L’année 2019 devait être celle du renouveau pour le kakapo. Ce grand perroquet incapable de voler, iconique en Nouvelle-Zélande, a en effet enregistré un record du côté des naissances lors de la dernière saison de reproduction. Mais cette bonne nouvelle annoncée il y a quelques semaines vient d’être entachée par une autre, bien plus mauvaise.
Une infection mortelle
Des scientifiques néo-zélandais en charge du suivi des populations du kakapo ont en effet annoncé que 7 individus – dont 2 adultes – étaient décédés ces dernières semaines. Le premier cas a été observé le 18 avril 2019 et le dernier, à l’heure où nous écrivons ces lignes, le 11 juin.
La cause : l’aspergillose, une infection respiratoire fongique – provoquée par un champignon – très contagieuse et potentiellement mortelle. Résultat, le nombre de décès pourrait continuer de croître. 36 autres kakapos sont d’ailleurs actuellement sous traitement, a déclaré le Département chargé de la conservation (DOC).
Parmi ces 36 kakapos hospitalisés, 17 ont « reçu un diagnostic préliminaire de la maladie et des tests supplémentaires suivront », assure le DOC. Tous les oiseaux infectés se trouvent sur l’île de la Morue (ou Whenua Hou en maori).
Les origines de l’épidémie
L’aspergillose est causée par un certain type de champignon et ne touche pas seulement les kakapos. D’autres animaux et les humains peuvent être infectés. En règle générale, les spores (équivalents des graines chez les plantes) de l’aspergillose ne sont pas nocives. D’ailleurs, les êtres vivants les inhalent régulièrement lorsqu’ils respirent et jusqu’à présent, il semblerait qu’un seul kakapo soit mort de cette maladie, d’après le vétérinaire du zoo d’Auckland.
Mais ces spores deviennent dangereuses dès que leur immunité est réduite, ce qui se produit le plus souvent quand leur nombre et leur concentration dans un endroit donné augmente.
« À l’heure actuelle, nous pensons que le climat – l’année a été très chaude dans le Sud – pourrait être à l’origine de cette épidémie », poursuit-il. La chaleur, couplée à la hausse du nombre d’oisillons dans les nids à Whenua Hou, pourraient expliquer le développement en nombre des spores d’aspergillose et, par la même occasion, leur dangerosité.
Plus que 142 kakapos
Pour une espèce dont il reste moins de 150 individus sur Terre, cette épidémie et les décès qu’elle a déjà causés est un énorme coup dur. D’autant que les scientifiques sont quelque peu dépassés par la charge de travail.
« Détecter et traiter les oiseaux atteints de cette maladie potentiellement mortelle est extrêmement difficile, commente le DOC. […] Tous les individus doivent être testés. Cela implique de capturer les oiseaux et de réaliser des diagnostics tels que le poids, l’examen physique et le prélèvement d’échantillons de sang, en commençant par les oiseaux considérés comme prioritaires. […] Les oiseaux à risque sont transportés par hélicoptère vers le continent néo-zélandais pour des examens plus poussés. Ceux qui sont atteints sont soumis à un traitement intensif pendant plusieurs mois, voire plus. »
Tous les oisillons ont par ailleurs été retirés des nids afin de ne plus les exposer à l’inhalation des spores. Ils sont désormais élevés à la main. Prendre soin des kakapos affectés tout en gérant la population restante de manière à minimiser l’épidémie demande beaucoup de travail.
C’est pourquoi la section du DOC en charge de la conservation du kakapo – Kakapo Recovery – travaille actuellement avec les zoos d’Auckland et de Wellington, mais également avec le Massey Wildbase et le Dunedin Wildlife Hospital. Ensemble, ces professionnels espèrent identifier les origines réelles de cette épidémie et empêcher au maximum que de nouveaux cas apparaissent.
En attendant et pour les aider à poursuivre leurs efforts, un appel au don a été lancé. En espérant que le nombre de kakapos – 142 adultes désormais et 72 poussins – ne diminuera pas drastiquement au cours des prochaines semaines.
par Jennifer Matas
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