Avec son long cou et ses taches toutes différentes les unes des autres, la girafe est un animal connu de tous. Pourtant, beaucoup ignorent qu’elle est menacée. Et ce alors même que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a déjà tiré la sonnette d’alarme en 2016 en la plaçant sur sa liste rouge, dans la catégorie « vulnérable ».
Une extinction silencieuse
Deux ans après, les nouvelles ne sont toujours pas très bonnes pour ce grand mammifère africain. « Alors que les girafes sont communément observées dans les safaris, les médias et les zoos, les gens – y compris les défenseurs de l’environnement – ne sont pas conscients que ces animaux majestueux sont en train de subir une extinction silencieuse, déclare le Dr Julian Fennessy, directeur de la Giraffe Conservation Foundation et coprésident du groupe de spécialistes des girafes et des okapis (GOSG) de l’UICN. Le plus grand animal du monde est en effet soumis à de fortes pressions dans certaines de ses aires de répartition en Afrique de l’Est, centrale et de l’Ouest. Trois des neuf sous-espèces actuellement reconnues* sont désormais considérées comme « en danger critique d’extinction » ou « en danger ». Pourtant, nous alertons le public depuis quelques années maintenant. » Désormais, il ne reste qu’un peu plus de 68 000 girafes à l’état sauvage alors qu’elles étaient encore 140 000 il y a vingt ans. Et leur population continue de décliner pour nombre d’entre elles.
Moins de 500 girafes de Nubie dans la nature
La situation est particulièrement préoccupante pour la girafe de Nubie (Giraffa camelopardalis camelopardalis). Cette sous-espèce n’avait jusqu’à présent pas encore été évaluée par l’UICN et elle se place d’entrée dans la catégorie « en danger critique » d’extinction (CR). Il s’agit du dernier stade avant sa disparition dans la nature. Il faut dire qu’elle est probablement la girafe la plus menacée au monde avec seulement 455 individus matures existant encore dans la nature.
La girafe du Kordofan décline
Sa cousine la girafe du Kordofan (G.c. antiquorum) ne s’en tire guère mieux. Comme la girafe de Nubie, elle n’avait jamais été évaluée et fait désormais partie des animaux « en danger critique ». Il n’en resterait plus que 1 400 à l’état sauvage, 95 % de sa population ayant disparu ces trente dernières années. Elle vit au Soudan, au Cameroun, au Tchad et quelques individus – une quarantaine – peuplent le parc national de Garamba en République Démocratique du Congo.
La girafe réticulée « en danger »
Autre espèce gravement menacée : la girafe réticulée (G. reticulata). Comme la girafe de Kordofan et celle de Nubie, elle ne faisait pour l’instant l’objet d’aucune évaluation de la part de l’UICN. Mais depuis novembre 2018, elle fait partie des espèces « en danger » d’extinction de la liste rouge des espèces menacées. Il n’en existerait plus que 15 785 spécimens dans la nature répartis entre l’Éthiopie, la Somalie et le nord du Kenya.
Du mieux pour la girafe de Rothschild
Les nouvelles sont en revanche plus réjouissantes du côté de la girafe de Rothschild (Giraffa camelopardalis rothschildi). Très menacée par le braconnage, la destruction de son habitat et le développement tous azimuts de l’agriculture, cette sous-espèce de la girafe du Nord était très menacée. Sa population sauvage – principalement présente en Ouganda et au Kenya – avait même fortement décliné, perdant 500 têtes dans les années 1960 puis 500 autres entre 2006 et 2009. Mais grâce à de récentes mesures de conservation, la situation s’améliore. Des girafes de Rothschild ont notamment été réintroduites avec succès dans certaines régions du Kenya et, du fait des plans de rétablissement, la population sauvage de cette sous-espèce est passée de moins de 300 individus à 1 470 girafes matures. Résultat, la girafe de Rothschild a quitté la liste rouge de l’UICN en passant de la catégorie « en danger » à « quasi-menacée » fin 2018.
Bonne nouvelle également pour la girafe d’Afrique de l’Ouest
Classée « en danger » en 2008 par l’UICN, la girafe d’Afrique de l’Ouest (G.c. peralta) va mieux puisqu’elle vient de redescendre dans la catégorie « vulnérable ». Il s’agit de la seule des trois sous-espèces de girafes de Nord dont la situation ne s’est pas aggravée, les deux autres étant la girafe de Kordofan et la girafe de Nubie, toutes deux « en danger critique d’extinction » comme évoqué plus haut. Les efforts consentis pour sa sauvegarde ont permis à la population sauvage de girafes d’Afrique de l’Ouest d’aller mieux.
Ces exceptions prouvent qu’avec des mesures de conservation pertinentes, il est possible de rétablir les populations sauvages de girafes. Y compris celles des sous-espèces les plus menacées.
*Une étude récente publiée en septembre 2016 prouve qu’il n’existe pas une seule espèce de girafe divisée en neuf sous-espèces comme on le pensait jusqu’alors, mais bien quatre espèces différentes ainsi que cinq sous-espèces. Pour plus de commodités, l’UICN continue de s’appuyer sur la classification précédente en neuf sous-espèces.
par Jennifer Matas
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