Du 3 au 14 mars dernier, Bangkok a accueilli la Convention internationale sur le commerce des espèces menacées de la faune et de la flore (CITES). Réunie tous les trois ans, cette convention a pour rôle compliqué mais essentiel d’établir une législation commune sur l’exploitation des espèces menacées.
Pour son 40e anniversaire, 70 propositions ont été étudiées par plus de 150 gouvernements, 55 ont été adoptées pour 9 rejets et 5 propositions retirées.
1 – La faune :
Les Perdants :
L’ours polaire, dont nous avions déjà parlé sur le site, n’a pas vu son niveau de protection augmenter et le Canada conservera le droit de commercialiser des produits à base d’ours. L’argument avancé : La protection du mode de vie Inuit. Résultat : près de 400 ours polaire seront retirés chaque année de leur milieu naturel, ce qui contribuera au déclin de l’espèce.
A l’inverse des raies mantas, les deux espèces de raies d’eau douce de Colombie ne verront pas leur nom inscrit à l’annexe II de la CITES. Elles n’ont pas réussit à atteindre les deux tiers des voix nécessaires pour faire passer une proposition.
Enfin, les grands perdants de cette édition sont les fauves, certains membres de la CITES ayant même parlé « d’un échec lamentable ». Aucune protection accrue pour les trois années à venir. Pourtant de nombreuses espèces de tigres ont leurs effectifs au plus bas…
Les gagnants :
Tout d’abord, les raies mantas ont enfin bénéficié d’un soutien ô combien attendu. L’espèce a été ajoutée aux annexes II de la CITES. Au cours des dernières années, ces animaux ont subi de plein fouet les effets d’une surpêche agressive qui a fortement réduit ses effectifs. La mise en place d’une réglementation va peut être sauver l’espèce mais il faudra du temps puisqu’une raie ne donne naissance à un petit que tous les deux ou trois ans.
44 espèces de tortues d’eau douce, présentes en Asie et en Amérique du Sud, ont vu leur degré de protection accru pour lutter contre leur surexploitation sur le marché illégal des animaux domestiques en Asie.
Et enfin, les grands gagnants de cette 16 ° édition sont incontestablement les requins. Cinq nouvelles espèces ont été ajoutées aux annexes II : trois espèces de requins marteaux, le requin taupe et le requin longimane. Ces propositions ont été validées malgré la forte réticence des pays asiatiques, grands consommateurs d’ailerons. Les pays exploitant ces ressources désormais protégées ont maintenant 18 mois pour changer leur législation et mettre en place un système de quotas et de permis de pêche réglementés.
2 – La Flore :
Les plantes n’ont pas été en reste cette année puisque ce sont plus de 200 espèces qui ont été inscrites dans les annexes de la CITES. La protection des forêts est essentielle et double puisque protéger les plantes, c’est protéger l’environnement nécessaire à la survie de la faune. Cette nouvelle réglementation à pour but de freiner l’abattage illégal des forêts tropicales à des fins commerciales.
3 – Une législation qui se renforce :
Le contexte actuel exigeait plus. La CITES a du se pencher sur les problèmes d’exploitation illégale des espèces menacées. Ces dernières années ont vu les réglementations se durcir autour d’espèces emblématiques mais l’augmentation du braconnage et du commerce illégal détruisent les efforts de protection. L’enjeu de cette convention était donc aussi de discuter du profil de ce braconnage, des meilleures solutions pour le combattre et enfin des financements qui permettront d’y mettre fin. Il a été mis en évidence que les réseaux qui exploitent illégalement les ressources de la planète sont plus organisés et mieux financés que ce que l’on pensait. De plus, ces organisations d’envergure internationale contournent facilement les lois étatiques.
Une forme de riposte a été discutée avec les organismes de lutte contre la criminalité ainsi que le rôle prépondérant que doivent jouer les douanes dans ce combat. INTERPOL, l’Organisation Mondiale des Douanes, la banque mondiale et l’office des Nations Unies contre la drogue et le crime ont notamment pris part au débat. Des fonds vont être débloqués pour former les douaniers.
Enfin, aucune amélioration directe de la protection des rhinocéros ou des éléphants n’a été actée. L’année 2012 a pourtant été catastrophique. Le commerce de l’ivoire, alimenté par le braconnage, ne s’est jamais aussi bien porté. C’est à ce niveau que la CITES a décidé d’agir. Des pays se sont notamment vus rappeler à l’ordre. Le Vietnam, principal consommateur d’ivoire, doit mettre en place un plan pour réduire sa demande d’ici 2014 et le Mozambique doit revoir sa législation pour être plus strict envers les braconniers
En conclusion, 343 nouvelles espèces ont fait leur apparition en annexe II de la CITES et 4 espèces ont été surclassées en annexe I. C’est bien, certes, mais il est trop tôt pour dire si c’est suffisant…
1 réponse to “CITES : Le bilan de Bangkok”
31.03.2018
Jean Christophe germainSite très intéressant mais que fait là une pub pour les pneus .produit très polluants à consommer et à produire ?