A la découverte du binturong avec Pauline Kayser

Pauline Kayser, soigneuse à la Ménagerie du jardin des Plantes, a fondé en 2014 l’association ABConservation, dédiée à la sauvegarde des binturongs, un mammifère arboricole asiatique. Pour Espèces Menacées, elle a accepté de répondre en vidéo à quelques questions sur cet animal menacé méconnu.

Animal méconnu du grand public, le binturong est un mammifère arboricole souvent appelé « chat-ours » en français tant son physique est difficile à décrire. A l’état sauvage, il habite les forêts primaires d’Asie du sud-est dans lequel il tient un grand rôle. En effet, en plus d’avoir pour particularité de posséder une queue préhensile, comme le pangolin de Malaisie ou bon nombre de primates, ce carnivore mange en grande partie des fruits et contribue ainsi à disséminer les graines dans la forêt. Comment ? Tout simplement en les digérant : le binturong ingère les fruits puis son système digestif va se charger de nettoyer la pulpe autour du noyau et d’en retirer une petite partie qui facilitera la germination. Un processus proche du fameux kopi luwak, le café récolté grâce aux crottes des civettes palmistes, animal par ailleurs souvent confondu avec le binturong.

Avec ce rôle de « jardinier » de la forêt primaire tropicale, le binturong est plus qu’une espèce menacée, il s’agit pour Pauline Kayser d’une « espèce clé de voute, une espèce parapluie qui va protéger d’autres espèces. »

Le binturong : une espèce menacée

Le binturong est classé dans la catégorie « vulnérable » de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). La principale menace qui pèse sur lui est sans doute la disparition de son habitat. Malheureusement, on sait très peu de choses sur ce mammifère. Si aucun recensement n’a été réalisé pour cette espèce, on considère qu’ils ont en tout cas perdu 30 % de leur territoire. Méconnu de la science et du grand public, « il est difficile de protéger une espèce quand les gens ne la connaissent pas », nous explique Pauline. Dans ce but, la soigneuse animalière de la Ménagerie de Paris a créé en 2014 une association de loi 1901 qui a pour but d’étudier et de protéger le binturong : ABConservation.

Les actions de ABConservation

Depuis sa création, l’association a installé plusieurs pièges photographiques dans les arbres qui ont permis de s’assurer de la présence de l’animal. Grâce à ces données, elle œuvre à l’élaboration de la première carte de répartition géographique de l’espèce. Un premier pas indispensable pour la préservation de l’espèce.

L’autre fer de lance d’ABConservation est la recherche génétique sur l’espèce. Si on a toujours considéré qu’il existait neuf sous-espèces, il s’agit avant tout d’une supposition basée sur l’aire géographique de l’espèce. Aujourd’hui, des recherches génétiques sont en cours à partir de poils récoltés sur des binturongs vivants en captivité (ex-situ) comme à la Ménagerie de Paris ou en centre de protection in-situ. Comme pour la girafe, cette analyse pourrait nous révéler quelques surprises…