Le matin du 19 janvier, dans le parc national de Niokolo Koba, au sud-est du Sénégal, une surprise de taille attendait Philipp Henschel. Parti en mission d’observation, le directeur Afrique de l’Ouest et Afrique centrale de Panthera et son équipe ont croisé la route… d’un éléphant ! Cela faisait plusieurs années qu’aucun pachyderme n’avait été observé de près dans la zone.
Un éléphant en liberté au sud-est du Sénégal
« Nous venions de voir des buffles quand, tout à coup, quelqu’un a lancé « Oh, un éléphant ! » », raconte Philipp Henschel à l’AFP. L’animal, seul, se trouvait sur le bord de la route, dans une zone vallonnée et assez difficile d’accès. Il est resté stoïque quelques minutes avant de « s’éloigner tranquillement », rapportent ses observateurs. Pour eux, il s’agirait d’un mâle âgé de 35 à 45 ans.
Le parc national de Niokolo Koba où s’est déroulée cette incroyable rencontre se trouve à plus de 600 km au sud-est de la capitale, Dakar, près du mont Assirik, où ont trouvé refuge les derniers éléphants du Sénégal. Ce site naturel classé au patrimoine mondial de l’Unesco est en péril. « Il est sujet à de multiples pressions comme le braconnage, les feux de brousse, le tarissement prématuré des mares et l’envahissement de celles-ci par les végétaux. A cela il faut ajouter la croissance démographique et la pauvreté des sols alentours qui ont entraîné l’empiétement des terres agricoles et la divagation du bétail dans le parc », note l’Unesco.
L’observation d’un éléphant dans la zone est donc un signal positif pour l’espèce, dont les effectifs ont drastiquement chuté dans le pays sous les coups du braconnage, de la sécheresse et de la disparition de son habitat naturel au profit de l’exploitation forestière et agricole. Pour les responsables du parc national, c’est surtout le signe que la pression du braconnage s’atténue désormais dans tout le pays et que les éléphants peuvent reprendre confiance.
Lutte contre le braconnage
Si cette rencontre a permis de prouver la présence de Loxodonta africana dans le parc national de Niokolo Koba, plusieurs indices laissaient penser qu’il était bel et bien de retour dans les environs ces dernières années. Des excréments, des empreintes et des restes alimentaires ont en effet été repérés, et des pièges photographiques ont capturé des photos de quelques individus, dont des femelles et des jeunes.
« Mais c’est la première fois depuis au moins trois ou quatre ans qu’un éléphant est approché d’aussi près, sans prendre peur, explique Jacques Gomis, le conservateur du parc. Le fait qu’on ait pu l’approcher en plein jour démontre que la sécurité commence à s’installer, que les animaux sont plus sereins, puisque lorsqu’ils sont stressés, ils modifient leurs habitudes et ne se déplacent plus que la nuit. »
Ces dernières années, le Sénégal a multiplié les efforts pour lutter contre le braconnage des éléphants ainsi que l’exploitation illégale de la forêt. Quotidiennement, trois brigades mobiles et des postes fixes veillent à la sécurité des animaux. Des efforts qui doivent être maintenus, y compris pour d’autres espèces menacées comme les lions d’Afrique de l’Ouest – dont il reste moins de 400 représentants, principalement dans le complexe W-Arly-Pendjari et plus rarement au Sénégal – ou les lycaons.
Une cohabitation pas toujours facile
Dans certains pays d’Afrique australe – notamment au Botswana qui abrite à lui seul 130 000 des 415 000 éléphants d’Afrique sauvages – l’amélioration de la situation des éléphants n’est toutefois pas toujours perçue avec enthousiasme.
Pire, l’augmentation des effectifs inquiète. Cinq pays (Botswana, Namibie, Zambie, Zimbabwe et Afrique du Sud) ont même souhaité assouplir les règles concernant le commerce international de l’ivoire, et davantage réguler les populations de pachydermes.
Car les conflits homme-éléphants vont crescendo dans plusieurs zones. En particulier dans les régions fortement touchées par le réchauffement climatique et la sécheresse. La compétition pour les ressources devient l’une des raisons pour lesquelles la cohabitation devient difficile.
3 Réponses to “L’éléphant fait-il son grand retour au Sénégal ?”
02.12.2020
Jean Marie BushiriLa source de conflit entre l’animal et l’homme c’est l’anthropocentrisme car l’homme pense que toute la nature est pour son propre interet. Si l’homme reconnait le droit de l’animal, ils doivent bien cohabiter.
06.02.2020
Meryl PinqueIl est urgent de reconnaître la personne animale et ses droits fondamentaux. Et de punir les assassinats des non-humains de la même façon que les assassinats d’humains.
05.02.2020
heuzé jeandécidément l’homme n’a été et ne sera tjrs qu’un super prédateur ..en dépit des connaissances acquises de +
en + conséquentes j’en ai conscience ..