C’est désormais établi avec certitude : les visons et les furets sont susceptibles de contracter le virus Sras-Cov-2 – responsable du Covid – au contact d’humains contaminés, puis de le transmettre à leurs congénères.
Dans les élevages à fourrure de visons d’Amérique, des contaminations massives ont été découvertes, conduisant dans ces structures à l’abattage de tous les animaux. L’un des quatre derniers élevages français, situé en Eure-et-Loir, en a par exemple fait les frais fin 2020, après la détection d’animaux contaminés semble-t-il par un salarié.
De façon générale, ce sont tous les mustélidés qui peuvent potentiellement contracter le Covid-19. Y compris les visons d’Europe, espèce en danger critique d’extinction et dont il ne reste qu’une poignée d’individus à l’état sauvage en France.
Inquiétude pour les visons d’Europe
L’Office français de la biodiversité (OFB) prend en tout cas cette nouvelle menace au sérieux. « Il reste moins de 250 individus à l’état sauvage en France, répartis sur 11 départements du Grand Ouest, des Pyrénées Atlantiques à la Vendée », rappelle Maylis Fayet, ingénieur écologue à l’OFB, chargée d’études et de développement à la direction régionale de Nouvelle Aquitaine.
Une population peu nombreuse, déjà sous étroite surveillance et faisant l’objet de différentes mesures de conservation, via plusieurs plans nationaux d’action (PNA), dont le troisième devrait prochainement voir le jour.
La menace du Covid s’ajoute donc aux autres menaces qui pèsent déjà sur l’espèce, comme la disparition des zones humides qui constituent son principal habitat, la compétition avec le vison d’Amérique et les collisions routières. « Un seul risque supplémentaire peut réellement mettre en danger cette population qui reste restreinte », avertit Maylis Fayet.
Protocoles renforcés
Résultat, l’OFB et les organismes impliqués dans la protection du vison d’Europe n’ont pas tardé à prendre leurs précautions. « Très tôt, dès le mois de mars 2020, nous avons détecté ce lien avec les mustélidés et plus particulièrement les visons, explique la vétérinaire Anne Van de Wiele, responsable politique sanitaire à l’OFB. Rapidement, nous avons donc renforcé nos protocoles sanitaires à destination de ces animaux, comme cela a aussi été fait auprès des singes ou encore des félidés, chez qui le virus a pu être identifié. »
En adéquation avec les préconisations de l’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE), « toute personne amenée à être en contact avec une espèce sauvage doit impérativement mettre en place des mesures barrières adaptées et très strictes, selon un protocole bien établi (port du masque et de gants, éviter tout contact prolongé, et surtout évitement des manipulations non indispensables) », détaille Christine Fournier-Chambrillon, docteur vétérinaire groupe de recherche et d’étude pour la gestion de l’environnement.
Pour les visons sauvages comme pour ceux qui vivent dans les deux centres d’élevage conservatoire français – à Zoodyssée dans le Deux-Sèvres et la Réserve Zoologique de Calviac en Dordogne – les mesures sont désormais plus strictes. « Avant et après chaque capture dans la nature, tout le matériel est nettoyé, le nombre de personnes en contact direct avec l’animal est réduit et toutes sont équipées de sur-blouse, de gants, de masques, etc. Bien entendu, à la moindre présence de symptômes, la personne est écartée, raconte Maylis Fayet. Idem dans les centres d’élevage, où les visons ne sont plus qu’en contact avec un seul soigneur et, si la situation l’exige, le vétérinaire. Avec, là encore, le respect des gestes barrière et du protocole sanitaire. Evidemment, ces centres ne sont pas accessibles au public. »
Un vaccin comme pour les putois à pieds noirs ?
Heureusement, pour l’instant, le risque que des visons d’Europe sauvages soient contaminés reste faible. Pour cela, il faudrait qu’un individu soit en contact rapproché et relativement intense avec un humain porteur du virus.
« Or, les visons d’Europe sont des animaux très discrets, qu’il est extrêmement rare d’apercevoir dans la nature. A la différence des visons d’Amérique, plus téméraires et qui peuvent s’aventurer près des zones habitées, leurs cousins européens restent plutôt à l’écart des humains », assure Maylis Fayet.
La question se pose surtout à l’heure actuelle pour les populations captives – une vingtaine de visons à Zoodyssée et 6 à Calviac. Ces individus font partie d’un programme européen supervisé par un coordinateur. L’objectif étant, à plus ou moins long terme, de réintroduire les individus nés en captivité pour renforcer les populations sauvages. Si le virus venait à se propager parmi eux, faudrait-il tous les abattre comme cela a été le cas dans les élevages à fourrure ?
« La vie de chaque vison d’Europe compte, répond l’ingénieur écologue pour l’OFB. Et puis, la France est l’un des cinq derniers pays au monde à avoir encore une population sauvage sur son territoire. Sa responsabilité dans la conservation de l’espèce est immense. »
En revanche, l’hypothèse d’un vaccin est sur la table. Aux Etats-Unis, les responsables de la conservation du putois à pieds noirs, un mustélidé sauvé de l’extinction grâce à un programme d’élevage en captivité, ont administré un vaccin aux individus captifs, à titre préventif. « Cette approche a pour objectif d’éviter de mettre en péril la survie des animaux du centre d’élevage en cas de transmission par un soigneur malgré les gestes barrières, le risque zéro étant toujours très compliqué à maintenir dans la durée », explique Christine Fournier-Chambrillon.
« Nous échangeons régulièrement avec les Etats-Unis à ce sujet, reprend Anne Van de Wiele. Si le risque se précise, la question du vaccin se posera de façon plus aiguë et alors, peut-être, le coordinateur européen prendra la décision de vacciner toute la population captive d’Europe. »
A savoir
Si les visons peuvent attraper le Covid au contact d’humains, la réciproque reste à l’état d’hypothèse pour l’instant. « La diffusion du virus dans la population humaine en France est uniquement le résultat d’une transmission interhumaine par voie respiratoire essentiellement, et il n’y a à ce jour, pas de rôle épidémiologique des animaux sauvages dans le maintien et la propagation du virus », précise Christine Fournier-Chambrillon.
2 Réponses to “Le Covid, une menace de plus pour les derniers visons d’Europe”
04.03.2021
du ruisseauJe ne comprends pas comment il est impossible de classer en réserve ces derniers territoires en France metro et outre mer qui abritent les derniers représentants d’espèces en voie critique d’extinction
04.03.2021
du ruisseauOK on peut potentiellement transmettre le covid, je l’ai vu pour chat et chien, éternuements, patraques (ne jouent plus) mais durée 3 JOURS, pourquoi faudrait il les tuer, j’ai une visonne d’Europe qui est passée deux fois la semaine dernière, 2 goudrons en 3 jours, délogée il y a 4 ans par une loutre qui a récupérée le nid pour en faire sa catiche depuis 4 ans, la visonne s’est récupérée un trou minuscule, dim.7 à 8 centimètres qui passe dans un tronc (tranquille à l’abri), je ne voie pas pourquoi tuer le peu d’animaux vivants, soit vaccination ou sélection naturelle