Le ministère de l’Environnement nigérien a annoncé avoir créé un sanctuaire afin de protéger les hippopotames. Situé en bordure du fleuve Niger, il a vocation à protéger l’espèce du braconnage.
Une trentaine d’hippopotames « massacrés » en cinq mois
Dans l’ouest du Niger, région connue pour attirer les touristes grâce à sa forte concentration en hippopotames, la cohabitation entre ces derniers et l’Homme n’est pas toujours facile. Depuis mars 2017, une trentaine de ces grands mammifères emblématiques d’Afrique ont été abattus dans la région d’Ayorou. Accusés par les chefs locaux de dégrader les récoltes, de concurrencer le bétail et de mettre en péril la navigation sur le fleuve Niger, ils ont été la cible d’un véritable « massacre » selon le préfet Jando Rhichi Algaher.
Si la multiplication des patrouilles armées et l’arrestation d’une dizaine de suspects fin juin ont permis de freiner le braconnage, cela a aussi entraîné un regain de tension et de défiance dans la région. Zariya Issaka, le chef des pêcheurs, avait notamment pointé du doigt la passivité des autorités, menaçant de « diminuer » lui-même le nombre d’hippopotames si l’Etat ne leur trouvait pas rapidement une réserve et rappelant que le premier individu abattu en mai avait « attaqué des boeufs dans une concession. »
Des bourgoutières très convoitées
La situation a finalement alerté le gouvernement nigérien, qui a annoncé la création par décret d’un « Sanctuaire des hippopotames » afin de protéger cette espèce menacée. Le projet avait déjà été approuvé par les locaux, qui avaient soumis au vote une proposition dès 2014. Selon un expert de l’environnement cité par l’AFP, la réserve aurait « une triple mission : préserver les hippopotames, faciliter la recherche scientifique et apaiser les tensions de la cohabitation avec les hommes« .
Pourtant, tout reste à faire ! Le sanctuaire englobe des bourgoutières, ces plaines inondables où pousse le bourgou, une plante fourragère convoitée à la fois par les hippopotames, les éleveurs, les pêcheurs et les agriculteurs. Entre la concurrence autour de cette ressource et la démographie qui pousse les populations à conquérir de nouvelles zones humides, les conflits entre l’Homme et la faune se multiplient : les hippopotames pénètrent de plus en plus souvent dans les cultures pour s’y alimenter. De plus, au-delà des dégradations commises par l’imposant animal, tous les locaux savent que laisser un hippopotame à proximité d’habitations est particulièrement dangereux : Hippopotamus amphibius est responsable de près de 3 000 décès par an en Afrique et, en 2014, une attaque sur une pirogue avait coûté la vie à douze écoliers âgés de 12 à 13 ans à quelques dizaines de kilomètres d’Ayorou.
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