Il resterait moins de 800 orangs-outans de Tapanuli (Pongo tapanuliensis) sur Terre, et plus précisément à Sumatra, l’île indonésienne que cette espèce récemment découverte partage avec son cousin l’orang-outan de Sumatra.
Comme les autres orangs-outans, elle est en danger critique d’extinction. Mais son sort pourrait rapidement basculer vers une extinction pure et simple en raison d’un manque de protection et de projets susceptibles de détruire son habitat.
Les craintes de l’UICN
C’est la raison pour laquelle l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a donné l’alerte ce mardi 16 avril, dans un communiqué.
« L’UICN est profondément préoccupée par les menaces actuelles et nouvelles pesant sur l’orang-outan Tapanuli, en danger critique d’extinction à Sumatra », déclare l’organisme basé en Suisse.
Et il y a de quoi s’inquiéter. Début mars, la justice indonésienne a en effet donné son feu vert à la construction d’un barrage hydroélectrique dans la forêt de Batang Toru, au nord de Sumatra. D’après les scientifiques, ce barrage pourrait inonder 8 % de l’aire de répartition actuelle de l’orang-outan de Tapanuli. Ce qui causerait la disparition de 10 à 20 % de la population restante.
Des ONG et des groupes locaux ont tenté de stopper ce projet, mais ils se sont heurtés à un mur. Une pétition a toutefois été lancée en ligne. Le 16 avril, elle avait récolté plus de 767 000 signatures.
Un moratoire pour sauver l’orang-outan de Tapanuli
Cette affaire est révélatrice d’un point clé : l’absence totale ou presque de protection pour l’orang-outan de Tapanuli. L’espèce ne dispose d’ailleurs pas pour l’instant du même statut de conservation que l’orang-outan de Sumatra et celui de Bornéo.
Non seulement cette espèce – la plus ancienne des pongidés – est la plus menacée d’extinction, mais parce qu’elle n’a été découverte qu’en 2017, elle est aussi la moins protégée.
Pour l’UICN, il faut donc prendre des mesures urgentes. A commencer par le blocage systématique de tout projet qui ne remplirait pas les conditions requises. Bref, instaurer un moratoire sur toute initiative pouvant avoir un impact sur ce grand singe.
« L’UICN demande l’élaboration et l’adoption d’un plan de gestion de la conservation de l’espèce, fondé sur une évaluation objective et indépendante de la viabilité de la population et de l’habitat avant que tout projet susceptible d’avoir un impact sur l’espèce ne progresse », explique en effet l’organisme.
Des corridors protégés
Afin de préserver les populations actuelles, l’UICN préconise dans un deuxième temps la mise en place de corridors facilitant les déplacements des orangs-outans entre les trois zones forestières dans lesquelles ils vivent.
Ces trois blocs sont déjà très « dégradés par des activités humaines illégales, morcelés par des routes et d’autres projets en cours de développement », peut-on lire sur The Conversation.
La protection des derniers orangs-outans de Tapanuli passe donc non seulement par la préservation de ces poches de forêts, mais également par la création de liaisons entre chacune d’elles. De cette façon, la population serait moins fragmentée, ce qui favoriserait la reproduction tout en limitant les risques de consanguinité.
Pour ce faire, il faudrait « convertir 8077 hectares en les faisant passer de la catégorie « terres non forestières » à celle de « forêt de conservation » », détaille l’UICN.
Un trésor pour Sumatra
Si les intérêts économiques que représentent les mines, les centrales et les routes semblent l’emporter sur les bienfaits de la protection de cette espèce, il s’agit d’une vision à court terme.
« Il existe plusieurs parallèles entre la situation dans laquelle se trouvent l’orang-outan Tapanuli et le gorille de montagnes en Afrique de l’Est, commente l’UICN. Au cours des deux dernières décennies de conservation proactive basée sur la communauté, cette sous-espèce du gorille oriental a augmenté d’au moins 50 %, et le Rwanda à lui seul génère désormais 200 millions de dollars par an grâce à l’écotourisme, dont une grande partie repose sur les gorilles. »
L’Indonésie aurait donc tout intérêt à faire de l’orang-outan de Tapanuli un symbole de la lutte pour la biodiversité et à le protéger. Sans quoi, l’espèce se dirige vers une extinction prochaine et irréversible.
par Jennifer Matas
2 Réponses to “Extinction prochaine de l’orang-outan de Tapanuli : l’UICN donne l’alerte”
25.06.2021
lefebvrece type de sociétés qui font de l’argent sur les animaux sont les mêmes que celles qui dirigeaient les camps de la mort ce sont des fils de nazis et de tondues d’après guerre boycott total mise en public de leurs actions néfastes à bannir et à expulser
18.05.2019
CORINE BREMONDA notre échelle comment leur être utile ?