Parmi la faune aviaire nombreuse et colorée d’Australie, le casoar tient une place particulière et notamment par sa taille exceptionnelle – jusqu’à 1,80 mètre pour les femelles. Mais les couleurs flamboyantes de son cou et de ses excroissances ainsi que son imposante corne, composée de kératine comme celle du rhinocéros, sont tout aussi célèbres. L’espèce n’est pas considérée comme menacée par l’UICN, pourtant au niveau national, l’inquiétude grandit quant à l’avenir de ce bel oiseau emblématique dont le nombre décline.
Trois espèces de casoars en Asie et Océanie
Le casoar à casque tel que nous le connaissons en Europe – notamment au travers des parcs animaliers – est en fait le casoar du Sud ou casoar à casque, Casuarius casuarius, mais il existe deux autres espèces. Le casoar du nord, Casuarius unappendiculatus, aussi appelé casoar à cou doré ou casoar à un seul casque et le casoar nain ou Casuarius bennetti.
Le casoar à casque a beau être dit « du sud », il vit dans le nord-est de l’Australie, mais aussi en Nouvelle-Guinée et sur les îles de Aru et Seram en Indonésie. Ses cousins le casoar à cou doré et le casoar nain ne sont, eux, pas visibles en Australie, uniquement en Nouvelle-Guinée. C’est sans doute pourquoi nous les connaissons moins.
Ces trois oiseaux ne sont pas considérés comme menacés aujourd’hui, mais ils l’étaient encore il y peu.
Il resterait moins de 2 000 casoars du sud
Habitant des forêts tropicales du Queensland dans le nord-est de l’Australie, le casoar du sud est bien un oiseau. Pourtant, ne le cherchez pas dans la canopée mais plutôt au sol. Il fait partie de ces volatiles aptères qui ont perdu avec le temps et l’évolution la capacité de voler. La population de casoars à casque en Australie serait aujourd’hui comprise en 1000 et 2000 oiseaux alors que l’UICN l’estimait à environ 4000 individus en 2014.
Les casoars étaient bien plus nombreux par le passé mais un déclin rapide a frappé l’espèce – dont on estime qu’il resterait environ 20 % seulement de l’habitat. Ce déclin s’est poursuivi jusqu’en 1988, date à laquelle les forets humides de Queensland ont été classées au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. En Nouvelle-Guinée, et bien qu’il n’existe aucun chiffre fiable, l’espèce serait plus répandue mais aussi autorisée à la chasse.
Collision avec les voitures et attaques de chien
En Australie, depuis la fin du XXème siècle, la population semblait se stabiliser mais des associations de protection du casoar dénoncent une mortalité qui repart à la hausse. Les responsables : la circulation routière et la prédation des chiens sur les jeunes casoars.
Le décès de trop semble avoir été la mort en juin 2020 de Mrs C, une femelle bien connue des habitants de South Mission Beach, une petite ville côtière. Percutée par une voiture à très grande vitesse sur une route limitée à 40 km/h, l’oiseau est décédé des suites de ses blessures. Sauf qu’il s’agissait d’une célébrité locale, bien connue pour se promener régulièrement dans les jardins des habitants et sur les aires de caravanes, une égérie visible sur les campagnes de communication touristiques.
Depuis l’accident, les associations locales de protection des casoars redoublent d’initiatives. Le gouvernement de l’État du Queensland a également lancé un projet historique en juillet : la construction d’un pont végétal qui permettra aux casoars de traverser une route à plusieurs voies.
Le rôle des casoars dans la diversité biologique des forêts humides du Queensland
Au-delà de l’attachement des habitants, les casoars ont un rôle important dans la biologie de leur habitat. « Si l’oiseau disparaît, la forêt tropicale disparaît. On verrait une disparition de certains types d’arbres ou de plantes », a déclaré le naturaliste Jeff Larson de Community for Coastal and Cassowary Conservation dans le tntribune.
Ces oiseaux sont omnivores et se nourrissent donc de petits vertébrés, de végétaux mais principalement de fruits. En parcourant la forêt, ils disséminent dans leurs excréments les graines des futurs arbres fruitiers. Ils peuvent ainsi disperser les graines d’une même arbre sur un rayon de plus d’un kilomètre. Les excréments servant également d’engrais naturel, les casoars sont en fait les jardiniers de la forêt humide. S’ils venaient à disparaître du Queensland, on pense qu’environ 150 espèces de végétaux pourraient être amenés à s’éteindre avec eux. De quoi radicalement changer le visage de ces forêts classées.
2 Réponses to “Casoar : l’oiseau emblématique pourrait-il disparaître d’Australie ?”
30.10.2021
ZeganadinChasse interdite sur les casoars. Les chasseurs n’ont rien à faire ici. La préservation est à ce prix. Merci
04.02.2021
PerduJe suis vraiment désolée par cette information. La suppression des zones humides est une très mauvaise idée. De ce fait ce dérèglement provoque la disparition partielle ou totale de la faune et de la flore. Ceci est très regrettable.