Pour suivre l’état de conservation d’une espèce, il y a l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Pour encadrer ou interdire son commerce à l’échelle mondiale, il y a la CITES. Justement, cette dernière se réunira au mois de mai au Sri Lanka afin de prendre de nouvelles décisions concernant la protection des animaux en voie d’extinction.
Pour résumer, la CITES dispose de trois niveaux de protection :
- L’annexe I qui interdit tout commerce international – sauf à des fins de recherche scientifique – d’espèces considérées, de fait, comme les plus menacées ;
- L’annexe II qui autorise le commerce d’espèces seulement aux personnes disposant d’un permis d’exportation ou d’un certificat de réexportation ;
- L’annexe III, plus souple, autorise le commerce international des espèces inscrites sur cette annexe à condition de présenter un permis ou les certificats exigés.
La COP18, un événement très attendu
Entre la réalité du terrain – une espèce peut très bien voir sa population sauvage fortement décliner en un court laps de temps – et les réglementations mondiales, il peut s’écouler du temps.
Voilà pourquoi la COP18 de la CITES est attendue avec impatience par les défenseurs des animaux sauvages. Les décisions qui y seront prises pourront aider – ou pas selon ce qui est décidé – à la conservation d’espèces menacées.
Lors de la précédente édition – la COP17 qui s’était tenue en Afrique du Sud en 2016 – la CITES avait par exemple semé le trouble quant à sa position sur le commerce des éléphants d’Afrique. D’un côté, le comité avait voté contre l’interdiction, puis de l’autre, il avait refusé à deux pays d’assouplir leurs règles en la matière.
Les propositions d’amendement
En attendant que se réunisse le comité de la CITES au mois de mai, voici les 57 propositions qui seront discutées et, potentiellement, adoptées.
Faune menacée en Afrique
En ce qui concerne les animaux vivant en Afrique, il est proposé plus de protection pour :
- La girafe (Giraffa camelopardalis) avec une inscription à l’annexe II
- Les populations d’éléphants d’Afrique (Botswana, Namibie, Afrique du Sud et Zimbabwe : transfert de l’annexe II à l’annexe I
- Le mammouth laineux (Mammuthus primigenius) – espèce disparue mais dont le commerce de l’ivoire continue d’exister – avec une inscription à l’annexe II
- La grue couronnée (Balearica pavonina) : de l’annexe II à I
- La tortue crêpe (Malacochersus tornieri) : de l’annexe II à I
- Les requins mako (Isurus oxyrinchus et Isurus paucus) : inscription à l’annexe II
- Le poisson-guitare (Glaucostegus et sous-espèces) : inscription à l’annexe II
- Les raies Rhinidae : inscription à l’annexe II
- Les concombres de mer : inscription à l’annexe II
- Le gecko Paroedura androyensis : inscription à l’annexe I.
L’organisme pourrait en revanche assouplir les réglementations pour :
- La population namibienne du rhinocéros blanc du Sud (Ceratotherium simum simum) passerait de l’annexe I à II
- La population zambienne de l’éléphant d’Afrique : transfert de l’annexe I à II.
Faune menacée en Amérique du Sud
Les recommandations pour plus de protection envers la faune menacée d’Amérique du Sud concernent :
- Le gecko à griffes des Grenadines (Gonatodes daudini) avec son inscription directement à l’annexe I
- Les iguanes à queue épineuse (toutes les espèces du genre Ctenosaura) : inscription à l’annexe II
- Les grenouilles de verre (toutes les espèces du genre Hyalinobatrachium, Centrolene, Cochranella et Sachatamia) : inscription à l’annexe II
- Les tritons du genre Paramesotriton et Tylototriton : inscription à l’annexe II
- Le papillon Parides burchellanus : inscription à l’annexe I.
La CITES pourrait adopter plus de souplesse pour :
- La vigogne (Vicugna vicugna) d’Argentine avec un passage de l’annexe I à II
- Idem pour la population mexicaine du crocodile américain (Crocodylus acutus).
Faune menacée en Asie
Pour les animaux menacés d’Asie, il est préconisé un renforcement de la législation pour :
- L’antilope saïga (Saiga tatarica) avec un passage de l’annexe II à I
- La loutre cendrée (Aonyx cinereus) avec un transfert de l’annexe II à I
- La loutre à pelage lisse (Lutrogale perspicillata) qui passerait de l’annexe II à I
- Le faisan vénéré (Syrmaticus reevesii), les geckos léopards de Chine et du Vietnam (toutes les espèces du genre Goniurosaurus), le gecko tokay (Gekko Gecko) et la vipère à cornes (Pseudocerastes urarachnoides) avec leur inscription à l’annexe II
- Les lézards de jardin (Calotes nigrilabris et Calotes pethiyagodai), les lézards à cornes (toutes les espèces du genre Ceratophora), les lézards pygmées (Cophotis ceylanica et Cophotis dumbara) et le lézard à bosse (Lyriocephalus scutatus) avec leur inscription à l’annexe I
- Les tortues Cuora bourreti, Cuora picturata, Mauremys annamensis et Geochelone elegans : transfert de l’annexe II à I
- Les araignées ornementales comme la mygale de Gooty par exemple (toutes les espèces du genre Poecilotheria) : inscription à l’annexe II
- Le papillon Achillides chikae hermeli : inscription à l’annexe I.
Et un assouplissement pour :
- Le markhor de Heptner (Capra falconeri heptneri) avec un transfert de l’annexe I à II pour les populations du Tadjikistan.
Faune menacée en Océanie
Pour les animaux menacés en Océanie, voici les suggestions de la CITES :
- Moins de protection pour le rat architecte (Leporillus conditor) avec un transfert de l’annexe I à II
- Idem pour la souris d’Alice Springs (Pseudomys fieldi praeconis), le faux rat d’eau (Xeromys myoides), le rat à grosse queue (Zyzomys pedunculatus), l’oiseau poil roux de l’Ouest (Dasyornis broadbenti litoralis) et le dasyorne à long bec (Dasyornis longirostris).
Les recommandations en matière de flore
Neuf des 57 recommandations de d’amendement des annexes la CITES concernent des espèces de végétaux.
- Au Brésil, inscription des arbres trompettes (Handroanthus, Tabebuia et Roseodendron) à l’annexe II
- En Equateur, inscription des cèdres (Cedrela et sous-espèces) à l’annexe II
- Au Malawi, inscription de l’arbre national – le cèdre de Mulanje (Widdringtonia whytei) – et du padouk d’Afrique (Pterocarpus tinctorius) à l’annexe II
- En Afrique du Sud et en Côte d’Ivoire, modification des annotations 16 pour l’aloès amer (Aloe ferox) et 5 pour le palissandre africain (Pericopsis elata)
- Au Canada et en Europe, modification de l’annotation 15 pour le bois de rose, les palissandres et les bubingas (Dalbergia, Guibourtia demeusei, Guibourtia pellegriniana, Guibourtia tessmannii)
- En Suisse, modification de l’annotation 16 pour le baobab de Grandidier (Adansonia grandidieri)
- Au Bangladesh, Bhoutan, Inde et Népal, suppression du palissandre de l’Inde du Nord (Dalbergia sissoo) de l’annexe II.
La CITES adoptera-t-elle toutes ces propositions ? Réponse d’ici quelques semaines.
par Jennifer Matas
0 réponse à “COP18 de la CITES : les propositions d’amendement”