Le réchauffement climatique est un phénomène que l’on ne peut plus nier : oui, les températures à la surface du globe sont en train d’augmenter. Ce phénomène a déjà et aura encore plus à l’avenir des conséquences importantes sur toutes les espèces qui vivent sur Terre. Tous les scénarios envisagés par la communauté scientifique sont alarmistes et une augmentation de +5 °C se profile à l’horizon 2100 si rien n’est fait pour l’empêcher. Problème, non seulement ce scénario est, tel quel, catastrophique, mais il pourrait être décuplé par un autre phénomène : la fonte du permafrost.
Le permafrost ou pergélisol, qu’est-ce que c’est ?
Le permafrost – ou pergélisol en français mais cette appellation est moins courante – désigne la partie d’un sol gelé de façon permanente depuis au moins deux ans. Cette couche de gel où la température est donc inférieure à 0°C rend le sol imperméable : rien n’y pénètre, rien ne s’en échappe. Au-dessus, une autre couche de sol appelée « zone active » se superpose. Celle-ci, en revanche, peut fondre aux périodes les plus chaudes de l’année puis se recouvrir de glace en hiver. Entre temps, des végétaux peuvent y pousser. Le permafrost ne se trouve que dans l’hémisphère nord : en Arctique, au Groenland, au Canada, en Sibérie ou encore dans les sommets montagneux comme dans les Alpes par exemple. Il recouvre environ 10 à 15 millions de kilomètres carrés, soit un peu moins de 10 % des terres émergées de la planète.
Un dégel qui s’accélère
D’ici 2050, la moitié du permafrost de l’Arctique pourrait disparaître et 90 % d’ici 2100. Le scénario le plus optimiste anticipe une fonte de 30 % du permafrost mondial d’ici la fin du siècle. Or, ce dégel pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’environnement.
Les conséquences de la fonte du permafrost
Libération de gaz à effet de serre
D’après les estimations, le permafrost dans son intégralité pourrait contenir entre 1 500 et 1 700 milliards de tonnes de carbone, soit deux fois plus que ce que contient actuellement l’atmosphère. En cas de dégel sous l’effet de la hausse globale des températures, ces gaz à effet de serre seraient donc libérés de leur prison de glace et directement rejetés dans la nature. Et le carbone n’est pas le seul gaz à effet de serre renfermé dans le permafrost. Le méthane y est également présent en grande quantité sous la forme de bulles qui, au dégel, explosent et libèrent leur gaz à effet de serre en créant parfois des cratères profonds de plusieurs dizaines de mètres. Le permafrost renferme aussi du protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre aussi connu sous le nom de gaz hilarant. En résumé, le réchauffement climatique accélère le dégel du permafrost qui, à son tour, libère des gaz à effet de serre accentuant davantage le réchauffement climatique et ainsi de suite. Les scientifiques appellent ce phénomène « boucle rétroactive » et rien ne semble plus pouvoir l’empêcher.
Possible réapparition de virus
Dans certaines zones du monde, le permafrost est vieux de plusieurs milliers d’années. Ce qu’il renferme depuis autant de temps n’a pas été mis en contact avec notre air depuis lors. Hélas, en plus de contenir d’importantes quantités de gaz à effet de serre, le permafrost emprisonne également des virus et bactéries qui avaient disparu de certaines régions du monde. En Sibérie en 2016, la bactérie responsable de la maladie du charbon ou fièvre charbonneuse – aussi connue sous le nom d’anthrax – a refait son apparition près de 75 ans après avoir disparu. En fondant, le permafrost a en effet révélé à l’air libre des carcasses de rennes morts de cette maladie il y a plusieurs décennies. Cette bactérie a alors réinfecté de nouveaux troupeaux de rennes et s’est propagé dans l’atmosphère. Bilan : un mort côté humains et plus de 2 500 décès chez les rennes. D’autres virus et bactéries enfermés dans le permafrost ont également été identifiés par les scientifiques. Deux types de virus géants – leur taille est supérieure à 0,5 micron, ce qui est plus grand qu’un virus classique – ont par exemple été découverts dans le pergélisol. Parmi eux, le Mollivirus sibericum, un virus vieux de 30 000 ans et présent dans les sols gelés de Sibérie. Heureusement, il ne semblerait pas dangereux mais avec le réchauffement climatique, d’autres virus et bactéries que l’on pensait éteints pourraient resurgir et se propager à nouveau.
Du mercure dans le permafrost
Autre souci de taille : ce sous-sol gelé renferme d’importantes quantités de mercure. D’après une étude publiée en 2018 dans Geophysical Research Letters, le pergélisol stocke en effet deux fois plus de mercure que ce que contiennent, ensemble, les autres types de sols terrestres, l’atmosphère et les océans. Soit environ 57 millions de litres qui, en cas de dégel, pourraient au moins en partie s’échapper dans l’air ou les océans et bouleverser les écosystèmes mondiaux.
Une menace silencieuse
Malgré tout, le dégel du permafrost reste sous-estimé et bien trop souvent écarté des études scientifiques portant sur le réchauffement climatique. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), publié en octobre 2018, n’a par exemple pas pris en compte ce paramètre pourtant essentiel dans son estimation – déjà alarmiste – de la montée des températures ces prochaines années. Pourquoi ? Tout simplement parce que les conséquences de la fonte du permafrost sont encore méconnues. Personne ne peut affirmer avec certitude ses impacts sur l’environnement au fur et à mesure que dégèle ce sous-sol, ni même les effets inverses que pourraient produire la pousse de davantage de végétation en remplacement du permafrost. Une chose est sûre, cependant : la fonte du permafrost est une menace de taille.
par Jennifer Matas
1 réponse to “Pourquoi le dégel du permafrost est l’une des pires menaces pour le climat”
09.01.2019
MARTIALwaouh on va tous y passer si on ne fait rien . quelles sont les solutions envisageables ?