Une étude présentée lors de la British Ecological Society (BES) à Liverpool explique que le poids moyen des rennes de Svalbard, aussi appelés rennes du Spitzberg, aurait diminué de 12 % au cours des dernières décennies. En cause : le réchauffement des températures dans l’Arctique.
Après deux décennies de collaboration, des scientifiques de l’institut James Hutton (Aberdeen, Ecosse), de l’Université des sciences de la vie norvégienne et de l’Institut norvégien pour la recherche de la nature ont présenté les résultats de leur étude : le renne de Svalbard (Rangifer tarandus platyrhynchus), l’une des neuf sous-espèces de renne, devient « plus petit et plus léger« . Il aurait perdu 12 % de sa masse corporelle, passant d’un poids moyen de 55 kg en 1994 à 48 kg en 2010. Si cela peut paraître anodin, les chercheurs semblent avoir observé un début de cercle vicieux : les femelles pesant moins de 50 kg, affamées au cours de la gestation, présentent un risque plus important de voir mourir leur nouveau-né dès la naissance et celui-ci, même s’il survit, sera plus petit qu’il ne le devrait. Une fois qu’il aura atteint sa maturité sexuelle, il engendrera à son tour une génération plus petite que la précédente.
Un risque d’épizootie dans les décennies à venir
Plusieurs pistes pourraient expliquer les résultats de cette étude. Selon les auteurs, la plus vraisemblable est que le réchauffement climatique, phénomène particulièrement marqué aux abords de l’Arctique, modifie les écosystèmes norvégiens. D’une part, il provoque d’importantes précipitations en hiver ; une fois au sol, la pluie gèle sur la fine pellicule de neige et empêche les rennes de se nourrir du lichen. D’autre part, il entraîne une augmentation de la population et accroît par conséquent la compétition pour l’accès à l’alimentation. En effet, le changement climatique adoucit les étés et les automnes, permettant ainsi à la nourriture d’abonder. Les femelles sont donc plus aptes à procréer et, aujourd’hui, les effectifs de rennes de Svalbard sont en augmentation. Cette croissance démographique pourrait aussi expliquer la perte de poids des adultes.
L’étude évoquée lors de la BES fait écho à une publication finlandaise de novembre dernier. Celle-ci expliquait qu’en 2013, 61 000 rennes sont morts en Sibérie à cause d’épisodes de pluies automnales. Les mêmes causes pourraient entraîner des conséquences semblables en Norvège : les chercheurs craignent que le phénomène s’amplifie et que les hardes de rennes affrontent une « épizootie catastrophique » dans les décennies à venir, comme ce fut le cas pour les antilopes saigas.
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