La COP21 est l’évènement de l’année concernant le climat, le rendez-vous à ne pas manquer, le colloque crucial dont tous les médias parlent depuis plusieurs mois. Mais au fait…
La COP21, qu’est-ce que c’est ?
Une COP est une Conférence des Parties, c’est-à-dire un colloque réunissant des hauts responsables de pratiquement tous les pays du monde. La COP21 est, comme son nom l’indique, la 21ème édition de ce rendez-vous, qui se déroulera entre le 30 novembre et le 11 décembre prochain, au Bourget.
Tout commence lors du Sommet de la Terre, organisé à Rio de Janeiro (Brésil) en 1992, qui rassemblait 182 Etats. L’enjeu était le même qu’aujourd’hui : mettre en place une politique environnementale internationale visant à préserver les ressources de la planète, tout en garantissant le développement des nations. Cette conférence a vu naître la CCNUCC (Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques), où les Etats reconnaissent notamment que le climat peut être affecté par les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine et qu’il faut les réduire. Dans cette optique, chaque année depuis 1995, des COP sont organisées afin d’analyser les objectifs de chaque pays, revoir les engagements et prendre de nouvelles décisions. La COP3, en 1997, a notamment vu l’adoption du Protocole de Kyoto, célèbre accord international ayant pour but de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les pays industrialisés.
Pourquoi la COP 21 est-elle si importante ?
Si tous les chefs d’Etat ne font pas le déplacement, cette COP revêt malgré tout une importance particulière : l’accord de Kyoto arrive en bout de vie. Son échéance, initialement prévue à 2012, a déjà été repoussée à 2020 ; il est grand temps de renouveler les objectifs et de préparer l’avenir. De plus, Kyoto n’engageait que les pays industrialisés signataires il y a 15 ans. Parmi les grands absents de cet accord, on trouve notamment :
- la Chine, considérée comme un pays en voie de développement, dont les émissions ont nettement augmenté depuis 1997 ;
- les Etats-Unis, dont le Sénat a refusé de ratifier l’accord ;
- la Russie, qui a pris la décision de mener une étude nationale jusqu’en 2020 et qui a tout de même nettement réduit ses émissions de gaz à effet de serre ;
- le Japon, qui a jugé en 2010 qu’un accord excluant la Chine et les Etats-Unis n’avait pas de valeur et s’est également retiré ;
- le Canada, qui a échoué à tenir ses objectifs et qui s’est retiré du projet afin d’éviter plusieurs milliards de dollars de sanctions financières.
Les quatre premiers pays de cette liste sont, avec l’Inde, responsables de près de 50% des émissions mondiales. Cette statistique est toutefois à mettre en relation avec leur population, ce qui permet de la relativiser.
La COP21 a donc un enjeu de taille : selon le comité organisateur, l’objectif est d’aboutir « pour la première fois à un accord universel et contraignant permettant de lutter efficacement contre le dérèglement climatique« . Et tout est là ! L’accord doit être universel, c’est-à-dire qu’il doit inclure tous les pays, et « contraignant », c’est-à-dire que les pays ne pourront pas se contenter d’en « prendre note » et ne pas l’appliquer.
L’essentiel des débats sera géré par les négociateurs de chaque pays. En France, par exemple, ces experts seront une quarantaine. Au total, si on y ajoute les observateurs, journalistes, membres d’associations et visiteurs, 40 000 personnes sont attendues sur place.
Jusqu’à 2°C d’augmentation permis, pas plus !
La COP21 est préparée depuis plusieurs années. En 2009 déjà, lors de la COP15 à Copenhague, les experts évoquent l’idée d’une limitation à 2°C de réchauffement en 2100 (par rapport à l’ère préindustrielle). Pourquoi 2°C ? Tout simplement parce que, selon les experts du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), l’Homme et la faune et la flore seront capables de s’adapter aux conséquences d’une telle augmentation (montée des eaux, inondations, sécheresses,…). De plus, on sait que cette température moyenne a déjà été atteinte il y a plusieurs millénaires sans engendrer de dégâts irréversibles.
Cette barrière des 2°C n’est donc évidemment pas une certitude absolue, elle est basée sur des modèles mathématiques et des simulations scientifiques.
Toutefois, le climat ne suit pas un modèle linéaire ; une augmentation de quelques degrés n’engendrera pas « quelques tempêtes » ou « quelques sécheresses » supplémentaires, mais bien un dérèglement à l’échelle mondiale. A 4°C, les scientifiques paraissent unanimes : le point de non-retour sera franchi.
La COP21 et les espèces menacées
La COP21 devrait aussi évoquer le rôle majeur que cette augmentation des températures aura sur la biodiversité. Et les conséquences sont énormes ! Des écosystèmes entiers seront perturbés par le changement climatique. Et malheureusement, cela a déjà commencé : 20 à 30% des espèces animales et végétales sont directement menacées d’extinction. La hausse des températures a plusieurs conséquences directes : acidification des océans, montée du niveau de l’eau, sécheresse prolongée… les conséquences sont multiples et aussi bien pour les espèces marines, terrestres ou ailées.
Pour bien comprendre les enjeux, prenons un des exemples les plus dramatiques d’un changement déjà en cours. La grande quantité de CO2 déversée dans l’atmosphère est en partie absorbée par l’océan. Le dioxyde en entrant au contact de l’eau se transforme en acide carbonique et augmente le taux d’acidité de l’eau. Conséquences directes :
- les espèces de poissons n’auront pas le temps de s’adapter et vont s’éteindre et avec elles les mammifères qui s’en nourrissent : l’ours blanc, le phoque, etc.
- l’eau acide dissout le carbonate de calcium utilisé par les huitres, coquillages et autres escargots de mer pour la confection de leur coquille. Ces espèces pourraient donc également disparaître.
- Une eau trop acide met en danger les récifs coralliens ainsi que le plancton, aliment fondamental pour de nombreuses espèces.
Mais il n’y a pas que les océans qui sont touchés ! Les espèces migratrices ont déjà commencé à changer leurs habitudes. En France, les populations d’oiseaux ont diminué de 20 à 80 %, selon les espèces. Raréfaction des insectes dont ils se nourrissent et hausse des températures les ont enclin à remonter plus haut en Europe.
La plus grosse difficulté de la COP21 : mettre d’accord 195 pays
Si les 195 pays s’entendent sur les objectifs, la ratification du protocole n’est évidemment pas acquise d’avance !
Tout d’abord, les pays émergents sont très réticents à l’idée de payer pour les pays déjà industrialisés, portant la responsabilité historique du réchauffement climatique. En 2009, l’Inde avait déjà fait valoir son « droit au développement ». Imitée par d’autres pays, ceci avait marqué un échec indiscutable de la conférence de Copenhague.
Ensuite, conformément à ce qui a été décidé lors de la COP19 et la COP20, respectivement à Varsovie (Pologne) et à Lima (Pérou), tous les pays participants devaient rendre public en 2015 des déclarations d’intention (appelées INDC, pour Intented Nationally Determined Contributions) détaillant les objectifs attendus à l’échelle nationale. Ceci permet d’étudier les cas de chaque pays indépendamment, selon sa situation géopolitique et géographique (pays côtiers, présentant de fortes ressources forestières ou hydrauliques,…). Or, tous les pays n’ont pas donné d’objectifs chiffrés, et beaucoup de propositions sont jugées très nettement insuffisantes. La rédaction du document final fera donc probablement l’objet de nombreuses dissensions, et un compromis pourrait être difficile à trouver.
La COP21 : beaucoup d’intentions mais un débouché incertain
Vous l’aurez compris, les enjeux de la 21ème Conférence des Parties sont cruciaux ; au-delà de l’avenir de notre écosystème, c’est celui de toute l’humanité qui est en jeu. Le dérèglement climatique engendré par un réchauffement de plus de 2°C serait irréversible, toute la planète en pâtirait : faune, flore, humains.
Dernier point à prendre en considération : les attentats du 13 novembre 2015 à Paris ont bouleversé le contexte de la COP21. La sécurité des responsables de chaque pays ayant pris le pas sur les enjeux de la conférence, Manuel Valls a prévenu qu’elle serait maintenue mais « sans doute réduite à la négociation« . Si tel était le cas, il faudrait attendre la COP22 pour obtenir l’accord « ambitieux, universel et contraignant » que la planète attend.
1 réponse to “Biodiversité et environnement : les enjeux de la COP21”
03.05.2020
sikis izleMerci pour le partage.