C’est un bilan que plus mitigé qu’ont présenté l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l’ONG Traffic, ce lundi 22 août 2022, en matière de conservation des espèces africaines de rhinocéros. Malgré un braconnage qui diminue, cette menace demeure encore et toujours très forte pour la survie de ces grands herbivores.
Recul du braconnage depuis 2018
« Le déclin global du braconnage des rhinocéros est encourageant, mais cela reste une menace aiguë pour la survie de ces animaux emblématiques », a en effet déclaré Sam Ferreira, responsable scientifique du groupe de spécialistes des rhinocéros d’Afrique de l’UICN.
Le rapport de l’UICN et de Traffic affirme que le braconnage de rhinocéros ne cesse de reculer en Afrique, sur les deux espèces qui existent sur ce continent, à savoir le rhinocéros noir – classé en danger critique d’extinction – et le rhinocéros blanc – vulnérable. Ainsi, les taux de braconnage sur ce territoire sont passés de 5,3 % de la population totale de rhinocéros en 2015 à 2,3 % en 2021.
Pas suffisant
Bien que cette tendance baissière des cas de braconnage soit une bonne nouvelle en soi, les pressions exercées sur ces grands animaux restent si fortes que les experts de l’UICN n’ont guère pu se réjouir.
Sur la période 2018-2021, ce sont encore au moins 2707 rhinocéros noirs et blancs qui ont été tués par des braconniers en Afrique.
Dans 90 % des cas, cela s’est produit en Afrique du Sud, et notamment dans le célèbre parc national Kruger qui s’étend sur près de 20.000 km² à la frontière avec le Mozambique. Un parc hélas tristement associé au braconnage, alors que se tient ce mois-ci le procès d’un ancien ranger du Kruger, Rodney Landela, accusé de braconnage et arrêté en 2016 en possession de deux cornes de rhinocéros.
Rhinocéros blancs dans le viseur
Ce sont principalement les rhinocéros blancs, plus nombreux, qui en ont fait les frais. Le rapport de l’UICN et de Traffic souligne que si les rhinocéros noirs sont légèrement plus nombreux qu’il y a quelques années – en hausse de 12 % passant de 5495 à 6195 individus entre 2018 et 2021 – la population des rhinocéros blancs, en revanche, diminue. Depuis 2018, leur nombre a chuté de 12 %, passant de 18.067 à 15.942.
Au global, donc, si on regarde les deux espèces africaines, le nombre de rhinocéros d’Afrique a baissé depuis 2018, passant de 23.562 à 22.137 individus en 2021. Raison pour laquelle les experts tirent la sonnette d’alarme. D’autant qu’ils n’écartent l’éventualité d’une baisse des cas de braconnage ces deux dernières années en lien avec la pandémie de Covid-19.
« Certains pays africains ont vu les cas de braconnage réduire considérablement en 2020 par rapport aux années précédentes. Toutefois, à mesure que les restrictions de voyage liées au Covid ont été levées, beaucoup ont signalé de nouvelles augmentations des cas, comme l’Afrique du Sud avec 451 rhinocéros braconnés en 2021 et le Kenya, qui n’avait eu aucun cas en 2020 mais a eu 6 rhinocéros braconnés en 2021 », souligne le rapport.
Et les rhinocéros d’Asie ?
Egalement très menacées, les espèces asiatiques de rhinocéros – le rhinocéros indien, le rhinocéros de Java et le rhinocéros de Sumatra – ont également fait l’objet d’analyses de la part du groupe d’experts de l’UICN.
11 cas de braconnage ont été enregistrés sur des rhinocéros indiens – 10 en Inde et un au Népal – entre 2018 et 2021.
Malgré cela, les populations de rhinocéros indiens et celles de Java ont globalement augmenté depuis 2017, ce qui est une excellente nouvelle pour ces espèces très menacées. Les rhinocéros indiens sont désormais 4014, contre 3588 en 2018. Les rhinocéros de Java, quant à eux, sont passés de 65 à 76 individus.
En revanche, la situation du rhinocéros de Sumatra a empiré. Sa population sauvage – déjà très restreinte – a diminué de 13 % par an sur la période 2018-2021. Entre 40 et 78 individus en 2018, ils ne seraient plus que 34 à 47 à Sumatra aujourd’hui.
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