Plusieurs témoins affirment avoir aperçu des grands chiens ressemblant à des tigres de Tasmanie dans le nord de l’Australie. Or, officiellement, le dernier représentant de l’espèce s’appelait Benjamin et est décédé au zoo d’Hobart (Tasmanie) en… 1936. Des recherches seront lancées dans les prochaines semaines.
Des pièges caméras pour capturer un thylacine
Selon le professeur Bill Laurence de l’Université James Cook (Queensland), au moins deux témoignages ont permis de réunir des « descriptions plausibles et détaillées » d’animaux ressemblant au tigre de Tasmanie, aussi appelé thylacine. « Le premier nous vient d’un employé expérimenté du Queensland National Park, et le second d’un campeur régulier du nord du Queensland. » Si les deux observations ont été réalisées de nuit et à la lueur d’une simple lampe torche, l’un des témoins a pu s’approcher à moins de dix mètres d’une meute de quatre animaux. Après avoir recoupé les informations comme la couleur des yeux ou la taille du corps, Bill Laurence est désormais prêt à affirmer que ces animaux ne sont ni des chiens sauvages, ni des dingos. C’est peu, mais suffisant pour se lancer sur les traces d’une espèce disparue. Les recherches seront lancées soit en avril, soit en mai, juste le temps nécessaire pour obtenir les permis et autorisations indispensables. 50 pièges-caméras équipés de détecteurs de mouvement vont être installés dans le Queensland et, peut-être, permettre de capturer un cliché du thylacine.
Depuis que la volonté des chercheurs a été rendue publique, d’autres témoignages leur sont parvenus. Selon Sandra Abell, qui supervisera l’opération, « les descriptions fournies par les témoins ne sont pas de simples coups d’oeil dans les phares d’une voiture. Les gens qui affirment avoir vu un thylacine peuvent le décrire avec beaucoup de détails, ce qui rend difficile de dire qu’ils ont vu quoi que ce soit d’autre. »
A la recherche d’une espèce disparue : entre optimisme et scepticisme
Malgré les témoignages, Sandra Abell reste prudente : elle sait qu’obtenir un cliché d’un tigre de Tasmanie serait « incroyablement chanceux« . De nombreux scientifiques restent par ailleurs sceptiques : ce n’est pas la première fois que des témoignages qualifiés de crédibles provoquent des recherches, mais aucune preuve tangible n’est jamais venue confirmer la survie de l’espèce. De plus, si le Cap York est suffisamment isolé pour permettre au thylacine de survivre, il semblerait qu’il ait disparu du continent australien il y a 2000 ans : toutes les populations officiellement recensées subsistaient en Tasmanie.
Dans tous les cas, tous s’accordent pour dire que l’opération ne sera pas inutile : elle permettra d’en savoir plus sur la faune et les prédateurs du nord de l’Australie, une région du pays où la biodiversité est sévèrement menacée.
La redécouverte d’une espèce disparue n’est évidemment pas fréquente, mais le scénario est loin d’être inédit. En Australie par exemple, la perruche nocturne (Pezoporus occidentalis) était supposée éteinte jusqu’en 1979 et, officiellement, le premier cliché d’un individu vivant ne remonte qu’à 2013 ! De l’autre côté du Pacifique, au Brésil, beaucoup pensaient que la colombe aux yeux bleus avait disparu jusqu’en 2015, année au cours de laquelle un ornithologue est tombé par hasard sur une colonie. Enfin, si le dauphin de Chine est éteint pour beaucoup de scientifiques, des témoignages de passionnés naviguant sur le Yangze Jiang pourraient indiquer que quelques spécimens subsistent.
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