Nous vous parlions en 2014 du plus gros perroquet du monde, le kakapo, Strigops habroptila, un oiseau endémique de Nouvelle-Zélande, passé tout près de l’extinction. 2016 semble réussir à l’espèce protégée qui enregistre cette année un record de naissance.
Créé en 1989, le programme de sauvegarde Kakapo Recovery suit à la trace les 123 kakapos adultes qui constituent la population de l’espèce et surveillent tout particulièrement les femelles dont la capacité à mettre au monde et à élever des petits déterminera l’avenir de l’espèce.
La saison de reproduction du kakapo a débuté en octobre 2015. Elle est corrélée au volume de fruits que produit un arbre appelé « rimu », le Dacrydium de cupressinum. Quand les fruits sont assez abondants pour rassasier la femelle, celle-ci se met alors en quête d’un mâle pour se reproduire. Malheureusement, cela n’arrive que tous les deux à cinq ans. Cette année, la récolte a semble-t-il été excellente puisque les chercheurs ont comptabilisé un nombre record d’oisillons : 46. Sur ces 46, 37 ont survécu aux première semaines.
Malgré ces neuf décès, 2016 surpasse le record de 22 oisillons nés en 2009. Un signe positif pour cette espèce d’oiseau menacée qui n’a pas connu un tel « baby boom » depuis 25 ans. Deux femelles ont même réussi à faire successivement deux couvées d’œufs. Par sécurité, deux ont été placées sous incubation artificielle.
Pour autant, les 37 petits ne sont pas encore comptabilisés dans la population totale de kakapos. Il faudra attendre qu’ils atteignent 6 mois d’âge avant de porter un coup de fouet à l’espèce qui, si tous les petits atteignent cet âge, passerait de 123 à 160 individus.
Ces 37 oisillons sont presque des miraculés. Si le dernier record datait de 2009, il n’y a eu que 11 petits en 2011 et rien jusqu’à 2014 où la naissance de six kakapos a permis à la population totale de passer à 130 spécimens avant de subir de nouvelles pertes. Le succès des naissances de cette année est en partie attribué à la technologie par satellite employée pour suivre les animaux. Chaque kakapo dispose d’un appareil qui indique ses mouvements et ses actions. Ainsi, quand une femelle pond, les scientifiques sont immédiatement au courant. Ils savent aussi quand elle couve et quand les petits naissent, tout cela sans avoir à déranger ces oiseaux fragiles.
La cuvée 2016 de poussins sera pesée régulièrement jusqu’à ce qu’ils puissent « voler » de leurs propres ailes à 10 semaines environ. Voler au sens figuré seulement car cet oiseau est aptère, il ne peut pas voler à cause de son poids. C’est en revanche un excellent grimpeur.
« Kakapo » signifie « perroquet de nuit » en maori. Depuis 2000, cet oiseau nocturne est classé en danger critique d’extinction par l’UICN. Il a été décimé après l’arrivée des Européens et l’introduction de nouveaux prédateurs sur leur aire de répartition. Incapable de voler pour s’enfuir, ils étaient des proies idéales. Dans les années 80, ils sont passés tout proche de l’extinction avant la mise en place d’un programme de sauvegarde en 1989.
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