Une étude sortie en janvier 2021 a mis en lumière le déclin des requins océaniques et des raies. Pour 18 des espèces étudiées, les chercheurs ont conclu à une chute des populations de plus de 70 % depuis 1970. Parmi eux, le requin longimane, Carcharhinus longimanus.
Le requin longimane, exemple d’un requin courant devenu très menacé
Carcharhinus longimanus est classé en danger critique d’extinction (CR) sur la liste rouge de l’UICN depuis 2018. Appelé en français requin longimane ou requin océanique à pointes blanches, ce grand poisson pouvant atteindre jusqu’à 3,5 mètres de longueur navigue dans les eaux tropicales et tempérées de la planète avec une fâcheuse tendance à rester en surface. Une habitude qui lui vaut d’être l’un des requins les plus souvent capturés accidentellement par les chalutiers équipés de techniques de pêche dites non sélectives. Le filet maillant, la pêche à la palangre ou encore à la senne coulissante sont les trois techniques de pêche causant le plus de dommages à la biodiversité marine. Le thon rouge du Sud ou encore le requin baleine font partie des espèces de poissons dont le déclin sont également imputables à ces filets.
Espèce dite pélagique, c’est-à-dire de haute mer, le requin longimane aurait perdu 98 % de son effectif au cours des 50 dernières années. Ce poisson de nature curieuse est également prisé des plongeurs, surtout qu’il y a quelques décennies encore il était l’une des espèces de requins les plus répandues. Aujourd’hui, sa capture, qu’elle soit accidentelle ou non, alimente le marché de la pêche aux ailerons – shark finning –, et celui de l’huile de foie de requin. Sa chair est également consommée.
Et le requin océanique à pointes blanches n’est pas la seule espèce à être touchée. D’après le site Shark Conservation Fund, « environ 100 millions de requins et de raies sont tués chaque année pour leurs nageoires, leur viande, leurs foies et leurs branchies et près d’un tiers de tous les requins et raies sont menacés d’extinction, ce qui les place parmi les vertébrés les plus menacés au monde ».
Le déclin des requins de récifs accélère l’érosion des coraux
Des espèces de requins, il y en a beaucoup ! Plus de 500. Des petits, des grands, des dangereux et des inoffensifs, ceux de haute mer mais aussi ceux des récifs coralliens. Ces derniers ne sont pas en reste en termes de menaces et de déclin. Et l’information n’est pas récente. Une étude publiée en 2013 dans la revue scientifique PLOS One prévenait que la disparition des requins de récifs impactait la survie des coraux, le super prédateur ne jouant plus son rôle de régulateur.
Sept ans plus tard, une autre étude portant sur le même sujet était cette fois publiée dans la revue scientifique britannique Nature. 15 000 caméras sous-marines ont filmé plus de 370 récifs coralliens répartis dans plus de 50 pays pendant près de quatre ans. Le verdict est sans appel, les requins ont disparu dans au moins huit pays, ou tout au moins ils ne sont pas assez présents pour jouer leur rôle en haut de la chaîne alimentaire. Le déclin des requins engendre une augmentation des poissons de taille moyenne, leur proie habituelle, et le déclin des poissons herbivores, la cible des petits prédateurs. Or, ces poissons, comme les poissons perroquets, jouent un rôle fondamental dans les récifs puisqu’ils débarrassent les coraux – qui rappelons-le sont des animaux carnivores – des algues qui les envahissent avec le réchauffement des océans.
Menacés par le réchauffement climatique et l’acidification des océans, les récifs coralliens hébergent près de 25 % des espèces marines, des espèces directement menacées par la disparition du super prédateur.
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