Ce dimanche, un vaquita est mort non pas à cause de braconniers mais des suites d’une capture par une équipe internationale d’experts. L’espèce ne compte plus qu’une trentaine de spécimens et le VaquitaCPR, un programme de reproduction ex situ défendu par les autorités, se voit attaqué par les organismes de protection des animaux.
Une femelle vaquita décède malgré des soins « héroïques »
La capture d’une femelle en âge de se reproduire ce samedi 4 novembre aurait pu éclaircir l’avenir du vaquita : l’événement a même été qualifié de « grande réussite qui nous remplit d’espoir » par le ministre de l’environnement et des ressources naturelles mexicain. Malheureusement, l’euphorie est très vite retombée. Quelques heures à peine après cette annonce réalisée sur Twitter, la femelle vaquita a vu son état se dégrader. Les vétérinaires et experts du VaquitaCPR ont alors tenté de la relâcher – en vain. Malgré les soins « héroïques » procurés par l’équipe, l’animal est finalement décédé moins de 24 heures après la capture.
Si les circonstances exactes de la mort ne seront connues qu’après l’autopsie, la nouvelle a très rapidement fait le tour du petit monde de la conservation : en effet, pour Phocoena sinus, chaque spécimen a une importance capitale. Avec une population estimée à une trentaine d’individus regroupés dans le Golfe de Californie, l’espèce est plus que jamais proche de l’extinction. C’est cette situation extrêmement critique qui a poussé le gouvernement mexicain à créer le VaquitaCPR : pendant près d’un an, des experts du monde entier ont ainsi établi un programme de capture et de reproduction ex -situ. Cependant, bien que censé permettre à l’espèce de se rétablir à l’abri des menaces, ce projet a toujours été critiqué : les risques d’échec étaient admis par les défenseurs du projet eux-mêmes. Déjà en 2016, le fait qu’aucun vaquita n’ait jamais survécu en captivité et, à plus forte raison, ne s’y soit reproduit faisait planer un doute important autour de la faisabilité du VaquitaCPR. Chacun s’accordait toutefois sur l’urgence de la situation et la nécessité d’agir après des années de demi-mesures.
Le VaquitaCPR, une manoeuvre de la dernière chance
Nombre d’organismes de protection des animaux ont immédiatement réagi à l’annonce de la mort de cette femelle. Animal Welfare Institute a par exemple demandé d’une part « un arrêt immédiat » de tout projet de capture, et d’autre part « l’augmentation des efforts » de conservation dans l’habitat naturel du vaquita. En effet, la pêche illégale et l’utilisation de filets maillants sont responsables de la disparition de cette espèce : les braconniers pêchent le totoaba afin de récupérer sa vessie natatoire, considérée comme un mets de luxe en Asie. Les larges filets utilisés piègent cependant de nombreuses espèces dont les marsouins du Golfe de Californie, qui ont vu leur population chuter au cours des deux dernières décennies.
L’ONG Sea Shepherd s’est quant à elle montrée bien plus véhémente, qualifiant les équipes du VaquitaCPR « d’arrogantes » et assénant que ce projet « devrait être rebaptisé VaquitaRIP (rest in peace ou repose en paix, ndlr) et est désormais un facteur d’extinction » pour le cétacé. La célèbre organisation prône elle aussi la lutte directe contre le braconnage, au coeur même de l’habitat de Phocoena sinus : elle explique avoir déjà « retiré plus de 400 filets illégaux en travaillant avec un budget minimal« .
Le décès de cette femelle intervient près de 3 semaines après la capture d’un spécimen de 6 mois qui, lui, avait pu être relâché suite à l’observation de signes de stress. Si cette première opération n’avait donc pas été un franc succès, elle permettait tout de même un élan d’optimisme : jamais un vaquita n’avait pu être capturé vivant jusqu’alors et, bien que cela n’ait pas duré longtemps, les experts avaient pu mener une série d’examens sur le cétacé.
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