Utilisé depuis des siècles pour sculpter des objets d’art et des bijoux, l’ivoire est une matière dure et de couleur blanc-crème qui constitue les dents et défenses de plusieurs animaux. Dont les hippopotames qui pourraient se retrouver gravement menacés par un tel trafic.
L’ivoire chez les animaux
Quand on pense « ivoire », on se représente généralement les immenses défenses des éléphants d’Afrique. Il faut dire que ces pachydermes sont particulièrement visés par le braconnage pour l’ivoire avec un individu abattu toutes les 15 minutes en moyenne sur le continent africain. Soit entre 20 000 et 30 000 tués chaque année.
Rare et recherché, l’ivoire est devenu un signe de richesse et de statut social, beaucoup estimant que détenir un objet en ivoire est le symbole d’un rang élevé dans la société. Au point qu’un véritable commerce mondial – y compris en Europe – a émergé. Au détriment des espèces qui possèdent naturellement ce matériau très prisé.
Pour leur plus grand malheur, d’autres animaux produisant de l’ivoire intéressent aussi les braconniers. Surtout depuis que les dispositifs visant à protéger les éléphants d’Afrique se sont multipliés un peu partout dans le monde. C’est le cas par exemple des sangliers, des morses, des narvals et des hippopotames.
Les dents d’hippopotames dans le viseur
Ces derniers pâtissent particulièrement de ce commerce lucratif. Déjà chassé pour sa peau et sa viande, l’hippopotame est également la cible des braconniers de l’ivoire qui trouvent dans ses dents une alternative à la chasse illégale de l’éléphant, très surveillée par les écogardes.
Au milieu des cornes de rhinocéros, des écailles de pangolins et des défenses d’éléphants, les dents d’hippopotames font ainsi de plus en plus partie des saisies des douaniers en Asie. C’est ce que révèle l’African Wildlife Foundation (AWF).
« Les dents d’hippopotames sont en train de devenir une trouvaille courante, note l’organisation internationale pour la protection de la nature en Afrique. Non seulement leurs incisives et canines sont plus faciles à passer en contrebande, mais elles sont nettement moins chères et facilement utilisées dans l’industrie de la sculpture. »
Hong Kong, plaque tournante de ce trafic
L’ivoire d’hippopotame est déjà très demandé, bien que cette information ne soit pas particulièrement connue du grand public.
La grande majorité est exportée depuis l’Afrique vers Hong Kong. Une étude publiée en 2017 affirme que plus de 90 % du commerce mondial des dents d’hippopotames exporté entre 1975 et 2016 avait pour destination à Hong Kong. « Près des trois quarts de cet ivoire provenaient de deux pays d’Afrique de l’Est seulement – la Tanzanie et l’Ouganda –, mais les échanges commerciaux avec le Malawi, la Zambie et le Zimbabwe sont également en hausse. »
Au total depuis 1975, ce sont 771 000 kilos d’ivoire d’hippopotames qui ont fait l’objet d’échanges internationaux. Mais ce trafic pourrait s’avérer d’une plus grande ampleur encore. En effet, des enquêtes ont montré que des disparités existaient entre les quantités d’ivoire déclarées à l’export en Afrique et celles à l’entrée à Hong Kong. « Dans la plupart des transactions, Hong Kong déclare un volume importé supérieur au volume déclaré à l’export », notent les biologistes de l’Université de Hong Kong.
Sur les seuls échanges avec l’Ouganda, l’écart s’élève à plus de 14 000 kilos. Cela représente 2 700 animaux tués en plus des quotas autorisés par la CITES, soit 2 % de toute la population d’hippopotames d’Afrique.
La demande pourrait encore grandir avec l’entrée en vigueur en 2021 de l’interdiction du commerce de l’ivoire d’éléphant à Hong Kong.
Des hippopotames moins protégés
Malgré toutes ces menaces, les hippopotames trouvent peu de soutien à l’échelle internationale. Impliqués chaque année dans de nombreux conflits avec les humains, ces grands animaux sont en effet souvent considérés comme gênants, ce qui ne favorise pas l’émergence de réglementations pour leur protection.
La Zambie – où vit 87 % de l’espèce Hippopotamus amphibius – a d’ailleurs annoncé en 2016 la mise en place d’un plan de régulation ayant pour objectif l’abattage de 2 000 hippopotames.
Pourtant, l’espèce est menacée et classée « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), tout comme l’éléphant d’Afrique. Il ne reste plus que 115 000 à 130 000 individus dans la nature et plusieurs dangers pèsent sur leur avenir. Disparition de leur habitat et chasse en tête.
Les défenseurs de la faune souhaitent que Hong Kong étende l’interdiction du commerce de l’ivoire à l’ivoire d’hippopotame et que des réglementations plus strictes soient prises dans les pays concernés. Actuellement, seul l’Ouganda a totalement interdit le commerce des dents d’hippopotames, bien que le marché noir soit resté très élevé depuis le moratoire de 2014.
« Sans réglementation commerciale plus stricte, l’exploitation des hippopotames continuera sans relâche jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour que les populations se reconstituent », avertit l’AWF.
par Jennifer Matas
2 Réponses to “Les dents d’hippopotames, l’alternative des braconniers de l’ivoire”
12.04.2019
carole legrandlaissez donc ces animaux tranquilles – bientôt il n’y aura plus de faune sauvage quand ce n’est pas pour la fourrure – la chair ou l’ivoire tout est bon pour tuer – à ce rythme là un jour on redeviendra cannibale car les animaux auront disparu de la surface de la terre
17.10.2022
Loita Ali MohamedAfar Baxa xentoy madama,debini,
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