Si comme nous vous êtes friand d’actualités animalières, vous aurez constaté que depuis quelques mois un animal revient régulièrement dans les journaux spécialisés : le dugong. Baby-boom en Australie contre braconnage en Nouvelle-Calédonie, Espèces Menacées fait le point.
Carte d’identité du dugong
Le dugong, Dugong dugon, est un mammifère marin également connu sous les noms de « sirène du Pacifique » ou encore de « vache de mers. » Les dugongs vivent dans les eaux chaudes et peu profondes situées entre la côte orientale africaine et l’Océanie. La majeure partie de la population s’établit autour de l’Australie. De taille imposante, environ 3 mètres de long, les dugongs pèsent jusqu’à 400 kg !
Comme le lamantin, ce mammifère est totalement végétarien et se nourrit d’herbiers marins, des plantes qui poussent à proximité des côtes. Les herbiers constituant un apport énergétique et nutritionnel très faible, les dugongs doivent donc en manger de grandes quantités. C’est également pour cette raison que les déplacements de ces animaux sont toujours lents et paraissent si gracieux.
Espèce répandue ou menacée ?
S’il n’existe pas de comptage mondial pour l’espèce, la population australienne est la plus étudiée et comporte plusieurs milliers de dugongs. En novembre 2016, un relevé aérien a révélé que la population de ces mammifères marins avait bondi. Mieux encore, 10 % des 5 500 dugongs comptabilisés sont des bébés. Un taux exceptionnel sachant que le dernier comptage effectué en 2011 n’avait révélé aucun petit. Les dugongs ont un taux de renouvellement de la population très lent ; une femelle mature ne donne naissance qu’à un seul petit tous les 4 à 5 ans, après une gestation comprise entre 11 et 14 mois. De plus, quand un événement climatique décime les herbiers marins, les femelles ne font pas de petits, sachant qu’elles ne pourront pas subvenir à leurs besoins et à celui d’un jeune qui restera au minimum 18 mois à leurs côtés.
L’augmentation de la population et le nombre important de petits sont donc de bons signes alors que la Grande Barrière de corail vit des heures très sombres en cumulant des épisodes de blanchissement sans précédent.
En revanche, la population de dugongs des eaux côtières de Nouvelle-Calédonie inquiète les scientifiques. Elle ne serait que de 700 à 800 spécimens, contre 2000 il y a 15 ans, et continuerait à baisser. A ce propos, le WWF a lancé un cri d’alerte le 15 juin dernier pour sauver l’espèce, victime du braconnage. Dans un communiqué, l’ONG explique : « L’association Opération Cétacés indique que depuis 1991, plus de 30% des dugongs retrouvés échoués montrent des signes de tentative de braconnage. » Contrairement aux mammifères africains, le fruit de ce braconnage n’a pas vocation à alimenter un marché noir mais à être mangé. D’après une enquête toujours réalisée par WWF, « un très large pourcentage des personnes interrogées reste des consommateurs occasionnels de viande de vache marine. Cette consommation est pourtant totalement interdite, au même titre que le braconnage, et les contrevenants encourent les mêmes sanctions que les braconniers (fait qui reste mal connu). »
Au niveau mondial, Dugong dugon reste donc bien une espèce menacée, classée « vulnérable » à l’extinction par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
Une espèce à ne pas confondre avec le lamantin
La famille des siréniens ne compte plus aujourd’hui que quatre espèces :
- Le dugong,
- Le lamantin d’Amazonie,
- le lamantin des Caraïbes,
- le lamantin d’Afrique.
Si au premier regard ces espèces peuvent se ressembler, il existe plusieurs différences d’importance. Au niveau de l’habitat premièrement : le dugong vit uniquement en eau salée alors que le lamantin préfère l’eau douce mais peut naviguer dans les deux. Physiquement également, le lamantin possède une queue plate et arrondie très différente de celle du dugong qui présente une nageoire caudale semblable à celle des dauphins. Enfin, la bouche du lamantin est ronde tandis que celle du dugong est évasée. En revanche, comme les dugongs, les différentes espèces de lamantins sont menacées.
Le dugong est donc une espèce encore répandue dans le Pacifique mais cette sympathique sirène, qui a inspiré tant de légendes avec son chant, est de plus en plus menacée. Il y a un peu plus d’un an, des touristes avait découvert lors d’une plongée près de Kokoya, une île indonésienne, deux dugongs retenus en cage. Il s’agissait d’une mère, enchainée par la queue, et de son petit. Un pêcheur s’en servait pour divertir les touristes et faisait payer les photos avec les animaux. Alertés par ces touristes, les autorités ont pu libérer les dugongs. Cette anecdote montre bien qu’il y a encore du chemin à parcourir avant que l’animal ne soit réellement et efficacement protégé.
1 réponse to “Le dugong est-il une espèce menacée ?”
01.02.2021
elochj’adore les dugongs