Voilà bien longtemps que cette chouette au visage en cœur côtoie l’homme en toute discrétion, s’installant dans les vielles granges et clochers d’église. Son autre nom, d’ailleurs, est l’effraie des clochers, car il n’est pas rare de la croiser dans ces vieilles bâtisses. Si elle vit parmi nous, elle reste toutefois méconnue et a longtemps été mal-vue. Pourtant, de nombreuses menaces pèsent sur elle, et la chouette effraie mérite toute notre attention pour être préservée. La LPO vient d’ailleurs de lancer une campagne pour aider cette dame blanche.
Mortalité massive sur les routes
Il faut dire qu’il y en a besoin. « Beaucoup de ces chouettes n’atteignent jamais les 5 ans. A vrai dire, la mortalité des jeunes est importante, et un grand nombre meurt au cours de leur première année d’existence », regrette Noémie Furon de la LPO. Une mortalité juvénile si importe qu’elle n’est pas compensée par le rythme soutenu de reproduction de cette espèce, capable d’avoir une ponte par an avec trois à cinq œufs.
La faute au mode de chasse de la chouette effraie et au trafic routier. A la nuit tombée, cette chouette quitte en effet son abri pour chasser campagnols et petits rongeurs. Pour les repérer, elle se positionne souvent au niveau des haies situées près des routes. Lorsqu’elle aperçoit une proie, parfois dans les phares d’une voiture, elle plonge sur elle pour la capturer… et se fait percuter.
D’après plusieurs études, environ 20.000 chouettes effraies seraient tuées chaque année sur les routes en France. « Ce qui en fait l’oiseau le plus affecté par les collisions routières dans notre pays », souligne Allain Bougrain Dubourg, le président de la LPO.
A cela s’ajoute un habitat naturel qui disparaît. La chouette effraie s’installe volontiers dans les anciennes bâtisses inoccupées – ou peu occupées – par l’homme. On la retrouve dans les vieilles granges, les greniers abandonnés, les anciens pigeonniers et les clochers d’église. Des constructions qui, de plus en plus, sont rénovées ou réaménagées, forçant la chouette effraie à déménager. « Cette espèce ne vit pas en milieu forestier comme d’autres chouettes et hiboux. Son habitat naturel, maintenant, ce sont les villages, les bâtiments… près de l’homme », rappelle Noémie Furon.
Anciennes superstitions
Une cohabitation qui ne lui a jamais beaucoup réussi. Avec ses apparitions nocturnes, son cri effrayant – dont elle tire son nom – et ses survols bien souvent au-dessus des cimetières, celle qu’on surnomme « la dame blanche » a longtemps traîné une très mauvaise réputation.
« Dans certains coins de la France, on pensait qu’elle était annonciatrice d’une mort à venir », raconte Noémie Furon. Alors, pour tenter de conjurer le mauvais sort, les paysans clouaient des cadavres de chouettes effraies sur les portes de leurs grandes.
Heureusement, ces superstitions ont cessé. Aujourd’hui, on reconnaît plus volontiers l’importance de préserver cette espèce. Comme tous les rapaces de France, la chouette effraie est protégée. En tant que prédateur naturel des campagnols et petits rongeurs, elle est d’ailleurs une alliée de poids pour les agriculteurs et jardiniers, ainsi que pour lutter contre la propagation de maladies qui transitent par les rongeurs.
Aider à la préservation de la chouette effraie
Quelques gestes simples suffiraient à améliorer sa situation en France. A commencer par la réduction de la vitesse sur les routes, en particulier la nuit. Un conseil qui vaut pour les chouettes effraies, mais aussi pour tous les animaux sauvages. Le lynx, par exemple, est lui aussi victime de collisions routières mortelles dans les Alpes et le Jura. Tout comme le loup, le hérisson, la salamandre et autres amphibiens, etc. En plus, lever le pied permet de réduire sa consommation de carburant et le risque d’accident.
Installer des nichoirs à effraie est également d’un grand secours. « Pour les personnes qui ne veulent pas en accueillir dans les combles par exemple, il est possible d’installer un nichoir adapté pour, quand même, avoir des chouettes effraies chez soi », explique Noémie Furon.
Idem dans les clochers d’église qui, pour beaucoup, ont condamné l’accès afin d’éviter la venue de pigeons. « Il existe des nichoirs adaptés qui permettent aux chouettes effraies d’entrer, tout en empêchant l’installation d’autres oiseaux », continue la membre de la LPO.
L’association protectrice des oiseaux proposent des nichoirs dans sa boutique en ligne. Il est aussi possible d’en construire un soi-même, à condition de respecter certains paramètres. Plus d’infos sur les règles à suivre pour construire un nichoir à effraie ici : plan de montage.
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