Bonne nouvelle pour les bonobos ! L’association les Amis des Bonobos au Congo (ABC), plus connue en France sous le nom Lola Ya Bonobo, a réintroduit en juillet un groupe de 17 primates sur un site protégé. Une opération qui a demandé deux ans de préparation et qui s’est heurtée à de nombreux obstacles.
La plus grande opération de réintroduction des Amis des Bonobos au Congo
Quand Claudine André crée l’association les Amis des Bonobos au Congo en 1994, son objectif est très vite de pouvoir réintroduire les singes dans leur habitat naturel. Une fois le site trouvé – Ekolo Ya Bonobo, une forêt communautaire d’environ 20 000 hectares – six premiers bonobos sont relâchés en 2009. Presque 10 ans plus tard, l’association vient de connaître la plus grande réintroduction de son histoire : 17 bonobos, un groupe composé d’individus de tous les âges et de nombreuses femelles avec petits. Les animaux ont été transférés le dimanche 21 juillet depuis le sanctuaire de Lola ya Bonobo jusqu’à Totaka, île d’environ 50 hectares située en face du site de relâcher et achetée en 2011 pour permettre d’effectuer la période de quarantaine nécessaire avant la réintroduction. Un voyage de plus de 800 km entre camion, avion et radeaux qui a bien failli ne jamais se faire.
Une réintroduction reportée trois fois
Il aura fallu deux ans pour constituer le groupe de bonobos et obtenir une cohésion de groupe primordiale avant toute réintroduction. Chez les bonobos – Pan paniscus, espèce en danger –, ce sont les femelles qui dominent la hiérarchie et leur alliance permet d’assurer la stabilité au sein d’un groupe, un équilibre qui peut demander du temps avant de naître. Annoncée en 2017, des complications administratives ont obligé l’équipe à repousser à 2018 la libération des bonobos. Prévue une seconde fois en avril, la réintroduction des bonobos est à nouveau reportée à cause de l’arrivée d’Ebola en République Démocratique du Congo, au printemps de la même année. Enfin, les autorités congolaises donnent leur feu vert pour un transfert au 15 juillet mais une des femelles contracte la grippe quelques jours avant, empêchant tout transport. Une semaine plus tard, la malade étant remise, le transfert depuis le sanctuaire jusqu’au site de quarantaine est organisé. Heureusement, l’équipe avait pu prévoir la logistique nécessaire à une telle opération. « Il a fallu renforcer la clôture de l’enclos d’isolation, construire des radeaux pour le transport par rivière, faire des marches, plateformes et marchepieds pour faciliter le chargement et le déchargement des cages de transport et tant d’autres petits détails qui seront si importants pour que tout se déroule bien le jour J », explique l’association dans sa newsletter.
800 kilomètres à travers la République Démocratique du Congo
Le voyage des 17 bonobos était en effet bien périlleux, notamment pour le petit de Malaïka né seulement quelques jours avant le transfert. Légèrement sédatés, les animaux sont d’abord amenés par camion dans des cages de transport jusqu’à l’aéroport de Kinshasa. Après une heure de vol, ils atterrissent à Basankusu, dans le nord-est de la République Démocratique du Congo. Puis, les bonobos sont transférés au port, où les cages sont installées sur des radeaux spécialement conçus pour supporter leur poids sur la rivière Lopori. Leur voyage s’achève sur l’île de Totaka où ils resteront plusieurs mois en quarantaine avant un tout dernier voyage vers l’île voisine : Ekolo Ya Bonobo. En tout, les bonobos auront voyagé plus de 800 km dans le calme, sous la surveillance attentive de leurs soigneurs, d’un vétérinaire et de Fanny Minesi, fille de Claudine André et directrice générale des Amis des bonobos du Congo.
Les précédentes réintroductions sur Ekolo Ya Bonobo, en 2009 et 2011, ont été couronnées de succès puisque les bonobos n’ont plus besoin de l’Homme pour les nourrir et que des petits sont nés. En toute liberté.
par Cécile Arnoud
Edit du 9 avril 2021 : les bonobos n’ont toujours pas quitté l’ile de Totaka alors qu’ils devaient y être pour « une courte période de quarantaine et de réadaptation à la vie sauvage. Suspendu à cause de la pandémie, le relâcher aura lieu en mai 2021, pic de la fructification dans la réserve. » explique Lola Ya Bonobo.
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