Les fuites de pétrole sont telles qu’elles sont en passe de représenter la pire marée noire de l’histoire des Etats-Unis. Récit d’une tragédie environnementale à la limite de la fiction.
Tout le monde a déjà entendu parler de Deepwater Horizon, cette plateforme pétrolière qui a explosé dans le golfe du Mexique le 20 avril 2010. L’accident avait provoqué la pire marée noire de l’histoire des Etats-Unis avec le déversement de 507 millions de litres de pétrole dans la mer et causé la mort d’onze personnes. Un triste record qui pourrait être battu par une autre marée noire qui s’écoule… depuis quatorze ans.
Entre 250 et 700 barils par jour
Tout remonte à 2004, lorsque l’ouragan Ivan a endommagé une plateforme pétrolière du golfe du Mexique exploitée par Taylor Energy, une entreprise américaine basée à la Nouvelle-Orléans (Louisiane). Un glissement de terrain aggrave la situation en enterrant 28 têtes de forage d’où s’échappe du pétrole. Taylor Energy tente de les localiser pour les colmater, mais n’en trouve que six. Les recherches sont interrompues par l’arrivée coup sur coup des ouragans Katrina et Rita et les têtes de forage restantes ne seront jamais bouchées, à l’exception de quelques puits en 2011. Depuis, les déversements de pétrole se poursuivent à raison de 250 à 700 barils par jour. Soit entre 41 000 et 114 000 litres quotidiennement.
Une marée noire silencieuse
Pourquoi personne n’a réagi plus tôt ? Et bien tout simplement parce qu’il semblerait que ni les gardes-côtes, ni le gouvernement américain et encore moins la compagnie pétrolière n’aient communiqué là-dessus. Ce n’est qu’en 2010, soit six ans après le drame, que le public découvre la « marée noire de Taylor » grâce à des activistes locaux de la Louisiana Environmental Action Network (LEAN) qui ont repéré des nappes de pétrole à la surface de l’eau. Ils ont d’abord cru qu’il s’agissait de restes de Deepwater Horizon mais ils se sont finalement rendu compte que la marée noire qu’ils avaient sous les yeux était différente. Dès lors, ils ont cherché à savoir ce qu’il s’était réellement passé. Ils ont commencé à survoler la zone pour en apprendre plus et à faire pression sur Taylor Energy, qui s’est abstenu de tout commentaire. De son côté, le groupe de surveillance SkyTruth a collecté des données pendant des années pour tenter d’estimer la quantité réelle de pétrole déversé depuis 2004.
Pire marée noire des Etats-Unis
Cela fait maintenant huit ans que le public sait que du pétrole s’écoule en continu dans le golfe du Mexique. Pourtant, ce n’est que maintenant que les choses commencent à réellement bouger. Il faut dire que jusqu’à présent, tout le monde pensait – à tort – que les déversements étaient bien moindres. Les différentes évaluations qui pouvaient exister se basaient sur les estimations de Taylor Energy pour affirmer que seuls 1 à 55 barils se vidaient chaque jour dans la mer. Mais une analyse indépendante mandatée par le ministère de la Justice en septembre 2018 révèle que les vrais chiffres sont bien supérieurs et seraient plutôt compris entre 250 et 700 barils par jour. Depuis le temps, la marée noire de Taylor aurait donc dépassé celle de Deepwater et ses 507 millions de litres avec un chiffre qui semblerait s’approcher des 556 millions de litres.
La question du forage offshore
De son côté, Taylor Energy conteste ces chiffres et assure n’être responsable d’aucune fuite. La société, rachetée en 2008 par des sud-coréens, est même en procès avec les Etats-Unis. Elle réclame le remboursement de 400 millions de dollars bloqués sur un compte pour payer le nettoyage de cette marée noire. En tout cas, cette histoire remet sur le devant de la scène la question du forage pétrolier en mer au pays de l’Oncle Sam. En janvier 2018, l’administration Trump publiait un plan quinquennal pour développer cette pratique le long des côtes américaines, à l’exception de la Floride. Cette annonce avait déclenché de vives réactions dans les milieux écologistes.
par Jennifer Matas
1 réponse to “Aux Etats-Unis, une marée noire s’écoule depuis 2004 dans l’indifférence totale”
07.11.2018
Muraille VéroniqueET COMBIEN D’ANIMAUX VICTIMES DE CETTE TRAGÉDIE ?
et le rôle des médias ? ok ils racontent ce qu’ils veulent
et ça justifie la hausse du prix des carburants ?