La nouvelle est terrible : 537 vautours – dont 468 vautours africains (Gyps africanus), 28 vautours à capuchon (Necrosyrtes monachus), 17 vautours à tête blanche (Trigonoceps occipitalis), 14 vautours oricou (Torgos tracheliotos), 10 vautours du Cap (Gyps coprotheres) – et deux aigles ont été découverts morts au Botswana le 20 juin 2019. Tous ont été victimes d’un empoisonnement massif.
Des carcasses d’éléphants piégées
Les corps de ces oiseaux ont été retrouvés à proximité de trois carcasses d’éléphants. Les défenseurs de l’environnement présents sur les lieux pensent que des braconniers ont délibérément ciblé les charognards de peur qu’en volant au-dessus des pachydermes mourants, ils ne signalent leur position aux rangers, rapportent nos confrères du Telegraph.
Avec un tel nombre de victimes, il s’agit là de l’une des pires cas d’empoisonnement de masse jamais enregistré sur des vautours d’Afrique. Et le chiffre pourrait augmenter. En effet, « les forces de l’ordre travaillent sans relâche à décontaminer la zone et éviter tout nouveau cas », indique la Fondation pour la conservation des vautours, mais de nouvelles dépouilles pourraient encore être trouvées.
Par ailleurs, des victimes collatérales sont à craindre… du côté des oisillons. En Afrique australe – Botswana compris –, les vautours africains ont tendance à pondre en nombre au mois d’avril, puis l’incubation dure moins de deux mois. Les éclosions surviennent donc en juin, soit précisément au moment où s’est produit l’empoisonnement massif. Sans leurs parents, ces petits orphelins sont condamnés.
Des empoisonnements récurrents
Malheureusement, ce type de tragédie est fréquent. Dans de nombreuses régions du monde, les vautours meurent, massivement empoisonnés. L’empoisonnement n’est toutefois pas toujours volontaire. Le vautour indien, par exemple, a vu sa population chuter drastiquement en l’espace de quelques années à cause du diclofénac, un anti-inflammatoire utilisé par les éleveurs pour traiter leur bétail. Les vautours ingéraient le médicament en se nourrissant des carcasses et mouraient par vague. En l’espace de 15 ans, l’espèce a perdu 97 % de ses effectifs !
Les empoisonnements de vautours peuvent aussi être volontaires, comme cela a été le cas au Botswana. D’ailleurs, cette macabre découverte faite le 20 juin n’est pas sans rappeler celle de 2017 au Zimbabwe, pays voisin. Là aussi, 94 vautours africains étaient morts après avoir mangé une carcasse d’éléphant empoisonnée.
Dans ce même pays en 2012, un autre empoisonnement de carcasse d’éléphant avait provoqué la mort de 144 vautours africains dans le parc national Gonarezhou. « Malheureusement, les intoxications de masse sont courantes en Afrique, et entraînent la disparition de plusieurs espèces de vautours, regrette la fondation qui œuvre pour leur conservation. Cela a un effet dévastateur sur l’environnement, les vautours étant essentiels pour l’écosystème. »
Le vautour africain, en danger critique
La disparition de ces 468 individus est une véritable catastrophe pour l’espèce Gyps africanus, déjà très mal en point et classée « en danger critique » (CR) par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Pourtant, il y a seulement dix ans, ce charognard était encore considéré comme « quasi-menacé » et donc plutôt peu concerné par un risque d’extinction. Mais son déclin a été rapide. D’après l’UICN, l’espèce aurait perdu 75 % à 95 % de sa population ces 55 dernières années et compterait autour de 270 000 individus. Et elle continue de décliner.
Il y a trois ans, l’UICN tirait la sonnette d’alarme en rappelant la situation inquiétante dans laquelle se trouve bon nombre d’espèces de vautours d’Afrique. Il est plus que temps d’agir.
par Jennifer Matas
2 Réponses to “468 vautours africains meurent empoisonnés au Botswana”
28.09.2019
Matia MullerLa situation mondiale est tragique pour les vautours. Sur les 15 espèces de vrais vautours (les espèces de l’Ancien monde, qui ne sont pas apparentées aux « vautours » américains, comme les urubus et les condors), on trouve :
– 8 espèces (plus de la moitié !) en danger critique d’extinction, ce qui signifie qu’elles pourraient disparaître à court terme
– 3 espèces en danger
– 3 espèces quasi-menacées
– 1 seule espèce non-menacée
27.06.2019
LasanteDepuis qu il y a un nouveau president qui autorise la chasse et que le braconnage n est plus puni de mort, tout est permis. Ce n etait pas le cas il y a 6 ans.