Sales, vicieuses, méchantes, cyniques… Les hyènes pâtissent d’une image terriblement négative auprès du plus grand nombre. Des a priori renforcés en partie par le grand succès de Disney – Le Roi Lion – dans lequel les hyènes incarnent la bêtise et l’avidité, caractérisées par leur ricanement. Il n’en fallait pas plus pour faire des hyènes les mammifères probablement les plus détestés au monde. Mais c’est bien peu connaître ces incroyables animaux.
Un carnivore plus proche du félin que du canidé
Commençons par en apprendre plus sur elles. Il faut tout d’abord savoir que le terme « hyène » ne renvoie pas à une seule espèce mais à une famille de carnivores qui compte 4 espèces distinctes :
- la hyène tachetée (Crocuta crocuta), « peu menacée » (LC) par l’extinction d’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), et qui vit dans la savane et les plaines semi-arides de l’Afrique centrale et australe ;
- la hyène rayée (Hyaena hyaeana), « quasi menacée » (NT) et vivant dans la moitié nord de l’Afrique ainsi qu’au Moyen-Orient et jusqu’en Inde ;
- la hyène brune (Parahyaena brunnea), elle aussi « quasi menacée » (NT) d’extinction et peuplant les paysages désertiques de l’Afrique australe ;
- le protèle ou loup fouisseur (Proteles cristatus), « peu menacé » (LC) et se trouvant en Afrique australe ainsi qu’en Ethiopie et en Tanzanie.
Contrairement à leur apparence laissant penser à un canidé sauvage comme le lycaon ou le dhole, les hyènes sont en réalité plus proches des félins. Elles appartiennent d’ailleurs au sous-ordre des féliformes (Feliformia), au même titre que les félins, les civettes ou encore les mangoustes.
L’étonnante intelligence des hyènes
Si chez Walt Disney la hyène est stupide – en témoigne le personnage d’Ed, la plus imbécile des trois hyènes rivales de Simba et qui n’est même pas douée de parole –, la réalité est toute autre. En effet, ces carnivores sont extrêmement intelligents.
Des chercheurs britanniques ont notamment montré dans une étude de 2012 que les hyènes tachetées sont capables de résoudre des problèmes en apprenant de leurs propres erreurs et de celles de leurs congénères. Tout comme certains primates qui, eux, sont réputés pour leur sagacité !
Cette étonnante intelligence leur est particulièrement précieuse lorsqu’elles chassent. Contrairement aux idées reçues, les hyènes ne se contentent pas de voler les proies tuées par les lions, même si cela peut parfois arriver. Elles sont en effet d’impitoyables chasseuses, difficiles à semer et encore plus à berner !
« Une hyène seule arrive à capturer un gnou de 170 kg. À 10 ou 15, elles terrassent un zèbre, le harcelant puis se jetant toutes ensemble sur lui », lit-on par exemple sur Le Larousse. On est donc loin de l’image de la hyène incapable de chasser par elle-même et dépendant des lions pour se nourrir !
Grégaires et dirigées par les femelles
La hyène est un animal grégaire, c’est-à-dire qui vit en groupe de plusieurs individus. Et chez elle, l’organisation sociale est bien huilée. N’en déplaisent à ces messieurs, ce sont les femelles qui dirigent. En plus de présenter un gabarit plus imposant – elles sont plus grandes et plus lourdes que les mâles –, ce sont en effet elles qui prennent les décisions pour la meute. Un mâle cèdera donc automatiquement sa place devant une femelle dominante.
Tous les individus du groupe se connaissent et chacun est capable de reconnaître ses congénères uniquement à leur cri ou à l’odeur. En effet, les hyènes marquent olfactivement leur territoire grâce à des glandes anales et d’autres glandes situées sous leurs pattes.
Il arrive que des membres du même clan soient séparés, pour aller chasser chacun de leur côté par exemple. Lorsqu’ils se retrouvent, ils se soumettent à un rituel singulier au cours duquel chacun présente ses parties intimes à l’autre pour qu’il les sente et puissent identifier à qui il a affaire. C’est aussi une façon pour les hyènes de communiquer entre elles, ce protocole de salutation pouvant être utilisé pour calmer les tensions entre deux individus ou pour s’entendre et aller chasser ensemble par exemple.
Des nettoyeuses hors pair
Considérées injustement comme des nuisibles à cause de la mauvaise réputation qui leur colle à la peau – dans certaines cultures, on leur attribue des pouvoirs maléfiques –, les hyènes sont souvent abattues sans raison. Aujourd’hui encore, le piégeage, l’empoisonnement et la chasse font partie des principales menaces qui pèsent sur leur conservation.
Autrefois, on les trouvait jusqu’en Europe mais elles ont depuis longtemps disparu, en partie à cause de l’expansion de l’homme. Désormais, leur aire de répartition se cantonne à l’Afrique et, dans une moindre mesure, le Moyen-Orient et l’Inde.
Pourtant, les hyènes jouent un rôle essentiel dans la préservation des écosystèmes. Ce sont en effet, pour partie de leur alimentation, des charognards. Comme les vautours, elles débarrassent les milieux des carcasses d’autres animaux. En les mangeant, elles évitent que ne se répandent des maladies liées à la putréfaction des corps.
Grâce à leurs mâchoires surpuissantes et leur estomac solide, elles sont même les seules mammifères capables de croquer et digérer des os et de la peau, nettoyant ainsi parfaitement l’environnement et ne laissant derrière elles que des poils et des sabots, seules parties du corps qu’elles ne parviennent pas à digérer. Alors, on a changé d’avis sur la hyène ?
par Jennifer Matas
2 Réponses to “Les hyènes, injustement détestées par l’homme”
05.09.2019
robatchChère Madame Matas,votre article(je suis au regret de vous l ‘écrire) est un argumentaire solide pour…
Renforcer les campagnes de réduction des populations de hyènes;
en effet vous DEMONTREZ (mieux que Disney) que non seulement elles sont dangereuses mais en + « intelligentes »(quoiques bcp – que les orques par ex)pour finir vous leur ôtez le seul aspect noble dont elles auraient pu se prévaloir la bravoure 10ou 15 hyènes vs un seul zèbre reconnaissez le c’est pas vendeur
imaginons combiens de femmes d’enfants allant chercher de l’eau au puit (eh oui ma petite dame l’eau courante en afrique ne coure pas partout)risquent des agressions voire la mort pour résumer vous êtes une très mauvaise avocate pour ces animaux…
Mais au- avez vous dit la vérité déjà bien connue(hélas pour votre égo) sur ces chasseuses…
Bien courtoisement
César
06.09.2019
Espèces MenacéesCher César,
Je ne suis pas l’auteur de l’article, car je ne suis qu’administrateur de ce site, mais je vais tenter de vous répondre.
Tout d’abord, par chance, ce n’est pas parce qu’un animal est intelligent qu’il faut réduire sa population. D’ailleurs, ce n’est pas non plus parce qu’il est dangereux et intelligent qu’il faut s’y employer. Et maintenant que j’y pense, il n’y a pas vraiment besoin d’invoquer sa quelconque noblesse pour chercher à le protéger. Ces vérités sont, hélas pour votre ego, déjà bien connues.
La hyène est, comme expliqué dans cet article, utile à son écosystème, notamment parce qu’elle se nourrit de charognes, ou encore parce qu’elle ne laisse rien derrière elle. Elle est unique, et doit donc être protégée.
Enfin, nous ne nions pas que des conflits hommes-animaux existent mais, à titre personnel, je pense qu’ils peuvent se régler autrement que grâce à des « campagnes de prélèvement », comme on les appelle en France. Les risques pour les « femmes d’enfants allant chercher de l’eau au puits (eh oui ma petite dame l’eau courante en afrique ne court pas partout) » existent évidemment, vous avez raison. Mais se convaincre, après avoir lu cet article, que nous suggérons d’exterminer les hyènes relève au minimum du sophisme.
Bien courtoisement.
John