Le gibbon de Hainan (Nomascus hainanus) est probablement l’un des singes les plus rares au monde. Peu pris en photo et pas souvent aperçu, cet habile acrobate, qui se balance d’arbres en arbres dans la canopée, a bien failli disparaître. Il reste, encore aujourd’hui, en danger critique d’extinction, selon les critères de l’UICN. Mais les efforts de conservation dont il a fait l’objet commencent à porter leurs fruits.
De moins de 10 à plus de 30 gibbons de Hainan
Le dernier recensement terrain révèle en effet qu’actuellement, l’espèce compte plus de 30 individus à l’état sauvage. Tous vivent dans des parcelles de forêt tropicale sur l’île de Hainan, au Sud de la Chine. C’est certes bien peu au regard des plus de 2000 gibbons de Hainan qui existaient dans le monde dans les années 1950, mais tout de même trois fois plus qu’il y a cinquante ans.
Car ce gibbon a frôlé l’extinction. Braconnée à outrance et son territoire détruit par la déforestation, sa population sauvage a chuté rapidement, jusqu’à ne plus compter que 7 à 9 individus dans les années 1970.
Jusqu’en 2015, on pensait qu’il n’existait plus que trois couples reproducteurs de gibbons de Hainan. Ce qui laissait présager le pire pour l’avenir de l’espèce. Mais Chanee, le fondateur de Kalaweit qui secoure les gibbons d’Indonésie à Sumatra et Bornéo, a fait une incroyable découverte avec une équipe de scientifiques : un quatrième groupe reproducteur ! Il s’agissait d’un couple avec un bébé. Cette seule découverte a permis d’augmenter de 12 % la population connue de gibbons de Hainan.
Fin 2019, un cinquième couple reproducteur a été identifié. Une extraordinaire nouvelle, porteuse d’espoir, pour le gibbon de Hainan. « Des villageois ont entendu les appels de deux gibbons vivant dans une partie de forêt plus éloignée que celle de la population principale, raconte la BBC. C’est alors qu’un mâle et une femelle ont été repérés en train de chanter ensemble, signe qu’ils ont établi un lien stable. »
Désormais, ce sont donc cinq groupes familiaux de gibbons de Hainan – soit une trentaine d’individus au total – qui vivent dans la nature.
Des efforts de conservation qui paient
La population de ce gibbon a donc triplé au cours des dernières décennies, après avoir chuté de façon vertigineuse. Bien entendu, cela ne s’est pas fait tout seul. Si le primate commence à se rétablir, c’est grâce aux efforts qui ont été menés sur le terrain pour sa conversation.
Depuis 2003, plusieurs initiatives en faveur du gibbon de Hainan sont en cours dans la réserve naturelle de Bawangling où vivaient jusqu’à présent les derniers représentants de l’espèce (le cinquième couple reproducteur se trouvant, quant à lui, à quelques kilomètres de là, dans un fragment de forêt de 16 km²).
Un programme de sauvetage a été mis sur pied par l’ONG chinoise Kadoorie Conservation, avec patrouilles de surveillance pour lutter contre le braconnage, reforestation – plusieurs milliers d’arbres ont été plantés pour fournir aux gibbons un refuge et de la nourriture – et études de terrain afin de mieux connaître ce singe. Le responsable de la conservation de la ferme et du jardin botanique de Kadoorie, Philippe Lo, rappelle :
Nos principales mesures de conservation comprennent le financement et la formation de deux équipes de surveillance des gibbons, le parrainage de chercheurs pour étudier l’espèce, la réalisation d’un recensement annuel de la population, la plantation de l’espèce préférée arbres alimentaires indigènes produits par une pépinière locale, faisant la promotion d’une agriculture durable et menant des activités de sensibilisation auprès de la communauté locale. Grâce à nos efforts concertés, la population de Hainan Gibbon s’est progressivement rétablie, avec un troisième et un quatrième groupe familial formés en 2011 et 2015, respectivement.
Le gibbon de Hainan fait même l’objet depuis 2013 d’un plan d’action, en partenariat entre la Chine, la Zooogical Society of London et la réserve naturelle de Bawangling. L’un des objectifs prioritaires : étendre le territoire des gibbons afin que se forment de nouveaux groupes familiaux.
Plus d’infos sur le gibbon de Hainan
Nomascus hainanus est la seule espèce de gibbon endémique de Chine. Il vit dans des groupes familiaux composés d’un mâle, de deux femelles et de leurs petits jusqu’à ce qu’ils aient l’âge de partir former leur propre famille ailleurs.
Le dimorphisme sexuel est flagrant chez cette espèce : les mâles ont un effet un pelage noir de jais et une crête au-dessus de la tête tandis que les femelles sont jaune-doré avec une couronne noire.
Chez le gibbon de Hainan comme chez les autres espèces de gibbons, la notion de territoire est primordiale. Impossible pour deux groupes distincts de cohabiter dans un même espace, ce qui fait que la diminution du couvert forestier est encore plus catastrophique pour ce singe, qui ne peut survivre dans des poches où sont déjà établis d’autres gibbons.
Pour marquer leur territoire, les gibbons poussent de puissantes vocalises. Le couple reproducteur chante ensemble, signe qu’ils sont étroitement liés. Les célibataires, quant à eux, chantent seuls mais attirent ainsi de potentiels partenaires.
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