Chaque année à partir du mois de février, les centres de soins de la faune sauvage croulent sous les jeunes rapaces nocturnes emmenés par des randonneurs qui les ont trouvés au sol, tombés du nid. Pensant bien faire, beaucoup ignorent que ce n’est pas la conduite à mener pour le bien-être de ces animaux. Du moins, dans la plupart des cas. Faisons le point.
Souvent sans risque
En réalité, c’est tout à fait courant qu’un jeune rapace nocturne tombe du nid. Ce dernier grossissant régulièrement, il finit par déborder du nid et se laisser tomber au sol, où les parents termineront son apprentissage jusqu’à ce qu’il apprenne à voler.
« Le petit ne court pas de grand danger : les parents savent où il se trouve et continuent de veiller sur lui et de le nourrir », explique Noémie Furon, médiatrice faune sauvage à la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO).
Ramasser un petit au sol, c’est donc risquer de l’enlever à ses parents alors qu’il n’y avait aucune menace pour sa survie. Cela surcharge les centres de soins déjà débordés – près d’un appel sur cinq concerne le ramassage de rapaces nocturnes pendant la saison – et puis, cela altère l’apprentissage du petit.
« Le travail extraordinaire réalisé par les équipes des centres de soins ne remplacera jamais le travail des parents, commente Jade Seguin, du Réseau Centres de Soins Faune Sauvage. Ne serait-ce que pour la nourriture, qui est bien plus variée dans la nature. Et puis lorsque les parents les nourrissent par régurgitation, ils transmettent aux petits des parasites et bactéries qui vont façonner leur système immunitaire. »
Dans la majorité des cas, si vous croisez un bébé chouette ou un bébé hibou au sol, laissez-le et passez votre chemin !
Intervention si danger imminent
Bien entendu, ce conseil ne vaut que si le petit rapace tombé du nid se trouve en-dehors d’une zone de danger immédiate. La présence d’une route à proximité, de nombreux passages de promeneurs ou si des prédateurs rôdent dans les parages doit vous alerter.
« Dans ce cas, il est possible de placer le petit en hauteur, afin de le mettre hors de danger, par exemple sur une branche ou dans son nid, si ce dernier est facilement accessible », reprend Jade Seguin.
Attention aux coups de becs, aux serres et, bien sûr, à ne pas blesser l’animal. Pour le prendre sans lui faire mal, il faut le tenir à deux mains, les ailes bien plaquées sur son corps, et sans trop serrer. Inutile de porter des gains : contrairement à la croyance populaire, il n’y a pas de risque d’imprégnation de votre odeur sur l’oisillon. Vous pouvez également le déplacer non loin pour le mettre à l’abri sous un buisson par exemple. Le soir venu, il appellera ses parents qui le retrouveront facilement.
« Vous pouvez aussi fabriquer un nid artificiel, comme un panier en osier qu’on suspend à une branche par exemple. Il faudra seulement veiller à ce que ce ne soit pas imperméable, car en cas de fortes pluies, il pourrait y avoir un risque de noyade pour le petit », rappelle Jade Seguin.
Autre motif d’intervention : si l’animal semble blessé. « Si vous voyez du sang, une blessure, ou si son aile est tordue, alors il faut bien évidemment intervenir », précise Noémie Furon. Dans ce cas, ou si vous avez le moindre doute, appelez un centre de soins (voir en fin d’article comment les contacter).
Seule exception : la chouette effraie
Attention, toutes ces recommandations ne valent pas s’il s’agit d’une petite chouette effraie, reconnaissable entre toutes grâce à son duvet blanc et sa tête en forme de cœur. « Si vous trouvez une jeune chouette effraie au sol, il faut intervenir, car elle n’a rien à faire là », explique Noémie Furon.
Les chouettes effraies vivent en effet dans les anciens bâtis, les granges, les clochers et autres structures plus ou moins abandonnés par l’homme. Elles vivent donc près de nous, et non en forêt. Et puis leur comportement de nidification est différent de celui des autres espèces de chouettes. « Les jeunes restent au nid jusqu’à leur premier envol. S’ils sortent avant, ils risquent de ne plus être nourris par les parents, qui les délaisseront », avertit Noémie Furon.
Alors, « pas question en revanche d’intervenir seul », continue la médiatrice faune sauvage pour la LPO. Même si, d’ordinaire, il n’y a pas de grand danger à toucher un oisillon tombé du nid, le cas de la chouette effraie est particulier. « On a déjà observé des cas d’abandon de la part des parents après avoir replacé le petit dans le nid », assure la spécialiste.
Si vous trouvez une jeune chouette effraie au sol, dans ce cas, pas d’alternative : il faut contacter en urgence un centre de soins. Les personnes qui vous répondront pourront vous guider et vous indiquer la marche à suivre selon la situation.
Pour trouver un centre de soins près de chez vous ou de l’endroit où vous vous trouvez, cliquez ici.
2 Réponses to “Jeune chouette tombée du nid : que faire ?”
28.09.2022
ArquebuseGrâce à tes observations, aujourd’hui c’est toi qui peut nous conseiller et nous apprendre.
18.07.2022
MARTINE LASSUSBonjour
Je suis inquiète pour mes bébés effraies. Ils habitent un pigeonnier au ras du toit. Et vu la chaleur ambiante je crains qu’ils en souffrent. De plus depuis 2 ou 3 soirs je ne vois plus les parents et ne les entends plus. Les petites effraies appellent dès l’approche de la nuit. Mais pas d’adultes dans les parages. Est ce que les deux parents nourrissent les petits ?
Que pouvez vous me conseiller ?