
La nouvelle est tombée comme un coup de massue sur les défenseurs de l’environnement qui militent depuis des années pour empêcher ce qui est en train de se produire : le gouvernement de République Démocratique du Congo (RDC) s’apprête à autoriser l’exploitation pétrolière en deux endroits du pays. Problème : ces zones se situent dans le parc national des Virunga et le parc national de la Salonga, deux sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, considérés comme en péril par l’Organisation des Nations unies. Ces territoires sont également les derniers bastions d’espèces en danger critique d’extinction comme les gorilles des montagnes et les bonobos.
Un accord dénoncé comme opaque
Le gouvernement a annoncé le 29 juin dernier vouloir « déclasser par décret une zone à intérêt pétrolier », autrement dit lui retirer son caractère protégé pour permettre à une entreprise privée d’exploiter les ressources qui s’y trouvent. La zone occupe, d’après le compte-rendu publié par le conseil des ministres du Congo-Kinshasa cité par l’AFP, 172 075 hectares des Virunga, soit plus de 16 % de la surface totale de ce parc classé, ainsi qu’une partie du parc national de Salonga. Pour ce dernier, aucune surface n’a en revanche été communiquée. Le pouvoir en place estime qu’uniquement dans les Virunga, « les réserves pétrolières s’élèvent à 6 758 milliards de barils ». De quoi forer pendant un moment avant d’épuiser tout le stock.
Si l’annonce a été rendue publique récemment, l’affaire est en cours depuis plusieurs mois : le 1er février 2018, le président Joseph Kabila a en effet autorisé la Compagnie Minière du Congo (COMICO) à explorer une partie de la forêt tropicale congolaise, dont un bloc se situe partiellement sur la Salonga. Impossible en revanche de connaître les détails de cet accord resté secret ni même qui se cache véritablement derrière COMICO, ainsi que le dénonce Global Witness. « L’historique et l’actuelle gouvernance de COMICO ne sont pas claires », s’inquiète l’ONG dans un rapport publié en mai 2018. 40 % du capital serait détenu par une société appartenant à l’homme d’affaires grec Adonis Pouroulis, patron de Petra Diamonds et actionnaire dans de nombreuses entreprises ayant des activités en Afrique (or, platine, lithium, terres rares, etc.), mais le reste de l’actionnariat reste flou. L’ONG avance l’hypothèse de connivences entre le gouvernement en place et cette société, en vue des élections prévues en décembre 2018.
Ce que l’on sait, c’est que le ministre des hydrocarbures et son homologue à l’environnement et au développement durable vont constituer prochainement une commission pour préparer le déclassement d’une première zone par décret. Une deuxième commission suivra pour l’autre zone.
L’habitat des derniers représentants d’espèces menacées
Au-delà de ce climat politique tendu, c’est surtout de la faune et de la flore congolaises dont il est question, car les sites concernés par les forages abritent une biodiversité exceptionnelle.
Deuxième plus grande forêt tropicale au monde
Le bassin du Congo est en effet extraordinaire et il a su rester relativement préservé en comparaison avec d’autres régions de la planète. Le parc national de la Salonga, classé à l’Unesco depuis 1984, est la plus grande forêt tropicale protégée au monde avec ses 36 000 km² de superficie. De son côté, les Virunga est le plus ancien parc naturel d’Afrique. Il s’étend au nord-est du pays, le long de la frontière avec l’Ouganda et le Rwanda, sur environ 7 800 km². Ces deux sites sont des emblèmes de la fragile biodiversité qui existe dans cette partie du monde. La forêt tropicale du Congo est la deuxième plus grande de la planète après l’Amazonie.
Des grands singes menacés

Bonobo
Ces territoires sont les derniers refuges d’espèces menacées comme l’okapi, les éléphants de forêt et les paons du Congo, mais aussi des grands singes comme le bonobo – 40 % de sa population sauvage vit dans la Salonga –, le gorille des montagnes et le chimpanzé commun. Ces trois derniers sont au bord de l’extinction, après avoir subi pendant des décennies un braconnage intensif qui se poursuit encore aujourd’hui. Viande de brousse, trophées, commerce des animaux de compagnie… Un petit bonobo, un jeune chimpanzé ou les crocs d’un gorille mâle adulte s’échangent à prix d’or sur le marché noir, ce qui attise encore de nombreuses convoitises.
Face à la montée des violences dans la région, et plus particulièrement dans le parc des Virunga où une ranger a été tuée et deux touristes britanniques enlevés en mai 2018, le site a annoncé début juin sa fermeture aux visiteurs jusqu’en 2019 minimum. Une mauvaise nouvelle de plus pour les équipes des Virunga qui devront, en plus, exercer bientôt leur difficile métier de protection et de surveillance avec de nouveaux voisins : les compagnies pétrolières.
En 2014, les militants avaient réussi à faire reculer SOCO, une autre compagnie pétrolière cotée à la Bourse de Londres, autorisée par Kinshasa à forer dans une zone baptisée « le bloc V », chevauchant le parc national des Virunga. Elle avait même commencé à réaliser des tests sismiques avant de renoncer face à la pression des activistes locaux et internationaux. En sera-t-il de même cette fois ?
par Jennifer Matas
3 Réponses to “Les compagnies pétrolières autorisées à forer chez les derniers gorilles du Congo”
15.07.2018
poincignonquand l’ homme aura tué toutes les bêtes et détruit toutes les plantes , il se rendra compte que l’ argent ne se mange pas
13.07.2018
taziil fut un temps où l’on pouvait penser que le fait d’etre classé à l’Unesco signifiait « intouchable »…je dit bien qu’on pouvait le penser …aujourd’hui , les droits ne semblent plus exister que sur papier, les lois sont franchissables …l »argent a toujours dirigé le monde,tout acheté,et ça a toujours été au dépend de la planète , de la biodiversité,de tout ce qui fait l’essence meme de notre vie à tous..peu importe que ces grands singes soient en voie d’extinction et que le sort qui les attend soit peut-etre pire que celui des Orang Outan pour l’huile de palme …l’argent asseche le coeur…. quand tous les esprits s’eveilleront il sera sans doute trop tard…la planete ne nous appartient pas …Un grand chef Sioux a dit un jour »Je peux me rappeler l’époque où les bisons étaient si nombreux qu’on ne pouvait les compter, mais les Wasichus (hommes blancs) les ont tués tant et tant qu’il ne reste que des carcasses là où ils venaient paître auparavant. Les Wasichus ne les tuaient pas pour manger; ils les tuaient pour le métal qui les rend fous et ils ne gardaient que la peau pour la vendre. Parfois ils ne les dépeçaient même pas. Ils ne prenaient que les langues et j’ai entendu parler de bateaux-de-feu descendant le Missouri chargés de langues de bison séchées. Parfois ils ne prenaient même pas les langues; ils les tuaient simplement pour le plaisir de tuer. Ceux qui ont fait cela étaient des fous. Quand nous chassions le bison, nous ne le faisions que selon nos besoins. »
13.07.2018
DecampQuelle honte!!!laisser donc vivre ces bêtes svp vous détruisez tout!!!C’est bien triste…