Bien connu des petits comme des grands grâce au dessin animé Rio, l’ara de Spix (Cyanopsitta spixii) pourrait de nouveau voler dans son milieu naturel, au Brésil, vingt ans après avoir disparu dans la nature.
Premières réintroductions en 2021
Comment ? Tout simplement grâce aux efforts conjugués de l’Association pour la conservation des perroquets menacés (ACTP), de l’Institut Chico Mendes (ICMBio), de l’Al Wabra Wildlife Preservation (AWWP) et de la Fondation Pairi Daiza. Tous ces acteurs ont travaillé ensemble sur un projet d’ampleur : réintroduire le célèbre perroquet bleu dans la nature et donner une nouvelle chance à l’espèce. Et le 3 mars 2020, le projet a pris un tournant majeur avec l’arrivée de 52 aras de Spix au Brésil.
Ils ont quitté le centre de reproduction et d’élevage de l’ACTP en Allemagne et ont atterri à Petrolina après un très long voyage en jet privé, spécialement affrété pour eux. Sur place pour les accueillir, le ministre brésilien de l’environnement en personne, Ricardo de Aquina Salles, ainsi que plusieurs officiels. Les perroquets bleus ont ensuite été transportés jusqu’à leur centre de libération dans la Caatinga, région semi-désertique située au Nord-Est du Brésil et d’où est originaire l’espèce.
Depuis 2018, cette région est déclarée « zone protégée » et les populations locales ont été sensibilisées à la conservation du ara de Spix afin de garantir les meilleures conditions à son retour.
Les premières réintroductions sont annoncées pour 2021. « Le moment de la sortie est crucial car la période de l’année fait une grande différence pour le succès du relâcher », préviennent les responsable du programme, sans donner davantage de précisions.
Une opération en plusieurs étapes
Si les aras de Spix ne sont pas libérés tout de suite, c’est que de nombreux défis les attendent. Comme pour toute réintroduction d’animaux dans la nature – et d’autant plus lorsqu’il s’agit d’individus nés en captivité et qui n’ont jamais vécu en liberté, à l’état sauvage – ces relâchés ne se feront pas à la légère. Et une préparation minutieuse est en cours pour augmenter les chances de réussir.
Les aras de Spix candidats au retour à la nature suivront donc un entraînement de choc pour se préparer à leur remise en liberté. Ils seront notamment entraînés à reconnaître et éviter leurs prédateurs naturels comme ils l’auraient été s’ils avaient grandi en-dehors de l’espace protégé permis par la captivité. Pour cela, des aigles et des faucons tourneront tous les jours au-dessus des aras de Spix à la recherche de proies et ils devront apprendre à se cacher.
Puis, ils s’exerceront à voler pour développer leur force musculaire, leur endurance et leurs compétences de vol, des qualités indispensables pour la survie d’un ara dans le milieu sauvage. Les perroquets devront également apprendre à se nourrir seuls, et donc à reconnaître les aliments naturels qu’ils peuvent rechercher dans leur environnement. Cet entraînement devrait durer au minimum une année mais est primordial pour éviter une trop forte mortalité des oiseaux une fois relâchés.
Apprendre avec un autre perroquet
Parce qu’ils ont grandi aux côtés de l’homme, les aras de Spix devront aussi apprendre à se détacher des humains et même à s’en méfier. Car pour rappel, si l’espèce a disparu c’est en partie à cause du braconnage dont elle a été victime, que ce soit pour sa viande ou pour le trafic d’animaux de compagnie.
C’est pourquoi tout cet entraînement à la vie sauvage sera principalement dispensé par des aras Maracana (Primolius maracana), qui accompagneront les aras de Spix dans leur apprentissage. Chaque ara de Spix sera en effet jumelé avec un ara Maracana qui lui montrera comment se cacher des prédateurs, quel comportement adopter en cas de danger, dans quels arbres nidifier, où trouver de la nourriture et quels aliments cibler.
Les oiseaux seront ensuite placés dans des « volières de pré-lâcher » pour parfaire leur entraînement. Là, ils se familiariseront avec les sons, les odeurs, les images qui feront partie de leur quotidien une fois dans la nature. Pendant les premiers instants de leur vie dehors, les aras de Spix pourront s’ils le souhaitent revenir au centre pour trouver refuge ou s’alimenter en cas de besoin.
Elevage en captivité
Si ce projet réussit, il signera le retour de l’ara de Spix au Brésil vingt ans après sa disparition. En effet, le dernier individu sauvage a été aperçu en 2000, puis plus aucun ensuite. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classé l’espèce « éteint dans la nature » (EX) et seuls existaient quelques survivants en captivité.
Sans ce réservoir génétique, il n’aurait jamais été possible d’imaginer un tel programme. Déclaré éteint par des scientifiques chinois début 2020, l’espadon chinois du Yangtsé n’aura par exemple pas cette ultime chance puisqu’aucun individu ne vivait ailleurs que dans la nature et aucun prélèvement de son ADN n’a été conservé.
C’est grâce aux aras de Spix captifs qu’un programme de reproduction a pu voir le jour. Pour des raisons de sécurité, il existerait aujourd’hui trois endroits différents où vivent ces perroquets, les derniers représentants de leur espèce, et seuls deux feraient de la reproduction avec succès : le centre de l’ACTP en Allemagne et l’ICMBio au Brésil, qui reproduit l’espèce depuis 2019. Le troisième lieu où vivent des aras de Spix, c’est au zoo belge Pairi Daiza. Il a d’ailleurs participé activement au projet en envoyant trois individus au Brésil, en plus des 49 envoyés par l’ACTP, et en finançant à hauteur de 1,5 million d’euros la construction du centre de remise en liberté.
1 réponse to “L’ara de Spix sur le chemin du retour au Brésil”
20.03.2020
Coulondrece magnifique perroquet ara est plus petit que l’ara Hyacinthe et intégralement bleu – bleu gris; quelle beauté ! je croyais qu’il était perdu à jamais sauf dans un élevage privé dans le Sud Est asiatique. Bravo à ce projet dont chacun souhaite la réussite.