observé en 1931 : plus de 29 000 baleines bleues sont tuées en une seule saison. Entre 1904 et 1967, au moins 360 000 baleines bleues sont exterminées dans l’hémisphère sud, 15 000 dans l’hémisphère nord. L’espèce est alors au bord de l’extinction.
La chasse à la baleine a longtemps revêtu un intérêt économique majeur. L’huile de baleine était par exemple utilisée comme combustible pour l’éclairage public jusqu’à l’arrivée du gaz de ville, puis de l’électricité. Elle entrait également dans le processus de fabrication de la margarine et du savon. Extraite à partir du lard, cette huile animale a fait de Balaenoptera musculus une cible de choix : de par son importante quantité de graisse, un spécimen de 26 mètres permettait de produire 27 tonnes d’huile.
Autres menaces
Depuis l’interdiction de la pêche à la baleine bleue, dans les années 1960, les collisions avec les navires semblent être le premier facteur de mortalité de Balaenoptera musculus. Ce phénomène est très difficile à quantifier : certains cargos sont si gros que le choc est imperceptible pour les marins, mais il peut tuer le cétacé sur le coup. Les captures accidentelles sont également responsables de nombreuses blessures et, là encore, les statistiques sont peu fiables : les baleines peuvent arracher les filets et mourir hors de portée de tout observateur. La pollution sonore est également évoquée, notamment dans les zones à fort trafic maritime.
La pollution des océans, à cause de laquelle les baleines ingurgitent par exemple des particules microscopiques de plastique, ou le réchauffement climatique, qui pourrait influencer les migrations ou l’abondance du krill, menacent également l’espèce.
Une fois écartées la pêche à la baleine et les activités anthropiques, aucune menace ne pèse sur la baleine bleue adulte. Ce cétacé aux dimensions exceptionnelles ne souffre d’aucun prédateur naturel. Toutefois, les baleineaux peuvent être la proie des orques.
Mesures de conservation mises en place pour sauver la baleine bleue
En 1966, un siècle après l’apparition de la pêche industrielle, la chasse à la baleine bleue est interdite par la Commission Baleinière Internationale. Malgré cela, la pêche illégale se poursuit, notamment en URSS. En 1975, l’espèce est placée sur l’Annexe I de la CITES, ce qui en interdit toute forme de prélèvement, puis sur l’Annexe I de la Convention de Bonn en 1979. Cette dernière protège plus spécifiquement les espèces migratrices.

Une baleine bleue percutée mortellement par un bateau est étudiée par les chercheurs de l’Université d’Etat de l’Oregon.
En 1986, l’UICN classe Balaenoptera musculus sur sa liste rouge et la considère en danger d’extinction (EN). Cette même année, la communauté internationale impose un moratoire sur la chasse commerciale de toutes les espèces de baleines ; immédiatement, le Japon lance un « programme de recherche » afin de poursuivre ses activités commerciales en les créditant de motivations scientifiques. Ce programme est toujours en vigueur aujourd’hui et est notamment combattu par Sea Shepherd. Autres pays disposant d’un statut particulier : l’Islande et la Norvège, qui revendiquent tous deux une « tradition baleinière ». Toutes espèces confondues, ces trois pays tuent chaque année 2000 baleines. Cependant, aujourd’hui, aucun d’entre eux ne chasse Balaenoptera musculus.
En parallèle des mesures internationales, des actions régionales ont également été instaurées, comme la déviation de routes maritimes ou le financement d’études scientifiques. Aux Etats-Unis, un plan lancé en 1998 par le NMFS proposait par exemple d’identifier les spécimens, de réduire les risques de mortalité liés à l’Homme, d’analyser l’impact des activités de tourisme sur les populations… Enfin, de nombreuses AMP (Aires Marines Protégées) abritent des baleines bleues, ce qui permet à ces dernières d’être parfaitement protégées.
Ces mesures ont tardé à montrer leurs résultats mais, ces dernières années, on considère que les effectifs de baleine bleue sont en augmentation : on estime que 5 000 à 12 000 baleines bleues écumaient les eaux du globe en 2002, et qu’elles sont aujourd’hui entre 10 000 et 25 000. Si cela représente moins de 10% de la population de 1900, il s’agit d’un véritable succès pour une espèce passée aussi proche de l’extinction.
Reproduction
Lors de la reproduction, le mâle et la femelle obéissent à un rituel soigné ; ils se tournent autour, communiquent, plongent et remontent à la surface à plusieurs reprises. Finalement, le mâle pousse son pénis, le plus grand de l’ère animale (environ 2,5 mètres), dans la vulve de la femelle et la féconde. Cette dernière reproduit ensuite sa parade avec d’autres mâles afin d’augmenter les chances de reproduction.
La gestation dure ensuite dix à douze mois, ce qui est exceptionnellement court pour un animal de cette taille ; un rhinocéros noir, par exemple, voit le jour après une gestation de 450 jours, et un éléphant d’Afrique doit attendre 22 mois. En règle générale, une portée ne compte qu’un seul nouveau-né, mais la naissance de jumeaux a déjà été observée.
Lors de sa mise au monde, le baleineau mesure environ 8 mètres de long pour un poids de 2,5 tonnes. Durant ses 7 premiers mois, il se nourrit exclusivement du lait de sa mère : il peut en boire 200 kg par jour et gagne jusqu’à 90 kg par jour. Il atteint ainsi environ 16 mètres de long avant de commencer à s’alimenter par lui-même. Dès que le sevrage a lieu, la jeune baleine suit le cycle migratoire de son espèce. A environ 5 ans, il atteint sa maturité sexuelle et mesure alors 20 à 23 mètres.
La longévité de la Balaenoptera musculus fait encore aujourd’hui débat : certaines études avancent une durée de vie de 80 ans, d’autres 110… Cette donnée pourrait rester approximative durant plusieurs années du fait du manque d’informations.
1 réponse to “La baleine bleue”
27.04.2020
floryse krinsDiplômée assistante vétérinaire, je souhaite aider notre planète. L’océan me semble primordial. Les espèces qui y vivent sont des merveilles. Je vais être rebelle et tant pis… ma vie et mon cœur vont droit aux animaux, tous les animaux. Je déteste les humains sauf ceux qui ont une conscience des choses et de l’urgence. Le reste… @dead