Protéger 30 pour cent des terres et des mers d’ici 2030 est une étape importante, mais cela ne suffira pas à stopper et inverser la perte de biodiversité, selon une équipe de plus de 50 scientifiques de 23 pays.
Les experts ont présenté une synthèse des données scientifiques soutenant 21 objectifs dans un projet de cadre pour la biodiversité post-2020, un plan en cours de négociation par les Nations Unies.
Les scientifiques appellent à des changements systématiques, notamment des réductions substantielles des subventions néfastes à la pêche et à l’agriculture, une forte réduction de la surconsommation et une limitation du réchauffement climatique à 1,5°C.
Paul Leadley, professeur à l’Université Paris-Saclay, est également responsable de l’évaluation et ancien président de BioDISCOVERY.
« L’objectif de protéger 30 % de l’ensemble des terres et des mers est important et suscite beaucoup d’attention. Et l’expansion des zones protégées est un bon début si elle est bien faite, mais elle est bien loin de ce qui est nécessaire pour arrêter et inverser la perte de biodiversité – ce que l’on appelle « courber la courbe » de la biodiversité.
« Il existe de très bonnes preuves que nous échouerons encore une fois à atteindre les objectifs internationaux ambitieux en matière de biodiversité si l’on met trop l’accent sur les zones protégées au détriment d’autres actions urgentes visant à lutter contre les menaces qui pèsent sur la biodiversité. »
« Les gouvernements sont clairement aux prises avec l’ampleur et la profondeur des « changements transformateurs » nécessaires pour inverser la courbe de la biodiversité, et semblent parfois peu disposés à y faire face. Mais des changements profonds sont nécessaires et bénéficieront grandement aux populations à long terme. »
Les points clés soulignés dans l’étude étaient que pour inverser la perte de biodiversité, il faut un changement transformateur, coordonné à tous les niveaux. Parallèlement à ces changements, des évaluations doivent être réalisées et des efforts de surveillance accrus financés. Peut-être plus important encore, des mesures doivent être prises immédiatement pour avoir un impact.
« Plus tôt nous agirons, mieux ce sera. Les délais entre l’action et les résultats positifs pour la biodiversité peuvent prendre des décennies. Nous devons donc agir immédiatement et maintenir nos efforts si nous voulons atteindre les objectifs mondiaux d’ici 2050 », a déclaré Maria Cecilia Londoño Murcia, co-auteur de l’étude, de l’Institut Humboldt.
« Le temps nécessaire à la sauvegarde et à la restauration de la structure, de la fonction et de la résilience des écosystèmes est particulièrement crucial pour les personnes et les communautés dont les moyens de subsistance et le bien-être dépendent directement de ces systèmes et des avantages qu’ils procurent. »
—Par Zach Fitzner, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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