Le déclin du gorille des plaines de l’Ouest (Gorilla gorilla gorilla), sous-espèce de gorille de l’Ouest, et du chimpanzé central (Pan troglodytes troglodytes), sous-espèce du chimpanzé commun, est moins important que prévu. C’est ce que révèle une étude internationale publiée dans la revue américaine Science Advances le 25 avril 2018. Une bonne nouvelle qui ne fait pas oublier que ces deux espèces restent en danger et que chaque année, leur population diminue à l’état sauvage.
Le nombre de gorilles des plaines de l’Ouest et de chimpanzés dans la nature
Il est très difficile de recenser les populations sauvages de ces deux sous-espèces de primates, d’autant que 80 % d’entre eux vivent en-dehors des zones protégées. Généralement, tous les parcs et réserves naturelles procèdent eux-mêmes à un comptage de leurs animaux, mais ces données ne suffisent pas pour obtenir une évaluation globale. Du moins, c’était le cas jusqu’à aujourd’hui. Les chercheurs ont trouvé le moyen d’estimer le nombre d’individus vivant en-dehors de ces zones à partir d’une modélisation prédictive tenant compte de différents paramètres comme les tendances démographiques et la distribution des animaux sur leur aire de répartition. Pour y parvenir, ils ont étudié pendant 11 ans (de 2003 à 2013) les populations de 59 parcs nationaux situés dans cinq pays (Cameroun, République Centrafrique, Congo-Brazzaville, Gabon et Guinée équatoriale). Et les résultats sont plutôt positifs ! Il existerait dans la nature près de 362 000 gorilles des plaines de l’Ouest et 129 000 chimpanzés dans cette partie de l’Afrique. Or, on estimait jusqu’à présent ces populations de grands singes à seulement 150 000 à 250 000 pour les premiers et entre 70 000 et 117 000 pour les seconds.
Des espèces menacées d’extinction
La population de gorilles des plaines de l’Ouest chute de 2,7 % par an
Ces nouveaux chiffres donnent de l’espoir pour la préservation de ces grands singes dans leur milieu naturel, mais la situation reste alarmante, ainsi que le soulignent les auteurs de l’étude. Gorilla gorilla gorilla voit par exemple sa population diminuer de 2,7 % par an en moyenne, et un gorille sur cinq a disparu entre 2005 et 2013. Si rien ne change, leur nombre aura chuté de 80 % d’ici trois générations. L’UICN classe par ailleurs l’espèce des gorilles des plaines de l’Ouest en danger critique d’extinction (CR).
Le braconnage reste l’une des premières menaces qui pèsent sur ces primates, devant les maladies (virus Ebola en tête) et la déforestation. Comme ses cousins le gorille des montagnes (Gorilla beringei beringei) et le gorille de la rivière Cross (Gorilla gorilla diehli), le gorille des plaines de l’Ouest est en effet chassé pour sa viande ou ses os dont raffolent certains touristes, mais aussi pour capturer ses petits vendus à prix d’or sur le marché noir.
Les chimpanzés centraux en déclin
Le chimpanzé, lui aussi, est tué illégalement pour être consommé ou transformé en animal de compagnie. Certains sont même exhibés en public afin d’amuser les passants comme l’a par exemple été Coco, un chimpanzé enchaîné dans un hôtel pendant 14 ans avant d’être recueilli par le Centre de Conservation pour Chimpanzés (CCC) de Guinée. Et si les auteurs de l’étude n’ont pas réussi à identifier des changements statistiques notables dans le nombre d’individus vivant à l’état sauvage, les chimpanzés centraux restent menacés. L’espèce Pan troglodytes est classée « en danger » (EN) par l’UICN en raison du déclin continu de sa population.
Quelles solutions ?
Les résultats de cette étude permettent non seulement de mieux connaître les populations de ces deux sous-espèces mais aussi de dégager des pistes pour favoriser leur préservation dans la nature. « Nous avons constaté que les densités de ces deux singes sont plus élevées là où les gardes forestiers sont présents, dans un milieu où la forêt est dense et où l’influence humaine est faible », détaillent les auteurs. « Étant donné que les gorilles sont plus nombreux et les chimpanzés plus résistants que prévu […], nous espérons que de solides politiques de conservation, des parcs bien gérés et des pratiques industrielles responsables pourront stopper leur déclin. Pour des populations sécurisées et prospères », concluent-ils.
par Jennifer Matas
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