Plusieurs associations dénoncent une dangereuse escalade des cas de braconnage sur le lynx boréal dans le pays, sans qu’il n’y ait pour autant de réponse apportée par les autorités. Un plan national d’action est en cours d’élaboration pour assurer la conservation de l’espèce sur le territoire. Les chasseurs réclament, de leur côté, d’y participer via leur Programme Prédateur-Proies (PPP), décrié par les associations de défense du lynx.
Le braconnage, une menace réelle
Le 14 janvier 2020, l’association Alsace Nature a rapporté qu’un lynx avait été abattu à coup de fusil à Fellering, dénonçant au passage « le retour des méthodes de braconnage » dans le massif des Vosges, où le dernier lynx retrouvé tué par un braconnier remonte à 2003. L’information a été confirmée quelques jours plus tard par la préfecture. « Une autopsie réalisée par le laboratoire vétérinaire départemental du Haut-Rhin a révélé l’origine probable de la mort de l’animal par arme à feu », ont révélé les autorités dans un communiqué. Une enquête a été ouverte par le parquet de Mulhouse pour « destruction illégale d’espèce protégée ».
Ce tragique événement ne serait hélas pas un cas isolé. « Nous craignons le pire pour le lynx, compte tenu de la montée de l’intolérance pour l’espèce chez une certaine frange de la population, décomplexée par l’appui non déguisé de l’Etat au monde de la chasse », écrit en effet le Centre Athénas, très impliqué dans la protection du lynx.
Régulièrement, ce centre de soins basé dans le Jura recueille de jeunes lynx orphelins, dont les mères ont disparu, ainsi que des animaux criblés de plombs. En septembre 2019, il a par exemple soigné une femelle percutée par une voiture, et dont une radiographie a montré qu’elle avait reçu cinq plombs dans la tête.
« Depuis des années, nous dénonçons le braconnage dont sont victimes les lynx. Plus que jamais, cette espèce est menacée, car les gages donnés depuis deux ans au monde de la chasse encouragent le passage à l’acte et les extrémismes », explique l’organisme sur sa page Facebook.
Le lynx, un rival à la chasse aux ongulés ?
Pourquoi le lynx est-il braconné alors qu’il est protégé par la loi ? Pour les associations qui le défendent, il faut regarder du côté des chasseurs pour trouver des réponses. Car le lynx est accusé de prélever des chevreuils et chamois en trop grand nombre, laissant peu de gibiers aux chasseurs des environs.
D’ailleurs, c’est afin de déterminer la pression de la prédation du lynx sur ces populations d’ongulés que les fédérations des chasseurs du Jura, de l’Ain et de la Haute-Savoie ont soutenu la mise en place en 2017 du Programme Prédateur-Proies (PPP), comme cela a été fait par exemple pour le loup dans le Mercantour en 2004.
Le but du PPP : capturer tous les ans sur une période d’au moins 10 ans des lynx, des chevreuils et des chamois, les équiper de colliers GPS et déterminer les interactions entre ces individus ainsi que leur répartition spatiale. Le but étant, in fine, de « mieux gérer les populations par la suite », expliquent les responsables du projet au Progrès.
Les associations comme le Centre Athénas et Férus s’opposent à l’introduction de ce projet au futur plan national d’action pour l’espèce, car elles le jugent dangereux pour l’avenir du lynx boréal en France et sans fondement de conservation. « Le but des chasseurs est de démontrer à tout prix que les lynx consomment trop de chevreuils et les empêchent d’en chasser autant qu’ils le souhaitent. Et ainsi obtenir l’abattage des lynx », dénonce la coalition d’associations Rewild, dont fait partie notamment le Centre Athénas.
La difficile cohabitation avec le lynx
D’après Rewild, le pays accueille moins de 120 individus adultes aujourd’hui. Selon le dernier bulletin d’information du Réseau Lynx en 2018, tous sont répartis sur une aire d’environ 8 800 kilomètres carrés. Ces félins vivent principalement dans le Jura, où la cohabitation avec les humains est extrêmement difficile.
Depuis le retour de cette espèce dans les années 1970, plusieurs lynx sont morts directement à cause de l’homme, que ce soit par collisions routières et sur voie ferrée (58 % des décès de lynx entre 1974 et 2008) ou par braconnage (12 %). Jusqu’à présent, c’est donc surtout la mortalité routière qui était pointée du doigt.
2 Réponses to “Le silencieux braconnage du lynx en France”
10.02.2020
michele colaguoriok
10.02.2020
michele colaguorices animaux superbes il faut les protéger ,et il faut trouver quel que chose contre tous ces meurtriers.