Vous connaissez sans doute le cheval de Przewalski mais avez-vous déjà entendu parler de Procapra przewalskii, la gazelle également découverte par Nikolaï Przewalsky ? Ce mammifère peu médiatisé est pourtant passé proche de l’extinction dans les années 90. Aujourd’hui, l’espèce va mieux et on vous explique pourquoi.
Une espèce passée proche de l’extinction dans les années 90
Découverte en 1875 par l’explorateur russe qui lui donna son nom, la gazelle de Przewalski vivait autrefois dans la région autonome de Mongolie intérieure. Aujourd’hui, on ne la trouve plus qu’autour du Lac Qinghai, le plus grand lac salé de Chine et l’un des plus hauts : surnommé « la mer bleue », il est perché à 3 205 mètres au-dessus de niveau de la mer. Dans les années 90, on ne comptait plus qu’environ 300 gazelles autour de ce site. L’espèce a alors été classée « en danger critique d’extinction » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Sauver Procapra przewalskii est alors devenu l’une des priorités pour le gouvernement local.
Des clôtures pour le bétail qui empêchent la migration des gazelles
Les gazelles sont victimes de la destruction de leur environnement : les steppes. En effet, le lac Qinghai possède un taux de salinité deux fois supérieur à celui de la mer, soit environ 6%. Les terres qui l’entourent sont donc prisées par les paysans pour les cultures ou servent de pâturage aux éleveurs, pour les mêmes raisons que chez nous les Prés salés du Mont Saint-Michel. Les steppes deviennent des terrains clôturés, ce qui empêche les différentes sous-populations de gazelles de Przewalski de se croiser. Cette fragmentation a engendré une dégradation du patrimoine génétique chez l’espèce qui pourrait être l’une des menaces les plus importantes actuellement et dans l’avenir. En outre, le retour de prédateurs comme les loups dans cette région chinoise a contribué au déclin des gazelles de Przewalski.
Une population multipliée par 5 en 20 ans
Mais en l’espace de 20 ans, les efforts cumulés des ONG et du gouvernement ont permis à l’espèce de rebondir ! Si dans les années 90, on comptait 300 animaux, en 2003, la population était déjà estimée entre 500 et 700 têtes. Dix ans plus tard encore, en 2014, le nombre de gazelles de Przewalski dépassait 830. Plus récemment, une enquête réalisée en août 2016 par la réserve naturelle du lac Qinghai nous apprend le recensement de 1 464 gazelles dans cette région, soit 200 de plus qu’en 2015 et presque cinq fois plus que dans les années 90.
L’augmentation de la population des gazelles de Przewalski est notamment le résultat de la création de la première réserve naturelle pour l’espèce. Inauguré en 2007, le Centre de sauvetage des animaux sauvages du Lac Qinghai recense chaque année les membres de l’espèce. Par ailleurs, les autorités ont mis en place des points d’eau et du fourrage pour compléter les besoins alimentaires hivernaux. Enfin, 515 000 mètres de clôtures et de barbelés auraient été détruits dans quatre comtés autour du lac entre 2009 et 2015. Pour les clôtures restantes, la hauteur a été abaissée à 1,2 mètre, afin de permettre aux animaux de sauter par-dessus sans danger.
Pour sauver l’espèce sur le long terme, il faut en effet lui rendre sa mobilité et permettre aux différentes sous-populations de se rencontrer afin que le patrimoine génétique puisse retrouver sa diversité.
En 2008, Procapra przewalskii est passée de la catégorie « en danger critique » à celle de « en danger » d’extinction. Lors de sa prochaine évaluation, elle pourrait passer « vulnérable » si la tendance de ces dernières années se poursuit. Ainsi, la gazelle de Przewalski se fera un prénom.
0 réponse à “La gazelle de Przewalski sauvée de l’extinction ?”