De nombreuses études ont démontré que les pesticides nuisent à la santé des sols agricoles et des cours d’eau. Cependant, la manière dont les organismes vivants de nos écosystèmes réagissent à une utilisation réduite de pesticides n’est pas encore clairement comprise. Une équipe de recherche de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) a maintenant reçu une subvention de 1,3 million de dollars pour étudier cette question.
« Ces connaissances, jusqu’à présent incomplètes ou inexistantes pour les mélanges de pesticides, sont essentielles pour accompagner et justifier la transition vers une agriculture durable et respectueuse de l’environnement », explique la chargée de projet Valérie Langlois, experte en écotoxicogénomique à l’INRS. « Nous devons clairement démontrer que la réduction de l’utilisation des pesticides présente des avantages significatifs pour les sols et l’eau d’un écosystème et un effet limité sur le rendement agricole. »
La professeure Langlois et son équipe se rendront chez des producteurs partenaires en transition vers l’agriculture biologique pour étudier la diversité des écosystèmes et les quantités de pesticides dans les sols et dans une variété d’organismes. Ils visiteront également les cours d’eau agricoles pour échantillonner des algues et des invertébrés microscopiques afin d’évaluer la santé des milieux aquatiques et de mesurer l’accumulation de pesticides dans les organismes qui y vivent.
Des expériences seront également menées en laboratoire et dans des mésocosmes (systèmes expérimentaux extérieurs simulant des milieux naturels) pour tester la façon dont les organismes réagissent à divers scénarios de réduction des pesticides. En surveillant divers indicateurs biologiques, les scientifiques visent à mesurer l’impact de la réduction de l’utilisation de pesticides sur les organismes terrestres et aquatiques.
« Ces expériences contrôlées nous aideront à mieux comprendre la toxicité des pesticides et de leurs mélanges sur les organismes et à estimer leur réponse à un changement de pratiques agricoles », explique Isabelle Lavoie, membre du projet et experte en biosurveillance des écosystèmes d’eau douce à l’INRS. « Cela nous aidera également à cibler les pesticides ou les mélanges les plus préoccupants afin que de meilleures décisions puissent être prises concernant leur utilisation. »
Les résultats de ce projet aideront les agronomes et les agriculteurs à mieux gérer leurs champs en leur offrant des lignes directrices claires pour choisir les meilleurs types et quantités de pesticides. De plus, ils serviront également à élaborer des critères de conservation des milieux naturels et des organismes qui les habitent. Enfin, les connaissances acquises grâce à cette recherche favoriseront probablement une meilleure surveillance environnementale à l’aide de tests de toxicité très efficaces pour mieux évaluer les effets des pesticides sur une diversité d’écosystèmes.
Par Andreï Ionescu, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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