Voilà un roi qui se retrouve plus que jamais menacé en son royaume : le lion, dont on célèbre la journée mondiale le 10 août, est en voie de disparition. En une poignée de décennies, les populations sauvages se sont effondrées.
Extinction possible d’ici 2050
Symbole de force et de courage, le lion a de tout temps prêté son image pour orner des blasons ou protéger des villes qui affichent fièrement d’imposantes statues à son effigie. Pourtant, le lion est aujourd’hui menacé. Classée « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’espèce Panthera leo a vu ses effectifs gravement chuter.
Autrefois présent dans tout le continent, le lion a désormais disparu de 26 pays africains et ne subsiste plus que dans 28 autres et un seul pays asiatique. Ou plutôt dans des zones protégées à l’intérieur de ces territoires. Au global, il n’occupe plus que 5 % de son aire de répartition historique.
D’après l’ONG Panthera, qui œuvre à l’étude et la conservation de toutes les espèces de félins sauvages, il ne resterait plus qu’environ 20.000 lions dans la nature. Ils étaient deux fois plus nombreux il y a 25 ans et dix fois plus au siècle dernier.
Si cela continue à ce rythme, on estime que le lion ne comptera plus que 10.000 représentants en 2035 et s’éteindra d’ici 2050 dans la nature.
Manque de proies et conflits avec l’homme
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas la chasse au trophée qui est la principale raison du déclin du lion aujourd’hui, mais plutôt la diminution du nombre de proies disponibles. Le lion est un carnivore qui se nourrit principalement d’herbivores et grande et moyenne taille : zèbres, girafes, gnous, koudous, buffles, cobes… Des animaux qui sont eux-mêmes chassés comme viande de brousse par l’homme.
Pour trouver de quoi manger, et alors que les habitats humains s’étendent toujours plus, les lions se retrouvent de plus en plus proches de l’homme. Ce qui se traduit par des conflits. Les lions sont ainsi encore trop souvent tués en représailles par des éleveurs ou pour prévenir une éventuelle attaque sur leur bétail. Il peut s’agir soit d’abattage direct soit indirect, lorsque des éleveurs placent volontairement du poison dans des carcasses pour tuer vautours et félins dans les alentours.
Il arrive que ce soit des braconniers qui cherchent à tuer les vautours des environs, car leur vol au-dessus des carcasses de rhinocéros ou d’éléphants tout juste abattus signale leur position aux rangers. Des empoisonnements de masse qui se traduisent souvent par la mort de plusieurs animaux simultanément.
Autre fait inquiétant, le braconnage semble augmenter sur les lions d’Afrique ces dernières années. Les braconniers s’intéressent en effet de plus en plus aux lions pour récupérer certaines parties de leurs corps, qui serviront ensuite dans la médecine traditionnelle ou seront envoyées en Asie pour être vendues. Ce nouveau braconnage ciblé serait une conséquence de la diminution des cas de braconnage sur le tigre, en Asie : faute de tigres, les braconniers se tournent vers les lions.
Dans une étude d’octobre 2019, des chercheurs révèlent que 35 % des lions tués par l’homme dans le sud de l’Afrique entre 2011 et 2018 l’ont été dans l’unique but de prélever des parties de leurs corps (dents, griffes, os, etc.). 48 % des lions abattus en représailles ont également été dépouillés.
Derniers lions d’Asie
Si le lion d’Afrique se porte mal, la situation du lion d’Asie, l’autre sous-espèce de lion, semble pire. Ce félin ne vit en effet plus que dans un seul pays, l’Inde, et se cantonne à un unique territoire : la forêt de Gir. Cette zone entièrement protégée de situe dans l’État du Gujarat, à l’ouest de l’Inde.
C’est le dernier endroit sur Terre où vivent des lions d’Asie non captifs. Mais leur population est maigre : 674 individus selon un recensement datant de juin 2020. L’UICN classe cette sous-espèce – Panthera leo persica – dans la catégorie « en danger » d’extinction. Il suffirait d’un violent incendie qui détruirait leur dernier habitat ou d’une épizootie pour décimer les derniers lions d’Asie dans la nature. Pour rappel, le lion est sujet à la maladie de Carré, donc c’est tout à fait probable.
Pourtant, l’espoir demeure. Bien que faibles, les effectifs sont en hausse : +29 % par rapport au recensement précédent réalisé en 2015. Le lion d’Asie a même failli disparaître au début du XXème siècle avec moins d’une centaine d’individus restants en Inde.
Aujourd’hui, les lions asiatiques sont même trop nombreux compte tenu du petit territoire dont ils disposent. Résultat, les félins s’aventurent de plus en plus en dehors de la zone protégée : entre 2015 et 2020, leur territoire s’est agrandi de 36 %. Heureusement, il semblerait que les conflits avec l’homme soient beaucoup moins préoccupants que pour leurs cousins africains.
L’avenir du lion est intimement lié à la façon dont nous accepterons de cohabiter avec lui. De nombreux experts demandent à ce que les programmes de conservation impliquent directement les populations locales pour favoriser cette cohabitation. Mais ce n’est pas évident de changer de paradigme, alors que pendant des décennies ces programmes et la gestion des aires protégées ont été entre les mains d’ONG étrangères. Il faudra très certainement du temps, sauf que c’est précisément de ce dont nous manquons pour empêcher la disparition de ce félin emblématique.
1 réponse to “Le monde ne compterait plus que 20.000 lions dans la nature”
12.08.2021
GHISLAIN dominique« L’homme » est navrant !!!.