Un plan d’urgence baptisé VaquitaCPR (Conservation, Protection, Recovery) devrait être initié dans les prochains mois dans le Golfe de Californie. Son objectif ? Sauver le marsouin du Golfe de Californie, plus communément appelé vaquita, le mammifère marin le plus menacé du monde.
Une « dream team » au service des cétacés les plus menacés du monde
Capturer des adultes, les mener dans un sanctuaire temporaire, les laisser s’y reproduire puis organiser des réintroductions ; c’est, en substance, le plan d’action établi par le CIRVA, le Comité International pour le Rétablissement du Vaquita. Piloté par le ministère de l’environnement mexicain, qui poursuivra par ailleurs ses efforts pour éliminer la pêche illégale et les filets destinés aux totoabas, VaquitaCPR est notamment calqué sur le projet de conservation ex-situ qui a permis de restaurer les populations du condor de Californie. Il est d’ores et déjà soutenu par une large équipe internationale d’experts des mammifères marins que Lorenzo Rojas-Bracho, président du CIRVA, n’hésite pas à qualifier de « dream team » : les meilleurs spécialistes en surveillance acoustique, capture de marsouins, médecine vétérinaire en font partie.
Les premières captures en mai et en octobre
Le VaquitaCPR devrait être mis en oeuvre dès 2017 : Lorenzo Rojas-Bracho prévoit d’effectuer les premières captures en mai. De juin à septembre, l’opération devra être suspendue du fait des températures estivales, puis elle reprendra en octobre. L’objectif est de capturer 10 à 12 adultes sur ces deux mois.
Si cet objectif semble à première vue raisonnable, il est en fait très ambitieux. Selon un rapport du CIRVA datant de début 2017, il resterait une trentaine de vaquitas dans le Golfe de Californie. La première étape, et non des moindres, consistera donc à repérer les spécimens. Pour y parvenir, les équipes d’experts bénéficieront de sonars et de jumelles, mais pourraient aussi profiter d’atouts moins communs : des dauphins ! En effet, au mois de décembre, la marine américaine a tenté avec succès de repérer des marsouins dans la baie de San Francisco à l’aide de cétacés spécialisés dans la localisation de plongeurs.
Un sanctuaire naturel dans le Golfe de Californie
Une fois repérés, les marsouins devront être capturés, ce qui amène là encore son lot de difficultés : il est possible que l’opération stresse les vaquitas et les mette en danger, ce qui conduirait à son interruption immédiate. Les marsouins seront ensuite amenés dans un sanctuaire temporaire ; celui-ci sera notamment doté de piscines afin d’isoler les vaquitas malades du reste du groupe. Selon Rojas-Bracho, un tel environnement permettra à l’espèce de récupérer et de se reproduire mais, là encore, le pessimisme n’est jamais loin : à ce jour, aucun vaquita n’a jamais vu le jour en captivité.
Il y a quelques semaines, le président du WWF Mexique, Omar Vidal, exprimait justement sa réserve au sujet de la capture des vaquitas, expliquant qu’il ne s’agissait pas d’une « option crédible » pour l’espèce menacée. Au-delà des difficultés déjà évoquées, l’isolement des marsouins pourrait conduire à l’affaiblissement des efforts du gouvernement mexicain contre la pêche illégale et pourrait donc menacer, par ricochet, les totoabas. Plusieurs experts militent donc pour le renforcement des mesures déjà en place. Cependant, comme le rappelle L. Rojas-Bracho, il est probable que « la plupart des vaquitas restent [dans le Golfe de Californie] puisqu’en capturer ne serait-ce que quelques uns sera très compliqué. […] Le déclin arrive plus vite que les solutions à la pêche illégale, donc nous avons besoin de diversifier nos stratégies. »
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