« Un merveilleux précédent » : c’est ainsi qu’a réagi le Fonds de conservation du guépard (CCF) au sujet de la décision de la Cour suprême de l’Inde de réintroduire le plus petit des grands félins. Un programme pilote devrait bientôt être voir le jour avec la participation de plusieurs associations et institutions indiennes. Une décision historique peut-être pour cette espèce menacée qui pourrait signer son grand retour dans ce pays où il a été exterminé durant la seconde moitié du XXème siècle.
La réintroduction des guépards en Inde : un projet tumultueux
2009 : le début du projet
La nouvelle est tombée le 28 janvier 2020, après près de 10 ans de tractations. En 2009, Jairam Ramesh, alors ministre d’État de l’Union pour l’environnement et les forêts, annonce au Parlement sa volonté de réintroduire le guépard en Inde : « Le guépard est le seul animal à avoir été déclaré éteint en Inde au cours des 1 000 dernières années. Nous devons en faire venir de l’étranger pour repeupler l’espèce ici. »
Ce coup de tonnerre n’en est pas vraiment un. Le projet de réintroduire le mammifère le plus rapide de la planète dans ce pays qui faisait partie de son aire géographique initiale existe depuis longtemps. « La conservation indienne ne peut se limiter au seul tigre », déclare le Dr MK Ranjitsinh, président du Wildlife Trust of India, au même moment, en faisant référence aux efforts du gouvernement indien pour protéger le tigre du Bengale, passé de 2 226 en 2014 à 2 967 en 2019.
L’Inde décide alors de s’appuyer sur des experts internationaux et l’UICN pour concrétiser ce projet. Le CCF et sa présidente ainsi que d’autres experts des félins sont invités en Inde pour des tables-rondes afin d’élaborer un plan de route. Suspendu en 2012, et jugé « totalement infondé » par plusieurs spécialistes indiens, le projet perd plusieurs années avant de finalement revoir le jour. Le feu vert de la Cour suprême ayant été enfin obtenu fin janvier.
Une sous-espèce africaine réintroduite en Inde
L’enjeu est important. Acinonyx jubatus est considéré comme vulnérable par l’UICN, mais plusieurs de ses sous-espèces sont en danger critique d’extinction et notamment la sous-espèce Venaticus, le guépard asiatique, dont il reste moins de 50 spécimens à l’état sauvage. De fait, il est vite décidé que c’est Acinonyx jubatus jubatus, la sous-espèce d’Afrique de l’Ouest génétiquement très similaire au guépard asiatique, qui sera choisie pour être réintroduite en Inde. Une décision approuvée par l’UICN et notamment son Groupe de spécialistes de la réintroduction. Le guépard aurait disparu d’Inde au cours des années 1950, exterminé par la réduction de son habitat naturel et tué par les éleveurs qui craignaient pour leurs troupeaux.
70 ans après leur extinction, l’Inde va donc débuter un programme de réintroduction expérimental de guépards dans des « endroits soigneusement choisis ». Un projet mené par le Fonds de conservation du guépard qui assistera le Wildlife Trust of India, le Wildlife Institute of India et les gouvernements centraux des États de l’Inde.
L’ONG internationale qui est la référence mondiale de l’espèce aura un rôle prépondérant dans ce projet puisque, d’après son communiqué de presse, elle aura à sa charge de :
- consulter les gouvernements des pays qui peuvent fournir des guépards et aider à identifier ceux qui seront inclus dans le programme pilote,
- consulter les organes directeurs de la conservation, tels que l’UICN et la communauté internationale de conservation des guépards,
- aider à la conception du programme pilote,
- fournir un soutien technique tout au long de son déploiement.
Si les chances de réussite du projet sont absolument incertaines, le rôle central du CCF rassure les voix qui s’étaient élevées contre ce programme de réintroduction. Notamment celles qui craignaient que sans proies suffisantes à leur disposition, la présence de guépards attise les conflits hommes-animaux ou encore que les animaux importés soient finalement gardés en semi-captivité.
« L’Inde possède des zones de prairies et d’habitats de forêt ouverte, idéales pour cette espèce. Le gouvernement a une mentalité progressiste. Il considère la réintroduction du guépard comme un moyen d’encourager une biodiversité saine », a déclaré le Dr Marker, fondatrice du Fonds de conservation du guépard.
Des réintroductions en Afrique pour exemple
Le guépard n’en est pas à son premier plan de réintroduction. En Afrique aussi, alors qu’il est encore présent localement, on tente d’étendre son aire de répartition actuelle pour la rapprocher de celle historique. Ainsi, le félin a fait son grand retour au Malawi après 20 ans d’absence grâce à des réintroductions en 2017 et 2019.
En février 2020, c’est la Fondation Aspinall qui tentera un nouveau pari en annonçant la réintroduction de deux guépards élevés en parc animalier. Il s’agit de Saba et Nairo, pensionnaires du Howletts Wild Animal Park, parc anglais où ils sont nés. Leur destination ? L’Afrique du Sud et plus particulièrement le sanctuaire Ashia Cheetah, où ils vont suivre le programme de réapprentissage à la vie sauvage élaboré par l’équipe. Situé à Paarl, près du Cap, ce sanctuaire de guépards mêle tourisme, éco-volontariat et protection animale. Son but est de rendre à la vie sauvage les animaux nés en captivité après un apprentissage réalisé en semi-captivité, tout en poursuivant un programme d’élevage en captivité.
2 Réponses to “Le guépard bientôt de retour en Inde”
05.05.2020
olivier laporteLE CCF fait un super travail en Namibie
https://cheetah.org
Visitez les on faites un don!
Heureux qu’ils soient choisi en experts!
05.03.2020
Matia Muller GenèveSuperbe nouvelle !