Interview de Jacques Linder, apiculteur suisse
Jacques Linder est un homme proche de la nature, habitant la montagne depuis toujours. Président de La Société d’apiculture du Pays-d’Enhaut, en Suisse, qui regroupe une vingtaine d’apiculteurs-trices des communes de Rougemont, Château-d’Oex et Rossinière, Jacques Linder a bien voulu se prêter au jeu et répondre à nos questions. Rencontre avec un amoureux de la nature tombé dans un pot de miel depuis tout petit…
KEVIN- Depuis combien d’années côtoyez-vous les abeilles ?
JACQUES LINDER- Depuis mon enfance, car mon grand-père et mon père étaient eux-mêmes apiculteurs. J’ai choisi ce métier par passion pour la nature. Mes ruches sont composées de 20 à 50 000 abeilles.
K- Vous êtes le président de La Société d’apiculture du Pays-d’Enhaut. Quel est son rôle ?
JL- Notre volonté première est de mettre sur pied des activités communes afin de promouvoir et maintenir l’apiculture dans la région. L’association assure le contrôle de la provenance et de la qualité de tous les miels et réunit les apiculteurs autour de séances d’information et de cours. Elle est à but non lucratif et formée par de véritables passionnés.
K- Pouvez-vous nous expliquer quelles sont les différentes étapes de la fabrication du miel ?
JL- Les abeilles vont butiner le nectar des fleurs, le ramènent à la ruche. Elles se le passent d’une abeille à l’autre et le mettent dans les rayons. Une fois que le taux d’humidité est au plus bas, elles ferment l’alvéole avec un bouchon de cire.
K- Il existe plusieurs sortes de miel : miel de fleurs, d’arbre, de ronces, etc… comment peut-on savoir ce que les abeilles butinent et de quoi est composé le miel ?
JL- La composition du miel est établie par des analyses effectuées dans des laboratoires spécialisés. Ceux-ci recherchent les différents pollens qui se trouvent dans le miel et peuvent ainsi déterminer leurs origines.
En Suisse, notre miel de montagne provient uniquement de la flore naturelle de la vallée située entre 800 et 1800 mètres d’altitude. Selon la localisation des ruches, on peut distinguer différents parfums tels que le pissenlit et différentes fleurs de montagne.
K- Les statistiques montrent que les abeilles sont une espèce en danger… Existe-t-il une vraie méthode de comptage pour suivre leur évolution ?
JL- Un apiculteur est tenu d’annoncer chaque année le nombre de ruches qu’il a et au printemps suivant doit annoncer ses pertes. Ce système permet de calculer la population et de faire des statistiques.
K- En quoi les abeilles jouent-elles un rôle dans la biodiversité ?
JL- Les abeilles sont indispensables à la vie de la pollinisation des plantes, arbres fruitiers, fleurs, etc… Pas d’abeilles, pas de pollinisation, donc pas de pommes, de cerises ou de quantité de légumes.
K- Quelles sont les causes de cette surmortalité d’après vous ?
JL- Je pense que les causes principales sont le varroa (un acarien parasite des abeilles), les pesticides et les méthodes de fauchage moderne.
K- Est-ce qu’il y a des mesures à prendre pour lutter contre la disparition des abeilles ?
JL- Oui. Il faut limiter les pesticides, traiter les ruches contre le varroa et faire moins de monoculture. L’abeille est un animal très sensible aux divers types de pollutions et est reconnue comme un indicateur fiable de ceux-ci. Les producteurs de miel sont ainsi aux premières loges lorsqu’il s’agit de constater les dégâts humains causés à la nature. La Société d’apiculture du Pays-d’Enhaut a donc placé sa production sous le label « Pays-d’Enhaut Produits Authentiques » afin de démontrer sa volonté de travailler en harmonie avec la nature en produisant un miel assurant un développement durable.
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