Des quatre sous-espèces de gorilles qui existent sur Terre, le gorille de Grauer est la plus grande de toutes, mais aussi l’une des plus menacées. Dans un rapport de 2016, sa population avait été estimée à seulement 3.800 individus, tous établis en République Démocratique du Congo (RDC). Mais une nouvelle étude révise ces chiffres à la hausse.
Près de deux fois plus nombreux
D’après les récentes recherches menées par la Wildlife Conservation Society (WCS), les gorilles de Grauer – aussi appelés gorilles de plaines de l’Est ou Gorilla beringei graueri – seraient en réalité près de deux fois plus nombreux que ce que laissaient penser les précédentes estimations : 6.800 individus contre 3.800.
La nouvelle est bien évidemment excellente et inespérée, tant la situation paraissait alarmante il y a encore quelques années. Cependant, elle doit être prise avec précaution. Car cela ne signifie pas que les effectifs ont quasi-doublé en l’espace de 5 ans, mais seulement que les précédents relevés étaient sous-estimés.
La raison est simple : les conflits et l’insécurité qui gangrènent l’aire de répartition du gorille de Grauer ont empêché les scientifiques de mener à bien leurs recherches. Résultat, lors du dernier recensement de 2016, ils n’ont pas pu explorer toutes les zones où vit potentiellement cette sous-espèce.
Un déclin moins brutal qu’on le pensait
Ces résultats ont été une vraie surprise pour les auteurs de l’étude, car on pensait que le déclin du gorille de Grauer avait été beaucoup plus brutal.
Selon les précédentes estimations, on suggérait que les effectifs avaient chuté de 80 % depuis le milieu des années 1990. Ces récentes découvertes semblent cependant montrer que le déclin, bien que fort, n’a pas été aussi abrupt qu’estimé. Les populations de gorilles des forêts d’Oku et des zones de montagne du parc national de Kahuzi-Biéga, notamment, sont restées relativement stables depuis vingt ans.
« J’ai été très surpris de ces résultats […] Maintenant, nous savons qu’ils sont plus nombreux dans des endroits que nous n’avons pas pu observer la dernière fois. Nous pourrions même en trouver ailleurs, dans des zones où nous n’avons pas encore cherché », a déclaré à Mongabay Deo Kujirakwinja, co-auteur de l’étude et directeur technique de WCS en RDC.
Viande de brousse et destruction de l’habitat
Il n’empêche que le gorille de Grauer reste gravement menacé. Même si sa population sauvage s’avère plus importante que ce que nous pensions, les effectifs restent peu nombreux et les pressions élevées. Il serait donc trop prématuré de réviser son statut d’espèce « en danger critique » d’extinction auprès de l’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
En effet, le gorille de Grauer est encore trop souvent tué pour être mangé (viande de brousse) et son habitat naturel subit également d’importantes pressions.
Riche en coltan et en cobalt – très utilisés par l’industrie numérique et automobile – le milieu naturel du gorille des plaines de l’Est est de plus en plus exploité pour ses ressources minières.
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