La secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité, Bérangère Abba, a présenté à la presse le premier volet de la stratégie nationale Biodiversité 2030, le 15 mars 2022. Comme Nicolas Hulot en 2018, Bérangère Abba a donc annoncé ce nouveau plan stratégique pour enrayer la disparition de la biodiversité et restaurer les écosystèmes. Voici les principaux axes qui peuvent encore bouger d’ici l’adoption définitive, lors de la COP15 biodiversité prévue fin avril en Chine.
Lutte contre les espèces exotiques envahissantes
Premier cheval de bataille identifié par le gouvernement Macron : la lutte contre l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes, qui coûtent chaque année à l’Europe 12,5 milliards d’euros.
Un plan d’action, courant sur la période 2022-2030, a été imaginé par le ministère de la transition écologique avec, d’ici 2025 déjà, environ 500 premières opérations « coups de poings » en France métropolitaine et outre-mer.
« Vous n’imaginez pas à quel point certains acteurs et collectivités se retrouvent débordés face à une lutte aussi terrible, avec des espèces qui parviennent à éteindre des espèces autochtones et dérégler profondément les écosystèmes », s’est indignée Bérangère Abba.
Une enveloppe de 1,5 million d’euros supplémentaires a été débloquée pour démarrer ces opérations dès 2022. En France, on a identifié 1379 espèces de plantes exotiques et 708 espèces de faune. Les plus préoccupantes sont par exemple :
- l’écrevisse à pinces bleues, espèce originaire d’Amérique du Nord et découverte pour la première dans un plan d’eau de l’Yonne, en août 2021 ;
- le ragondin, qui vit habituellement en Amérique du Sud mais a été introduite intentionnellement en France dans les années 1880 pour en faire l’élevage de sa peau ;
- l’écureuil de Pallas, endémique du sud-est asiatique et dont quelques individus ont été relâchés par des particuliers sur Antibes et les communes voisines, dans les Alpes-Maritimes, ainsi que sur Istres dans les Bouches-du-Rhône ;
- l’écureuil de Corée ;
- le frelon asiatique, identifié pour la première fois au début des années 2000 et aujourd’hui présent un peu partout en France.
Côté plantes :
- le mimosa bleuâtre, introduit pour stabiliser les sols, produire du tanin et de fourrage ou tout simplement pour de l’ornement ;
- la berce du Caucase, introduite au XIXe siècle en Europe et devenue invasive dans les années 1960-1970 et dont la sève provoque de violentes réactions allergiques lorsqu’elle entre en contact avec la peau ;
- le bayahonde, présent à La Réunion et en Polynésie française, et qui concurrence au point de remplacer la végétation indigène.
Préservation des milieux humides
Autre axe d’action de cette stratégie nationale Biodiversité 2030 : la préservation des milieux humides. Et il y a de quoi faire, alors qu’ils disparaissent trois fois plus vite que les forêts et servent de refuge, de pouponnière ou de garde-manger à 40 % des espèces de la planète.
Parmi les mesures phares décrites par Bérangère Abba : la création d’un douzième parc national dédié aux zones humides. Une décision qu’elle avait déjà annoncée à la presse il y a plusieurs mois et qui sera incarnée dans ce plan 2022-2030.
« Nous avons sélectionné 18 sites candidats possibles, en métropole comme en outre-mer, tous étant considérés comme des sites emblématiques des milieux humides. Nous lançons désormais un processus de concertation afin de déterminer lequel sera le prochain parc national français », a déclaré la secrétaire d’Etat en charge de la biodiversité.
Les 17 autres sites qui ne seront pas retenus verront cependant leur statut évoluer vers plus de protection, assure Bérangère Abba, soit en devenant des aires protégées soient en augmentant le niveau de protection qu’ils ont déjà.
L’Etat s’engage également à restaurer 50.000 hectares de zones humides d’ici 2026 et à procéder à des opérations foncières sur 8.500 hectares pour protéger plus largement ces espèces riches en biodiversité.
Plans nationaux d’actions pour espèces menacées
La France s’engage également à lancer huit nouveaux plans nationaux d’actions dédiés à des espèces menacées de faune et de flore présentes sur son territoire, métropole et outre-mer. Les animaux et végétaux concernés sont :
- le vison d’Europe (Mustela lutreola) ;
- le desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus) ;
- les pétrels endémiques de La Réunion : le pétrel de Barau (Pterodroma baraui) et le pétrel noir de Bourbon (Pseudobulweria aterrima) ;
- le puffin des Baléares (Puffinus mauretanicus) ;
- cinq espèces végétales endémiques de la Corse appartenant au genre Limonium ;
- l’armérie de Belgentier (Armeria belgenciencis), une plante très rare endémique du Sud de la France et présente uniquement dans deux communes du Var ;
- la saxifrage œil de bouc (Saxifraga hirculus), espèce emblématique des tourbières du Jura franc-comtois et classée en danger critique d’extinction ;
- l’estrée de Saint-Pierre (Polygala antillensis), plante très rare de la famille des Polygalacées, endémique de la Martinique.
« Les plans nationaux d’actions ont montré leur efficacité car ils associent tous les acteurs d’un territoire pour la conservation d’une espèce menacée. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de déployer ce très bel outil », s’est exprimée Bérangère Abba. Un budget de 1 million d’euros sera alloué à la mise en œuvre de ces plans nationaux.
Mais aussi…
D’autres mesures sont également au programme, comme la résorption de décharges littorales qui présentent un risque de relargage de déchets en mer, annoncée par le président Emmanuel Macron et confirmée par Bérangère Abba lors de cette conférence de presse du 15 mars 2022.
« Nous avons identifié une cinquantaine de sites problématiques et démarrerons par trois décharges à haut risque, dont la résorption dès cette année coûtera 30 millions d’euros. Et nous nous engageons à résorber 55 autres décharges problématiques d’ici 2030 », a assuré la secrétaire d’Etat en charge de la biodiversité.
Le gouvernement prévoit également la création de services civiques nature, l’extension du réseau des aires éducatives et le rétablissement des continuités écologiques – bonne circulation des poissons et des sédiments dans les cours d’eau, sans entrave par des barrages par exemple – avec une priorité dès cette année sur deux sites identifiés comme particulièrement préoccupants en Isère et en Côte d’Or.
1 réponse to “La France présente le premier volet de sa stratégie Biodiversité 2030”
23.03.2022
Gilles GALANDVous semblez accorder du crédit à macron et à son gouvernement pour agir en faveur de l’environnement !!!!!
Il préfère de loin faire des cadeaux à ses copains les chasseurs, election oblige.