
En Albanie, il existe des restaurants qui utilisent des ours bruns pour attirer les clients et touristes. Détenus dans des conditions souvent déplorables, enchaînés dans des cages, ces animaux sauvages mènent une rude vie. Deux d’entre eux, un ours brun mâle et une femelle âgés tous les deux de 12 ans, se préparent à un avenir meilleur.
Captifs depuis leur plus jeune âge
Ces animaux vivent dans la ville de Shkoder, en Albanie. Ils sont retenus captifs dans un mini-zoo privé, à l’arrière d’un restaurant. Leurs journées, ils les passent dans une cage métallique de 60 m². « Cet espace est loin d’être suffisant pour des grands animaux, dénonce l’ONG Four Paws qui a révélé l’affaire. Leur amplitude de mouvement est très limitée, il n’y a pas d’enrichissement ni d’activité et à cause du manque d’abris ou cachettes disponibles, ils sont exposés au vent et aux intempéries tous les jours. » Des conditions que ces ours bruns endurent depuis de nombreuses années puisqu’ils seraient arrivés alors qu’ils n’étaient encore que des oursons. « Selon les dires du propriétaire, les ours étaient des animaux sauvages, leurs mères ayant probablement été victime de braconniers. On ignore la manière exacte par laquelle ils sont arrivés dans ce mini-zoo. Le propriétaire a déclaré qu’il les avait recueillis parce qu’ils n’auraient pas pu survivre par leurs propres moyens », rapporte Four Paws.
A la recherche d’un nouveau foyer
Heureusement, le propriétaire a décidé de fermer son mini-zoo et de se séparer des ours bruns. Une décision qu’il a prise sous le poids des critiques croissantes de la part des touristes et clients, choqués de voir des ours ainsi détenus. L’ONG Four Paws a appris cette nouvelle et décidé de les prendre sous son aile. « Ces ours ont besoin d’un nouveau foyer rapidement », souligne Carsten Hertwig, spécialiste « ours » au sein de Four Paws. Deux solutions sont possibles : soit les envoyer dans l’un des sanctuaires européens de l’ONG, soit dans l’un de ses partenaires. Dans tous les cas, le transfert de ces deux ours nécessite une certaine logistique.
Le calvaire de certains ours en Europe
Le cas de ces deux ours bruns n’est malheureusement pas isolé en Europe. Surtout dans les Balkans où la tradition des « ours de foire » a été longtemps profondément ancrée dans les coutumes locales. « Beaucoup d’ours passent leur vie dans un environnement atroce, dans des cages minuscules à proximité de restaurants ou d’hôtels où ils sont présentés comme des attractions touristiques, déplore Four Paws. Les conditions de vie contraignantes et inappropriées qu’ils subissent sont très stressantes, autant physiquement que mentalement. Bon nombre d’entre eux sont en mauvaise santé. » En 2016, l’ONG estimait qu’ils étaient entre 50 et 80 ours bruns ainsi détenus rien qu’en Albanie, où la pratique d’exposer ces animaux pour attirer des clients était répandue jusqu’à récemment. Certains ours étaient même promenés sur les plages, un anneau dans le museau, pour distraire les touristes et poser avec eux au prix d’un euro la photo, racontait en 2016 le journal suisse 24 heures.
Des actions de terrain
L’Albanie étant un pays particulièrement exposé à ces pratiques, Four Paws a lancé une campagne à l’échelle nationale baptisée « Save the saddest bears » ou « Sauvez les ours les plus tristes » en français. Un premier pas dans le bon sens a été fait en mars 2016 avec la signature par le ministère albanais de l’environnement d’un protocole d’accord avec l’ONG. Avec ce document, le gouvernement s’est engagé à trouver des solutions durables et respectueuses pour les ours qui vivent dans des conditions aussi catastrophiques. Pour cela, il doit travailler en collaboration avec Four Paws et d’autres organismes de défense des animaux. Depuis ce texte, 26 ours ont été sauvés et transférés dans des sanctuaires de faune sauvage. Six d’entre eux sont accueillis dans des sanctuaires Four Paws au Kosovo, en Allemagne et en Bulgarie.
L’ONG espère prochainement développer des projets similaires en Bulgarie et au Kosovo où des ours continuent d’être détenus dans de telles conditions.
par Jennifer Matas
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