A force d’alerter sur le sombre avenir des océans, on ne sait plus comment s’y prendre. Mais les travaux des chercheurs du MIT pourrait être la goutte d’eau de trop… Dans une étude parue en décembre 2021 dans la revue Global biogeochemical cycles, Jarek V. Kwiecinski et Andrew R. Babbin ont en effet cartographié en 3D deux zones mortes… Et permis de visualiser un phénomène plus qu’inquiétant et qui monte.
Manque d’oxygène dans le Pacifique
L’océan est vaste : il recouvre 70 % de la surface de la Terre. Alors, réussir à identifier où se trouvent les centaines – voire milliers – de zones mortes qu’il compte représente un travail titanesque. Et les mesurer est tout aussi compliqué.
C’est l’une des raisons pour lesquelles les scientifiques du MIT ont décidé de se concentrer sur l’océan Pacifique. En compilant 15 millions de mesures issues de quarante années de données récoltées lors d’expéditions, ils sont parvenus à cartographier en trois dimensions deux zones mortes – autrement dit des zones très pauvres en oxygène et où la vie marine ne peut exister, à l’exception de certains organismes anaérobies ou qui se sont adaptés à ce manque d’oxygène – dans le Pacifique.
La première mesure environ 600.000 km², ce qui est plus grand que la superficie totale de la France. Elle s’étend au large des côtes du Pérou, de l’Equateur et du Chili. La deuxième est encore plus impressionnante : près de trois fois plus grande, elle se situe dans le golfe de Californie et descend jusqu’aux côtes du Panama.
Nouvelle méthode
Les cartographier permettra d’avoir une vue détaillée du phénomène ainsi qu’un point de comparaison en cas de changements futurs. Car si certaines zones mortes sont dues à des processus naturels, elles sont de plus en plus nombreuses en raison des activités humaines, et notamment du déversement de fertilisants dans les cours d’eau.
Pour mener à bien leur projet, les chercheurs ont mis au point une nouvelle méthode qu’ils espèrent voir se dupliquer ailleurs dans le monde.
Exit les mesures traditionnelles qui pouvaient fausser les résultats. A la place, ils se sont appuyés sur des capteurs fixés à l’intérieur de bouteilles et de robots autonomes. Ces capteurs mesurent plusieurs paramètres afin d’établir avec davantage de précision le taux d’oxygène dissous dans l’eau.
« Cette nouvelle approche […] constitue un bond en avant dans la représentation de ces régions climatiques critiques », assurent les auteurs de l’étude.
Puissant gaz à effet de serre
Comme les mauvaises nouvelles n’arrivent généralement pas seules, il faut savoir qu’en plus d’empêcher toute vie sous-marine, les zones mortes relâchent du protoxyde d’azote dans l’atmosphère. Ce gaz à effet de serre est aussi connu sous le nom de « gaz hilarant ». Il est par exemple utilisé par les dentistes pour anesthésier leurs patients.
D’après l’Ademe, le protoxyde d’azote a un pouvoir de réchauffement global sur un siècle 310 fois supérieur à celui d’une masse équivalente de dioxyde de carbone. « Il participe donc grandement au réchauffement climatique de la planète », avertit l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.
Si les océans se mettent à relâcher d’importantes quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, alors même qu’ils sont les premiers producteurs d’oxygène, devant les forêts, on flaire un malaise…
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