Si les espèces asiatiques, et notamment le pangolin de Malaisie, sont les plus menacées des différentes espèces qu’il existe à travers le monde, les dangers qui menacent ceux d’Afrique sont trop souvent sous-estimés. Une étude inédite sur la chasse des pangolins en Afrique centrale révèle des chiffres inquiétants.
Une hausse de 150 % de la chasse aux pangolins
Encore inconnus du grand public il y a quelques années, les pangolins sont aujourd’hui tristement célèbres pour être les mammifères les plus braconnés sur Terre. Il en existe huit espèces, dont quatre en Afrique, classées « vulnérables à l’extinction » par l’UICN :
- le pangolin à longue queue = Phataginus tetradactyla
- le pangolin commun = Phataginus tricuspis
- le pangolin géant = Smutsia gigantea
- le pangolin de Temminck ou pangolin terrestre du Cap = Smutsia temminckii
Pour la première fois, une étude collaborative sur l’exploitation de ces espèces vient de voir le jour. Rédigé par un collectif d’universités et d’ONG, dont celles de Cambridge, de Copenhague, et Wildlife Conservation Society, ce document affirme que le nombre de pangolins chassés en Afrique centrale a augmenté de 150 % entre 1970 et 2014. La part des pangolins parmi l’ensemble des vertébrés tués a augmenté ainsi de 0.04 en 1972 à 1.83 % en 2014.
Pourquoi une telle frénésie ?
L’étude révèle un autre chiffre : entre 41 000 et 2 710 000 pangolins sont tués chaque année dans les forêts du Cameroun, de République centrafricaine, de Guinée équatoriale, du Gabon et des deux Congo. Le pangolin de Temminck n’est pas concerné par ces chiffres, son aire de répartition ne comprenant pas l’Afrique centrale.
Si autant de pangolins sont capturés, c’est parce que leur prix sur le marché a été multiplié par 5,8 pour le pangolin géant et 2,3 pour les deux autres espèces depuis 1990. Pourquoi une telle frénésie ? Les auteurs de l’étude craignent malheureusement qu’elle soit due à la diminution des populations de pangolins asiatiques. Les espèces africaines étant plus courantes et moins chères, on observe un déplacement de la demande et une augmentation des flux commerciaux entre l’Afrique et l’Asie. En 2013, 53 tonnes d’écailles et de peaux de pangolins étaient saisies en Asie, en provenance d’Afrique. Une situation qui malheureusement a peu de chance de s’améliorer à court termes malgré l’inscription en annexe I de la CITES de l’ensemble des espèces.
Toutefois, il est bon également de rappeler que 50 % des pangolins braconnés ne sont pas envoyés en Asie et sont consommés. 41 % seulement sont vendus et 9 % sont offerts, signe que la première mesure à prendre pour sauver ces mammifères est de sensibiliser les locaux.
Daniel Ingram, de l’Université de Sussex et auteur principal de l’étude, garde espoir : « Notre nouvelle étude montre que les pangolins africains sont menacés. Nous avons maintenant la possibilité de nous assurer que ces espèces ne suivent pas le déclin des pangolins asiatiques. Si nous n’agissons pas maintenant pour mieux comprendre et protéger ces animaux charismatiques, nous pourrons les perdre dans le futur. »
Pour rappel, le pangolin de Chine a perdu 90 % de sa population depuis 1960.
1 réponse to “La chasse aux pangolins en hausse de 150 % en Afrique centrale”
25.07.2018
ALEXANDREQuelle crédibilité accorder à une étique qui chiffre entre 41 000 et 2 710 000 pangolins tués chaque année ?
Franchement, ce n’est pas sérieux.
Cordialement.