En septembre 2021, le Botanic Gardens Conservation International (BGCI) a publié un rapport unique : l’Évaluation mondiale des arbres. Il a fallu cinq ans à l’association qui regroupe plus de 60 institutions partenaires et 500 experts pour créer ce baromètre des 58 497 espèces d’arbres que compte notre planète. Et malgré leurs fortes capacités d’adaptation et de résilience, comme la faune, les arbres sont eux-aussi menacés.
38 % des espèces d’arbres seraient menacées
Ils sont si présents autour de nous qu’on aurait tendance à les croire immortels. Et pourtant la grande « famille » des arbres compte elle aussi des espèces menacées et d’autres déjà éteintes. Des termes qu’on entend plus souvent pour les animaux que pour les végétaux et pourtant : sur les près de 60 000 espèces d’arbres existantes, 38 % seraient menacées et 142 éteintes.
Et parmi celles qui sont aujourd’hui prioritaires en conservation, le Botanic Gardens Conservation International met en exergue 12 familles, composées d’un seul genre, chacun comptant une seule espèce d’arbre. Aucun cousin ou arbre proche génétiquement pour les sauver en cas d’extinction. Parmi eux, quatre arbres sont classés sur la liste rouge de l’UICN. Trois en danger : Ginkgo biloba, Gomortega keule, Petenaea cordata. Et le dernier dans la catégorie vulnérable à l’extinction Eucommia ulmoides, l’arbre à gutta-percha ou arbre à gomme.
Le Ginkgo biloba et Eucommia ulmoides proviennent tout deux de Chine où leurs vertus médicinales sont employées depuis longtemps.
Outre ces arbres uniques sans parents proches, le rapport estime qu’au moins 440 espèces d’arbres possèdent moins de 50 représentants à travers le monde.
58 % des espèces d’arbres sont endémiques
L’Évaluation mondiale des arbres permet aussi de pointer du doigts les disparités de répartition des espèces d’arbres. Ainsi, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud sont les deux régions du monde avec la plus grande diversité d’espèces d’arbres. Le Brésil par exemple, compte 8 847 espèces d’arbres, suivi par la Colombie et ses 5 868 espèces.
En revanche, la plus grande proportion d’espèces d’arbres menacées se trouve en Afrique, dans les régions tropicales, et notamment Madagascar qui est l’un des pays au monde qui compte le plus haut niveau d’arbres menacés de disparition.
A contrario, l’Europe et l’Amérique du Nord ont une faible diversité d’arbres, et c’est sans surprise que ces espèces sont parmi les moins menacées.
Le rapport explique aussi que comme il y a des espèces animales endémiques et d’autres au contraires communes, les arbres suivent le même cheminement. Tandis que Ximenia americana, ou mirabellier du désert, est un fruitier présent dans 96 pays, la plupart des arbres ont des aires de répartition beaucoup plus faibles. 58 % des espèces d’arbres sont même endémiques d’un seul pays ! Sans surprise, les îles possèdent un taux d’endémisme très important. L’Évaluation mondiale indique même qu’en Nouvelle-Zélande, à Madagascar et en Nouvelle-Calédonie plus de 90 % des arbres n’existent nulle par ailleurs.
Le rôle vital des arbres sur la planète
Les écosystèmes forestiers couvrent environ 31 % de la surface terrestre mondiale (FAO et PNUE, 2020). Pour autant, ne faisons pas de raccourcis, les arbres sont présents en dehors des forêts dans de nombreux biotopes, en plaine, en montagne, dans les milieux aquatiques et même dans le milieu désertique comme l’Arbre de Vie, le Shajarat al-Ḥayat.
Les arbres ont de multiples fonctions. L’une des moins connu est leur rôle de capteurs de carbone dans l’atmosphère. Les arbres participent ainsi à lutter contre le réchauffement climatique et produisent du dioxygène, essentiel à notre survie sur Terre. D’après le Botanic Gardens Conservation International, les forêts contiennent environ 50 % du stock de carbone de la planète et plus de 75 % de l’eau douce accessible dans le monde est obtenu à partir de versants forestiers (Newton, 2021).
Mais les arbres servent aussi d’habitat à près de la moitié des espèces animales terrestres connues de la Terre (Newton, 2021) et de nourritures pour toutes les espèces folivores et frugivores.
Alors qu’est-ce qui peut bien menacer la base de notre eco-système ?
Les causes de disparition des arbres sont multiples et différentes selon la région du monde. La déforestation est bien entendu la principale. Culture sur brûlis, conversion des forêts en terres agricoles pour faire pousser des palmiers à huile, du café, du thé, du cacao, urbanisation qui fragmente toujours un peu plus les forêts sont autant de raisons.
D’après l’Évaluation mondiale des arbres, « Au cours des trois derniers siècles, la superficie forestière mondiale a diminué d’environ 40 % et 29 pays ont perdu plus de 90 % de leur couvert forestier (Newton, 2021). La conversion des terres pour l’agriculture menace plus d’espèces d’arbres que toute autre menace connue. »
La seconde menace principale qui pèse sur les arbres est bien sûr l’exploitation directe, et en particulier pour les bois tropicaux comme l’acajou ou le bois de rose. Que ce soit pour la construction de meuble, l’industrie du papier, pour créer du combustible ou des objets d’art, l’exploitation forestière illégale est un problème mondial persistant. En plus de leurs utilisations traditionnelles citées plus haut, près de 2 % des arbres seraient également menacés par des abatages ou des récoltes à des fins médicinales. C’est par exemple le cas du Ginkgo biloba et d’Eucommia ulmoides, un arbre à croissance rapide utilisé en Chine comme caoutchoutier puisqu’il contient du latex. Ces jeunes pousses peuvent également être consommées.
Des arbres aux utilisations multiples, robustes, mais pas éternels.
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