Certaines espèces animales utilisent des motifs de couleurs vives pour éloigner les prédateurs – un phénomène connu sous le nom d’« aposématisme ». Les scientifiques réfléchissent depuis longtemps à la manière dont les animaux aposématiques peuvent survivre suffisamment longtemps pour que cette coloration de signal d’avertissement évolue avant que les prédateurs n’apprennent à les éviter.
Aujourd’hui, une équipe de scientifiques de l’Université Carleton au Canada et de l’Université nationale de Séoul en Corée du Sud a découvert qu’au cours de l’évolution, l’aposématisme apparaissait par étapes intermédiaires. Initialement, la coloration n’était visible que lorsqu’un animal fuyait ou affichait intentionnellement des motifs de couleurs normalement cachés.
Les adaptations évolutives visant à éviter d’être traqués par les prédateurs ont conduit à une variation considérable de la diversité des modèles de couleurs des animaux. Alors que certaines espèces ont développé une coloration de camouflage, leur permettant de se fondre dans l’arrière-plan afin d’éviter d’être détectées, d’autres ont évolué pour présenter des couleurs vives comme signaux d’avertissement évidents annonçant des mécanismes de défense tels que le venin, la toxicité ou l’agressivité.
Les chercheurs ont effectué une analyse phylogénétique à grande échelle de plus de 1 400 espèces d’amphibiens présentant une coloration d’avertissement connue selon neuf modèles évolutifs différents. Ils ont découvert que la transition évolutive de la coloration de camouflage à l’aposématisme était rarement directe et émergeait très probablement à travers une série d’étapes intermédiaires au cours desquelles la coloration d’avertissement était d’abord cachée et seulement sélectivement visible.
Selon les scientifiques, les prédateurs rencontrant de tels signaux d’avertissement cachés ont probablement continué à traiter avec prudence les mutants aposématiques permanents, un phénomène exerçant une pression sélective pour que la coloration d’avertissement devienne une adaptation permanente.
« Les études macroévolutionnaires sur la coloration animale devraient prendre en compte ces signaux cachés sous-estimés, qui sont à la fois courants et répandus dans le règne animal, pour faire progresser notre compréhension de l’évolution des défenses anti-prédateurs », ont écrit les chercheurs.
« En effet, de nombreux taxons animaux tels que les serpents, les poissons et une variété d’arthropodes comprennent des espèces cryptiques, aposématiques et possédant des signaux cachés et visibles. Nous encourageons donc des études de suivi sur d’autres taxons pour évaluer la généralité de l’hypothèse du tremplin comme voie vers l’aposématisme.
L’étude est publiée dans la revue Science.
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Par Andreï Ionescu, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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