Publié mardi 10 mai, un rapport de 84 pages intitulé « l’état du monde des plantes » a été réalisé par une équipe de scientifiques du Centre de recherche botanique des Kew Gardens, à Londres. Un rapport unique qui devrait désormais être mis à jour chaque année.
La genèse de « l’état du monde des plantes »
Le domaine des Kew Gardens, en Angleterre, est connu pour son incroyable collection de plantes mais également pour le Centre de recherche botanique qu’il abrite. Ses chercheurs ont décidé de procéder à l’analyse d’un maximum d’études afin de constituer LA base de données de la flore mondiale. Une base qui devrait faire référence et qu’il conviendra de mettre à jour chaque année.
La liste rouge de l’UICN recense déjà un certain nombre d’espèces végétales menacées mais, faute de moyen, est rarement mise à jour contrairement à la partie dédiée à la faune que nous vous citons régulièrement.
Après des mois de travaux laborieux et de recherche, « l’état du monde des plantes » voit le jour accompagné d’un rapport de 84 pages et d’un site internet dédié. A l’intérieur, 391 000 espèces de plantes vasculaires, c’est-à-dire munies de vaisseaux qui permettent la circulation de l’eau et d’éléments nutritifs qu’on appelle la sève, sont passés au crible. Parmi elles, 31 128 sont quotidiennement utilisées : 17 810 espèces pour des médicaments, 11 000 servent de matériaux de base (papier, coton, etc.), 5 538 espèces nous nourrissent et 3 649 sont utilisées pour l’alimentation de nos animaux.
Les constats du rapport et les détails des menaces
Le constat à retenir de cette étude est qu’actuellement une plante sur cinq est menacée sur la planète. Si jusque-là l’UCIN avançait une statistique de 5% d’espèces végétales menacées, le rapport rendu publique mardi parle lui de 21 %. La différence notable entre ces deux chiffres réside dans la difficulté à étudier des données en perpétuel « mouvement ». En effet, l’étude anglaise rapporte que près de 2 000 nouvelles espèces sont découvertes chaque année, certaines disparaissant avant même que les scientifiques n’en fassent une étude approfondie.
Par exemple, le « guarajuba », (Terminalia acuminata) est un arbre endémique de la « Forêt Atlantique » qui se situe au Brésil. Très courant au XIXème siècle, l’arbre a été surexploité pour son bois d’excellente qualité ce qui l’a mené à sa perte. Pourtant, en 2015, des spécimens de « guarajuba » ont été découverts, plus de 80 ans après que l’espèce ait été déclarée éteinte. Aujourd’hui, l’arbre est classé dans la catégorie « en danger ».
Le rapport a également permis de déterminer les principales menaces encourues par la flore :
- Plus de 9 000 espèces sont directement menacées par l’agriculture, dont 4 765 par les exploitations intensives et 3 656 par l’élevage
- 6 182 sont menacées par l’utilisation abusive des ressources naturelles : 4 340 par l’exploitation forestière et 1 788 par la collecte/ cueillette de plantes
- 3 724 végétaux craignent le développement résidentiel et commercial sur leur habitat
- 2 687 sont victimes de modifications de leur environnement comme les feux ou les inondations
- 1614 plantes sont menacées par les espèces invasives
Les autres menaces, moins importantes, sont la pollution, les voies de transports, la production d’énergie et l’exploitation des mines. Concernant le changement climatique, beaucoup seront étonnés qu’il ne soit qu’une faible menace, avec seulement 4 % d’espèces concernées.
Les auteurs de l’étude précisent cependant que nous ne possédons pas encore du recul nécessaire et que la portée du réchauffement climatique risque d’être à long terme une menace très importante.
Parmi les 391 000 espèces étudiées par le Centre de recherche botanique des Kew Gardens, 30 000 plantes sont protégées par la CITES (convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Presque la moitié sont des espèces d’orchidées.
Le pays contenant le plus de plantes vasculaires est sans conteste le Brésil avec 32 109 végétaux différents connus. Bien entendu, la présence de la forêt amazonienne et de ses 420 990 018 hectares y contribue fortement. Autre continent, autre végétation : l’Australie et la Chine sont les deux autres pays dans lesquels, chaque année, les chercheurs découvrent le plus de nouvelles plantes.
Grâce au rapport réalisé par le centre londonien, nous en savons un peu plus aujourd’hui sur notre flore mondiale : sa richesse, les menaces qui pèsent sur elle et l’importance qu’elle a pour notre société. « On avait déjà un état du monde des oiseaux, des tortues marines et même des pères de famille. Mais, malgré sa grande importance, on attendait encore d’avoir un état des lieux du monde des plantes. C’est désormais chose faite », souligne Kathy Willis, directrice scientifique des jardins botaniques royaux de Kew.
1 réponse to “Un rapport inédit alerte sur l’état de la flore mondiale”
17.05.2018
Grillet Gillesformidable enfin des chiffres pour communiquer sur l’urgence