La faune marine rare et fragile de l’Arctique ne devrait pas être inquiétée par la pêche commerciale. Celle-ci vient en effet d’être interdite dans une grande partie de la zone. Et ce, avant même d’avoir démarré !
Un accord international inédit
Au lendemain de l’annonce par la CITES de l’illégalité de la pêche au rorqual boréal par le Japon, une deuxième nouvelle devrait réjouir les défenseurs des océans. Le 3 octobre, plusieurs pays*– notamment ceux de l’Union Européenne – ont signé un accord au Groenland pour protéger une vaste région de l’Arctique : le Haut-Arctique. Le document précise notamment que toute pêche commerciale sera interdite dans cette partie du monde grande comme la Méditerranée (2,8 millions de km²). Et ce, pour les seize prochaines années. Les pays signataires se sont également engagés à créer un programme de surveillance scientifique dans la zone. Cela faisait plusieurs années qu’un tel accord était en discussion, c’est donc une importante avancée qui vient d’être réalisée.
Urgence à cause du réchauffement climatique
Il faut dire qu’il y avait besoin d’agir vite. Le réchauffement climatique est en effet déjà visible dans cette région, la banquise cédant de plus en plus de terrain sur l’océan. Conséquence de cette fonte accélérée des glaces : l’ouverture de nouvelles voies maritimes. Des eaux libres de droit – puisque nouvellement créées – apparaissent donc, sans que rien n’existe pour protéger les écosystèmes qu’elles abritent. De quoi aiguiser l’appétit de pêcheurs lassés des zones de pêche traditionnelles, vidées par des décennies de prélèvements intensifs. Seulement voilà, afin d’éviter les risques que causerait une surpêche (pollution, abus divers, prises dans les filets d’espèces protégées, etc.), la communauté internationale a décidé de légiférer avant même que tout ceci commence. En cela, il s’agit d’une grande première.
Quelles espèces concernées ?
Ce moratoire sur la pêche commerciale est avant tout une bonne nouvelle pour la faune marine du Haut-Arctique et pour les espèces qui en dépendent, comme l’ours polaire. Car « si aucune pêche n’y est actuellement pratiquée, de gros navires ont commencé à explorer la région », révèle The Guardian. Or, plusieurs espèces peu communes voire menacées nagent dans les eaux arctiques. Par exemple, le morse (Odobenus rosmarus), classé « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ou encore le phoque barbu (Erignathus barbatus) et le phoque annelé (Pusa hispida), tous deux considérés comme menacés par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). L’Arctique abrite également des populations de narvals (Monodon monoceros), de bélugas (Delphinapterus leucas), de baleines boréales (Balaena mysticetus) et de baleines grises (Eschrichtius robustus).
La fonte des glaces s’accélère dans l’Arctique
Ces dernières années, la banquise de l’Arctique a tant fondu que de nouvelles routes maritimes se sont créées, laissant s’engouffrer de plus en plus de navires. En moins de vingt ans, l’Arctique a ainsi perdu 1,6 millions de km² de glace, comme le révèle un rapport de la NOAA. Cela représente l’équivalent d’un territoire grand comme la Mongolie. Dans cette vidéo, l’agence américaine montre en accéléré la fonte de la banquise depuis 1990. L’évolution est flagrante :
*Les pays signataires sont : l’Union Européenne, le Danemark, la Norvège, les Etats-Unis, le Canada, la Russie, l’Islande, le Japon, la Corée du Sud et la Chine.
par Jennifer Matas
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