Il est petit, ressemble à un rat doté d’une trompe – ce qui lui vaut d’ailleurs le surnom de rat trompette – et adore l’eau – il est d’ailleurs un excellent nageur… Il s’agit du desman des Pyrénées. Ce petit mammifère endémique de France, d’Espagne et du Portugal affiche un physique plus qu’étonnant : chimérique, diraient certains. Il est un peu notre ornithorynque à nous. Pourtant, le desman des Pyrénées est bien moins connu, et cette méconnaissance lui vaut parfois de mauvaises surprises. Espérons que la récente mise à jour de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) permette au moins de mieux le mettre en lumière…
De « vulnérable » à « en danger »
Dans un communiqué de presse datant du 9 décembre, l’organisme international a en effet révélé avoir augmenté le niveau d’alerte concernant le desman des Pyrénées, ou Galemys pyrenaicus de son nom scientifique.
Jusqu’à présent classée « vulnérable », l’espèce est désormais considérée comme « en danger » selon les critères de l’UICN. Pour rappel, il existe plusieurs niveaux de menaces :
- vulnérable (VU),
- en danger (EN),
- en danger critique (CR),
- éteint dans la nature (EW),
- éteint (EX).
« La population du desman des Pyrénées a diminué dans toute son aire de répartition [les rivières d’Andorre, de France et d’Espagne dans les Pyrénées ainsi qu’au nord-ouest de la péninsule ibérique, NDLR], jusqu’à 50 % depuis 2011 », alerte l’UICN.
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Des menaces toujours fortes
Le desman des Pyrénées est très difficile à observer, et il existe peu d’images de lui. Il est également extrêmement fragile et il n’est pas facile de le capturer sans risquer de le stresser. D’ailleurs, très peu de gens connaissent sont existence, y compris les locaux qui vivent sur le même territoire que lui !
Résultat, il arrive qu’on le confonde avec un rat et qu’on le tue, avant de se rendre compte qu’il s’agissait en fait d’une espèce différente. Mais ce n’est pas la principale menace qui pèse sur le desman des Pyrénées : il s’agit plutôt de la détérioration de son milieu naturel.
Galemys pyrenaicus est inféodé aux cours d’eau avec du courant. C’est là qu’il chasse les insectes dont il se nourrit – car il s’agit d’une espèce insectivore et non d’un rongeur comme pourrait le laisser penser son physique – et qu’il construit ses gîtes, sur les berges attenantes.
La moindre perturbation de son habitat constitue une menace, et elles sont hélas nombreuses. « La perturbation du débit des rivières et la réduction des niveaux d’eau en raison de la construction de centrales hydroélectriques, de barrages et de réservoirs et de l’extraction d’eau pour l’agriculture rendent des zones importantes inhospitalières pour le desman, isolent les populations et réduisent considérablement les proies et les abris du desman, explique l’UICN. Espèces exotiques envahissantes, pêche illégale utilisant du poison, des filets et des explosifs, augmentation des sécheresses dues au changement climatique, l’excavation des lits et des berges des rivières et la pollution de l’eau menacent aussi le desman. »
Sauver le desman des Pyrénées
Pour empêcher la disparition de ce petit mammifère et faire en sorte que les populations se rétablissent enfin, il n’y a donc pas le choix : il faut préserver – et restaurer quand c’est nécessaire – le débit naturel des rivières et de la végétation environnante.
Un programme européen Life+ dédié à l’espèce a vu le jour en 2014 avec plusieurs actions mises en œuvre jusqu’en 2020 en France, où vivent les plus importantes populations de desmans des Pyrénées. Il était surtout question de mieux connaître l’espèce et ses habitats de prédilection afin de mettre en place des mesures adéquates pour la protéger.
A l’échelon national, un premier plan national d’actions (PNA) a vu le jour en 2010. Un deuxième volet courant jusqu’en 2030 est dans les tuyaux.
2 Réponses to “Le desman des Pyrénées classé « en danger » d’extinction”
02.01.2022
didier puech-50% depuis 2011, et ce serait la faute à la construction de centrales électriques… Pouvez-vous lister les centrales construites depuis, disons 20 ans ?
15.12.2021
GousseIl faudrait surtout arrêter les pêches électriques pour les comptages des truites dans les ruisseaux. Étant un mammifère au choc électrique le desman se noie,l’ignorance des pêcheurs fait le reste. Quand il se retrouve dans l’épuisette au lieu de le relâcher sur la berge pour qu’il puisse retrouver ses esprits il est remis à l’eau,donc il se noie …