Près de quarante ans après la dernière observation de ce petit félin méconnu au Texas, Herpailurus yagouaroundi pourrait de nouveau fouler la terre de l’Oncle Sam. En tout cas, cette possibilité a été mise sur la table par une nouvelle étude, qui suggère qu’il est temps de le réintroduire.
Retour du jaguarondi aux US ?
Il y a quelques mois, c’est l’éventualité de la réintroduction aux Etats-Unis d’un félin plus gros qui a secoué le monde animalier : celle du jaguar. Le sujet avait fait sensation, car l’inclusion des Etats-Unis dans l’aire de répartition historique de ce grand félin emblématique fait débat.
En revanche, il n’y a pas de doute en ce qui concerne le jaguarondi : les Etats-Unis ont bel et bien fait partie de son aire de répartition originelle. Du moins, une partie des Etats-Unis, le Texas en particulier.
Seulement voilà, la dernière observation de Herpailurus yagouaroundi dans le pays remonte à 1986. Date à laquelle le dernier jaguarondi connu des Etats-Unis est mort, écrasé par une voiture.
Des témoignages suspects ont continué d’être faits au Texas, par des personnes pensant avoir aperçu « une sorte de gros chat », mais aucune observation authentique n’a été enregistrée depuis.
Pendant plusieurs années, des chercheurs du Caesar Kleberg Wildlife Research Institute de la Texas A&M University ont mené l’enquête sur le terrain, à la recherche de preuves pouvant confirmer ou non la présence du jaguarondi au Texas, sans résultat.
Après 18 années d’investigation, ils ont finalement conclu que le jaguarondi avait bel et bien disparu des Etats-Unis. Et de suggérer le retour de l’espèce dans le pays, conformément au plan de rétablissement dont le petit félin fait l’objet depuis 2013.
« Nous proposons que les agences fédérales et étatiques suivent les stratégies de rétablissement décrites dans le plan de rétablissement du jaguarondi de la côte du Golfe. Ces efforts de rétablissement comprennent la restauration, la protection et la reconnexion de l’habitat, la sensibilisation et l’éducation du public, la réduction du risque de mortalité routière et l’évaluation de la faisabilité de la réintroduction du jaguarondi dans le sud du Texas », écrivent les chercheurs.
Espèce en « préoccupation mineure »
Pour l’instant, un tel projet n’est cependant pas au programme des autorités gouvernementales, qui ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles s’y opposaient.
« Compte tenu de nos ressources limitées, le US Fish and Wildlife Service s’efforce de concentrer les efforts de rétablissement là où nous pouvons avoir le plus grand impact sur les espèces répertoriées. Pour le moment, nous n’avons pas l’intention de mettre en œuvre une réintroduction du jaguarondi aux États-Unis », a fait savoir à The Revelator Aubry Buzek, spécialiste des affaires publiques de l’agence gouvernementale.
D’après les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui a évalué l’espèce en 2015, le jaguarondi n’est pas une espèce menacée à l’échelle internationale.
Il est classé en « préoccupation mineure » par l’organisme, qui rappelle que ce petit félin ne fait pas l’objet d’une chasse à proprement parler, même si des cas de braconnage ont été recensés. D’ailleurs, il est interdit de le tuer dans la plupart des pays de son aire de répartition, à l’exception du Pérou où sa chasse est réglementée.
En revanche, il peut être tué en représailles, par des propriétaires de volailles notamment. Les principales menaces qui pèsent sur lui sont la disparition et la fragmentation de son habitat naturel sous la pression de l’agriculture et des activités de pâture, ainsi que la mortalité routière.
Le jaguarondi reste cependant considéré comme « en voie de disparition » aux Etats-Unis, une classification spécifique qui lui donne accès à un niveau de protection plus élevé.
Le jaguarondi, petit félin peu connu
A l’instar de tous les petits et moyens félins, le jaguarondi ne jouit pas de la même célébrité que ses cousins plus gros comme le jaguar ou le puma, avec qui il lui arrive de partager un territoire s’étendant de l’Amérique centrale au Sud de l’Argentine.
Mesurant une quarantaine de centimètres de haut pour un poids moyen avoisinant les 5 kg, le jaguarondi arbore un pelage souvent sombre, dont les teintes peuvent varier d’un individu à l’autre entre le roux, le marron, le gris voire même le noir.
Son physique est assez surprenant. Court sur patte, tête légèrement aplatie, oreilles petites et arrondies et queue longue font plus penser qu’il s’agit d’un animal proche de la loutre que d’un félin. D’ailleurs, son allure de mustélidé lui vaut le petit surnom de chat-loutre. Mais il s’agit bien d’un félin. Des analyses génétiques ont montré qu’il était assez proche du puma et du guépard, avec qui il partage un mode de vie assez proche pour le premier, et la particularité de ne pas avoir les griffes complètement rétractiles pour le second.
Le jaguarondi est surtout actif le jour et chasse de petits mammifères – des rongeurs principalement –, des oiseaux et des reptiles pour se nourrir. On ignore cependant encore beaucoup de choses quant à son cycle biologique, sa répartition et la taille de sa population sauvage.
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